NOISEAR (usa) - Turbulent Resurgence (2012)
Label : Willowtip Records
Sortie du Scud : 25 septembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust Grind
Type : Album
Playtime : 23 Titres - 18 Mins
D'avoir hier abordé le cas du triple split CD partagé entre ANTIGAMA, THE KILL et NOISEAR m'a soudainement donné envie de vous parler de ces derniers. Certes, leur dernière livraison longue durée date aujourd'hui d'il y a deux ans, mais qu'importe l'ancienneté. Depuis, outre ce triple split avec leurs potes, ils ont enchaîné avec deux autres faces partagées avec DEAD CHURCH, une autre entité bien secouée de Singapour.
Mais ce matin, je m'attarderais donc sur Turbulent Resurgence que j'ai quand même du mal à définir comme étant un véritable LP, puisque celui ci ne dure que dix huit minutes et une poignée de secondes. Mais que voulez vous, les standards du Grind sont ce qu'ils sont...
Comme je le disais à l'occasion de cette précédente chronique en forme de un tiers/un tiers/un tiers, NOISEAR pratique donc un Crust Grind traditionnel, saupoudré d'une bonne dose de folie. Si leurs collègues d'ANTIGAMA tombent dans un espèce de MathGrind friand de signatures rythmiques alambiquées, et que leurs homologues de THE KILL se contentent de relire les bases avec une sincérité indéniable, notre quintette américain se situe un peu au centre, et adapte les racines des australiens avec la technique déjantée des polonais, sans toute fois se retrouver coincé dans un espace temps où la technique devient un moyen aussi important que le fond.
Certes, leur cacophonie paillarde témoigne d'elle même de leur capacité instrumentale, mais point de démonstration ici, on se contente d'exploiter à fond son talent pour le mettre au service d'un Grind débridé qui n'admet aucune limite à la créativité. Et du coup, on se retrouve embarqué dans un trip halluciné, tout en sachant exactement où on va. Intrigant, pour le moins !
Pour tenter de retranscrire fidèlement ce que j'ai ressenti à l'écoute de ce Turbulent Resurgence, je me permettrai d'employer une image un peu biscornue, mais qui je vous jure est assez proche de la vérité. J'ai eu le sentiment de me retrouver dans une rue, bien ravagée par un tremblement de terre, ou une tempête, et de voir débarquer une équipe de la DDE. Mais une équipe de supers ouvriers, genre Kickass de la maintenance, qui ont tout colmaté, rebouché, et aplani en moins de vingt minutes, tout en se mettant de temps à autre des coups de pelle dans la gueule. Des furieux qui connaissent leur boulot, qui donnent l'impression de faire n'importe quoi, mais qui laissent le terrain flambant neuf en un minimum de temps, le sourire sarcastique aux lèvres. Bizarre comme métaphore non ? En effet, mais pas moins que la musique proposée ici.
Pour rester entre des balises plus musicales, et pour tenter d'appréhender la recette des américains, essayer de matérialiser un BRUTAL TRUTH, dont chaque musicien attendrait un taux d'ébriété avancé (chose impossible lorsqu'on connaît Lilker et sa bande bien sur...), ou un NAPALM DEATH des derniers jours très joueur, et bien décidé à passer le turbo comme dans sa jeunesse.
Il est évident que de ce foutoir organisé n'émerge pas forcément des individualités. Si au niveau instrumental, les guitaristes semblent bien s'amuser tout en trouvant à chaque fois des riffs accrocheurs et un tant soit peu inédits, soyons honnête, c'est encore une fois le terrible Bryan derrière son kit qui mène la danse, et à un train d'enfer.
La batterie est bien sur une des composantes les plus importantes du style, indéniablement. Mais là où quatre vingt dix pour cent des percussionnistes se contentent d'aligner les blasts et les contretemps évidents, Bryan tombe toujours sur le plan qui tue, le roulement qui redonne un coup de fouet, la descente de toms supersonique qui vrille les neurones, et son travail mérite d'être souligné, et loué comme il se doit. Etant moi même batteur, je suis tombé sous le charme de son jeu, franc, rapide, précis mais illuminé, qui ne se refuse jamais une intervention incongrue pour ne pas tomber dans la routine du jeu estampillé "Grind", qui tourne vite, mais en rond.
Et sur cet album, rien ne tourne en rond justement. NOISEAR fonce, c'est un fait, mais les mecs savent exactement ou chaque idée doit les mener, et ce, du début à la fin. Les vocaux, caverneux comme il se doit, changent parfois de gosier, et cette variation, outre la dynamique qu'elle apporte, renforce la patine Core du quintette.
Seuls trois morceaux passent la rampe de la minute (et encore, deux sur trois sont des interludes/outro), le reste est en apnée totale, et les massacres Crust succèdent aux exécutions Grind, enrobés d'une production nette, claire et puissante qui ajoute une plus value à un LP décidément hautement recommandable.
Alors, si vous êtes à la base fan du style, que vous vénérez BRUTAL TRUTH et tous ceux qui ont un jour décidé que le Grind était avant tout une affaire de créativité et non un bouche trou créé un jour par et pour des musiciens ne savant pas jouer mais désirant faire quand même du boucan, jetez vous, avec un peu de retard sur ce Turbulent Resurgence qui apporte une sacrée pierre à l'édifice. Mais ne vous privez pas pour autant du reste de la discographie des gus, elle est intéressante depuis leur naissance.
Faudrait voir si les parents de ces olibrius ne travaillent pas à la DDE locale tiens. En tout cas, il faudrait qu'ils viennent jouer chez nous. Je connais un sacré paquet de feignasses qui mériteraient bien des coups de pelle dans la tronche.
Ajouté : Vendredi 30 Janvier 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Noisear Website Hits: 5412
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