SILENT OPERA (FRA) - Reflections (2014)
Label : Massacre Records
Sortie du Scud : 21 février 2014
Pays : France
Genre : Gothic Death Metal symphonique
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 53 Mins
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, il attend sagement. Il est officiellement sorti de sa cage depuis une dizaine d'heures, et pour être franc, le monde extérieur n'en semble pas pour autant troublé. Peut-être que ce n'est qu'une question de timing, car "il", c'est ce premier album de SILENT OPERA, et on peut dire qu'il se sera fait attendre. Depuis quatre ans et un EP du nom d'Act One, on patiente pour savoir si enfin, ces français sauront rivaliser au cœur d'une scène où la pureté se transforme vite en guimauve, où les bons sentiments côtoient rapidement l'indigence. Le Metal à chanteuse. Mais quelle expression moyenâgeuse et sexiste ! Car SILENT OPERA, en réalité, a beaucoup plus à proposer que le joli minois et la voix cristalline de Laure Laborde, rompant ainsi avec les attentes misogynes et creuvardes de ceux qui pensent que le Metal, quand il est symphonique, se caractérise principalement par les beaux nénés de Simone Simons.
Désolé de vous décevoir les mecs, mais Laure a un petit ami (du moins dans le groupe), et il s'appelle Steven Schriver. Ce duo vocal est d'ailleurs aux premières loges de SILENT OPERA, se répondant du tac au tac, comme dans une épreuve de "Tournez Manège". Les braillements font écho au lyrisme, à la finesse et inversement. A tel point que rapidement, on occulte un peu les brillants arrangements qui font de "Nightmare Circus" une compo très avantageuse. Ces derniers ne passent néanmoins pas leur temps dans l'ombre et on pourra largement avoir le temps de savourer la musicalité des claviers de "Fight Or Drift". A l'instar des Suisses de TROPHALLAXY, SILENT OPERA abat la carte d'un chaud-froid identitaire. Ainsi, deux univers se percutent, se lient, sans pour autant se limiter au cliché du chant masculin VS chant féminin. Quand le Death Metal mélodique croise sur son chemin le Gothic Metal symphonique, c'est exactement ce type de bataille qu'ils livrent ! Jouissif, mais que jusqu'à un certain point. Car après être passé par le stade de l'étonnement, de la jubilation peut-être, de l'admiration surement, il n'est pas illégitime non plus de considérer Reflections comme un album résolument correct mais qui peine à trouver une virtuosité sur le long terme. Les morceaux brillent par épisodes successifs, sans vraiment trouver leur continuité. J'ai par exemple été frappé par "Chronicles Of An Infinite Sadness", qui a une drôle de façon de vouloir casser le rythme. Il ne s'y passe peut-être rien musicalement parlant, mais pire que ça, les émotions provoquées sont assez confuses, et il faudra toute la force de frappe d'"Inner Museum" pour évacuer cette frustration. On peut interpréter ce choix de diverses manières selon les sensibilités, et la mienne me laisse croire qu'à ce niveau, SILENT OPERA manque encore un peu de bouteille. Je ne pense pas mentir en affirmant que ces français n'ont pas encore cette réputation établie qui justifierait à elle seule les tourments palpables d'une telle création. Ceci étant, gravite aussi tout autour une constellation de poésie, d'orchestrations, de légèreté et de romantisme qu'il serait déplacé d'occulter.
Cette œuvre plaira assurément aux amateurs du genre, qui aimeraient parfois que leurs poulains soient plus virils ou plus pondérés. Cette diversité, cette intensité, c'est la grande force de Reflections. Une force qui parlera d'une voix suave à ceux qui voudront se laisser tenter par les grands débuts (on peut le dire, même si SILENT OPERA a déjà 7 ans d'âge) de ces français qui, assurément, ont réalisé là un très beau travail, au raffinement incontestable. Mais quelque part, il faut aimer à parts égales le thé et la bière pour s'en accommoder.
Ajouté : Lundi 25 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Silent Opera Website Hits: 7186
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