Le 3 Juin dernier, cela faisait 10 ans jour pour jour que le grand Quorthon, leader de feu BATHORY, nous quittait. Influençant la confrérie métallique tant dans le Black Metal pur (dont il fait partie des géniteurs indiscutables) que dans les sphères du Metal le plus ambiant, Quorthon et son héritage sacré continuent de faire des émules. Fausto (son vrai prénom serait Pierre) doit faire partie de celles-ci. Compositeur et membre unique de son groupe DEAD CROWN, Fausto nous avait déjà gratifiés d'une démo prometteuse en 2010. L'année suivante, avec Frozen Blood, DEAD CROWN nous offre son premier opus auto-produit.

Comme tout one-man-band qui se respecte, DEAD CROWN publie son album sur un label créé par Fausto lui-même, Managarm Productions. La liberté sauvage du natif de Biarritz (le Black Metal n'est pas l'exclusivité des pays du Nord, non non) le pousse à distribuer son œuvre de façon indépendante, voilà qui donne quelques indications sur la nature solitaire du bonhomme. Nature qui déteint naturellement sur les compositions de Frozen Blood.

Les premières notes de cet orgue à l'ampleur cérémoniale sur "Frozen Blood" suffisent à dresser le décor. L'ampleur des claviers, les guitares saturées à mort, la voix caverneuse de Fausto et cette batterie martiale (programmée, d'où certaines connexions évidentes avec certaines pointures du genre comme SUMMONING) complètent un tableau épique, sombre, planant, et mélancolique. La prestation de Fausto en voix claire arrive au bon moment – notamment sur "Winter Night Spirit", "Between Dark And Light" et "Frozen Blood" - et prend des airs de complainte, évoquant un Alan Averill Nemtheanga (PRIMORDIAL) des grands jours, sans pour autant sombrer dans le désespoir total.

A l'instar des artistes cités (tous affiliés au mythe Quorthon, finalement), Fausto aime répéter ses riffs et thèmes à outrance sur un rythme ralenti, sortes de supports brumeux d'où émanent un solo de guitare par ci, ou un cristallin break en arpèges par-là (celui de "Winter Night Spirit" évoque IMMORTAL, l'intro du puissant "Between Dark And Light" donne le frisson). Parfois, le résultat finit par tourner en rond, malgré l'odeur de la bataille qui va éclater ("War Symphony"). Souvent, la magie opère et génère un "Gates Of Infinity", magnifique et hypnotique instrumental. Fausto ne se préoccupe de savoir si les voix doivent être claires, graves, ou même indispensables : "Gates Of Infinity" s'en passe très bien, tandis que des chants grégoriens entretiennent l'aura de mystère sur "Call Of The Mountains".

Loin d'être parfait mais bourré de passages divins, Frozen Blood grave dans la glace le nom de DEAD CROWN en cette année 2010. Et malgré une description de votre serviteur fortement axée sur l'ambiance atmosphérique qui y règne, gardons à l'esprit que DEAD CROWN sent le Heavy à plein nez ("Winter Night Spirit", le riff monstrueux de "Astral Dimensions"). Ce qui va le mener tout droit, quelques mois plus tard, à The Warrior's Way.