Avec sa pochette façon The Awakening de CALIBAN, The Inspiration annonce la couleur. D'ailleurs, cette inspiration, on ne tarde pas à comprendre d'où elle vient, même si l'ombre d'Andy Dörner et des siens se fait moins planante sur le contenu. Formé en 2004 à Portland, Oregon, IT PREVAILS suit le cursus typique des groupes de Hardcore mélodique du cru outre-Atlantique. Changements incessants de line-up, concerts à la pelle avec les grosses couilles du milieu, un album tous les deux ans (sauf Perdition, qui semble plutôt bien porter son nom puisqu'on l'attend depuis 2011 et Stroma), derrière les tatouages et les barbes finement ciselées se planque donc une formation aux prétentions habituelles, desservie par un premier full-lenght qui ne marque pas beaucoup de points.

En cause, l'inspiration, justement. Grosso merdo, celle d'un CLOSE YOUR EYES du pauvre (c'est déjà pas un compliment) shooté au PARKWAY DRIVE tout juste sorti du four, celui de la période Killing With A Smile. Dès "Explanation : Content", IT PREVAILS dégueule ce bon vieux cliché du groupe de Hardcore mélodique pas du tout convaincant mais qui se la joue beau gosse grâce à quelques leads larmoyants. Dieu merci, ils nous épargnent les refrains en chant clair, et à ce petit jeu, on peut savourer pleinement la prestation virile bien que classique d'Ian Fike, le seul à être sur tous les albums depuis le début. Avec cette fraicheur candide et ce dynamisme propre au petit projet qui aspire à devenir grand par la force des choses, les Américains enchainent de supposés tubes qui se ressemblent tous, même si de temps à autres, ils parviennent à déchainer une certaine tension avec des riffs plus pachydermiques. Je pense en particulier à "An Anomaly" qui, elle aussi, ne porte pas trop mal son nom ainsi qu'à "Change Today" et son feeling légèrement tourné vers le Rock N' Roll. Sinon, à part cette fâcheuse impression de l'avoir déjà écouté deux-cent fois, The Inspiration ne se démerde pas trop mal, meublant même avec deux instrumentales super inutiles qui amputent généreusement la tracklist. Un cadeau du ciel pour un disque franchement chiant, d'une durée et d'un format anecdotiques. Et si les mots sont forts, c'est parce que cette sortie le mérite, d'autant que le jugement ne semble pas tronqué par l'incroyable évolution de la scène Hardcore mélodique entre 2007 et aujourd'hui. Seule la production me semble particulièrement honnête, ce qui est une autre anomalie parmi ce ramassis de stéréotypes. Pas trop gonflée, pas trop plastifiée, il y a un cloisonnement plutôt agréable entre le groupe et l'auditeur même si encore une fois, la créativité de ces mecs est un véritable tue-l'amour.

Circulez, y a rien à voir. D'ailleurs, si ce n'était pas le cas, ça se saurait. Le nom d'IT PREVAILS n'est pas du genre à truster le haut des flyers, en dépit de la popularité inhérente à ce genre de formations, qui ne se cachent pas pour servir la même rasade de soupe que son voisin. Avec un départ aussi impersonnel, difficile d'imaginer une carrière stable, placée sous le signe du succès. Beaucoup d'appelés mais finalement peu d'élus. Même Rise Records n'en a plus voulu...