Depuis la mascarade KRUK, dépeint comme un groupe légendaire en Pologne mais dans les faits aussi inoffensif qu'un têtard hémiplégique, je me méfie des éloges dithyrambiques de Metal Mind. Pas toujours dans l'erreur, il faut l'avouer, on reconnaitra au moins à ce label polonais (qui a pris l'habitude de signer tout ce qui bouge) le mérite de secouer le cocotier dans un pays où seul le Death Metal est parvenu à décemment émerger au cours de l'histoire métallique. Sauf que si le Death Metal est devenu un produit, une marque de fabrique pour ce pays en relative bonne santé, c'est beaucoup moins vrai en ce qui concerne le Thrash Metal. Alors doit-on croire naïvement en la résurrection soudaine d'une "formation culte" du genre ? Doit-on avaler les couleuvres qui sifflent à nos oreilles qu'ALASTOR est un peu le METALLICA polonais ? Calm down. La vérité d'Out Of Anger primera sur l'euphorie générale vendue au rabais par le label.

Effectivement, ce sixième album pour le groupe de Kutno sonne comme un très bel ouvrage de Thrash Metal. On flaire dès les premiers accords de "Beaten" la qualité, et même si ce titre est plutôt longuet (probablement pour laisser s'exprimer les deux membres d'HORRORSCOPE qui y sont conviés), son efficacité maximale attire l'oreille. De là à évoquer une notion de légende, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas si vite, d'autant que cet opus, dans sa globalité, n'est pas non plus orgasmique. Son commencement est d'ailleurs assez trompeur. ALASTOR fait les choses bien et propose sur ses premiers titres un Thrash Metal explosif, musclé, brodé de riffs galopants et de rythmes oppressants qui terminent leur course hors d'haleine. Même un morceau groovy comme "Real Face", avec ajout de chant clair (œuvre de "Barton" Szarek du groupe de Metalcore LOSTBONE), ne dépareille pas dans le paysage. Par contre, ça se gâte à partir du morceau éponyme, qui marque une réelle scissure au cœur d'Out Of Anger. On constate dès lors que la personnalité, l'identité musicale de ces Polonais n'a pas la profondeur qu'on lui soupçonnait et qu'ils ont sournoisement placé leurs quatre morceaux les plus variés au début du full-lenght. La technique d'"Hatemate" fera vaguement illusion mais ni "Righteous Kill", ni "My Soul" ne marqueront les esprits. Le Thrash Metal d'ALASTOR tourne alors en rond, vautré dans un confort qu'il serait indécent de bousculer. C'est d'autant plus dommage que le premier à en pâtir est Mish Jarski, leur nouveau chanteur. S'il parvient à être le second souffle qui provoque une étincelle sur les vingt premières minutes, sa prestation retombe comme un soufflé et semble beaucoup plus commune une fois les instrumentistes rentrés dans le rang.

Sur ce coup là, Metal Mind ne s'est pas trop trompé : ALASTOR est une formation d'expérience et on le ressent pleinement. Reste alors cette deuxième partie qui s'est bloquée en travers de ma gorge, car tellement anecdotique qu'elle rompt à elle seule toute la magie qui opérait jusqu'à présent. Néanmoins, et pour ne pas finir sur une mauvaise note, je retiens surtout de ce disque sa puissance, tant dans la production que dans l'écriture. Un gâchis oui mais au-delà de ça, un disque sympa aussi.