CALIBAN (de) - Ghost Empire (2014)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 27 janvier 2014
Pays : Allemagne
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 48 Mins
L'enfant terrible du Metalcore teuton respire encore. Blotti contre les premiers rayons de soleil de 2014, il s'étire, précisément à l'endroit où on l'avait laissé il y a deux ans avec I Am Nemesis. On peut avoir un avis divisé sur ce dernier, et c'est même plutôt normal, puisque pour la première fois depuis le très bon The Opposite From Within de 2004, CALIBAN a eu la prodigieuse idée de nous concocter un Metalcore enrichi en protéines, largement plus nourrissant que toutes leurs sorties post-The Undying Darkness. Mais il faut bien comprendre qu'après dix-sept ans de bons et loyaux services, sortir aussi évidement de la torpeur d'un The Awakening est simplement une bénédiction. Pourtant, tout n'était pas gagné d'avance. "We Are The Many" aurait très bien pu être une parenthèse ensoleillée qui troue un ciel pluvieux, tout comme "The Bogeyman" ou "Dein R3.ich". Autant d'éclaircies qui confirment désormais le redoux. CALIBAN, avec ce neuvième album studio, est reparti pour un tour. Et fort logiquement, haters gonna hate.
Paradoxalement, les Allemands ne vont pas séduire de suite. Ce qui saute à la gorge, dès l'arrivée prématurée du premier tube de l'opus, "King", c'est cette production volumineuse, cette rondeur dans le riff (d'aucuns y verront une notion Djent, mais attendez d'entendre "I Am Ghost"), ce refrain putassier, ce break lunaire, comme l'avait été celui de "Memorial", probablement le meilleur titre d'I Am Nemesis, ainsi que la performance virile d'Andy Dörner qui nous avait habitué à des sorties plus pondérées. Ghost Empire semble cuit dans un moule qu'on connaît bien désormais, même si ça ne ressemble pas tout de suite à du CALIBAN pur jus. Ceux qui regrettent encore le charme très aléatoire de Say Hello To Tragedy seront surement déstabilisés par une "Chaos – Creation", tapinant presque sur les trottoirs souillés du Metalcore U.S. Mais derrière ça, derrière ce monticule d'artifices, les Allemands ne cesseront de rappeler qu'ils sont un groupe avec du cœur et qu'ils l'ont toujours été, peu importe la manière. Andy est très investi dans des vocaux qu'il maitrise avec de plus en plus de professionnalisme (il était temps, je vous l'accorde), et il est soutenu dans sa démarche par la paire Denis-Marc, inspirée pour certains riffs par tout ce chambardement Chaotic-Post-Math-Djent et compagnie. Il y a par exemple "Devil's Night" (tout ce qui gravite autour du refrain est classique), suivie de "yOUR Song", qui fouette davantage le PARKWAY DRIVE grassouillet. Depuis I Am Nemesis, CALIBAN est devenue une bête blessée au regard sombre, qui l'exprime toujours plus fort au détour de ces pauses atmosphériques et du chant clair de Denis, œuvrant sur des refrains fantomatiques ("Cries And Whispers"). C'est désormais une nouvelle marque de fabrique pour eux, effaçant la pertinence de leurs meilleurs morceaux d'antan. Je pense par exemple à "It's Our Burden To Bleed" ou à l'inoffensive "Life Is Too Short", relégués au rang de faire-valoir. Parfois plus mélodique et souriant ("Who We Are"), parfois carrément morose ("Good Man"), Ghost Empire alterne les humeurs massacrantes et les regards optimistes, concentrés dans un disque extrêmement lunatique mais à la hauteur de nos nouvelles espérances. Et si CALIBAN s'est avant tout aidé tout seul avant un coup de pouce de l'ordre du divin, certains apporteront un écot offensif non-négligeable à l'affaire. Comme d'habitude, Kotsche de CALLEJON est à la fête sur "Good Man" mais c'est la présence vocale de son compère, le reconnaissable entre mille BastiBasti (qu'on a déjà entendu cette année sur un titre d'ESKIMO CALLBOY), qui fera toute la richesse de "nebeL". Quant au plus bling-bling, il est réservé pour la fin. On s'inquiète un poil au début électrisé de "Falling Downwards", mais c'était sans compter sur le soutien d'un certain Matt Heafy, qui vient rendre ce morceau foutrement moins anecdotique. A noter que cette friandise est destinée aux heureux acquéreurs de la version digipack.
Mais honnêtement, on n'avait vraiment pas besoin de ce bonus (assez superficiel, il faut le dire) pour être convaincu par Ghost Empire. Dans le sillage du souverain I Am Nemesis, bien qu'inférieur à mon sens, ce neuvième full-lenght renoue avec un certain sens de la performance qu'on avait zappé depuis une bonne petite décennie. Le Metalcore n'a plus la même profondeur ni les mêmes horizons que celui qui explosait n'importe comment du temps de Vent. Et si CALIBAN a eu un coup de mou désagréable au vu de sa notoriété, ils se sont battus pour faire revivre ce côté visionnaire qui ravage aujourd'hui l'âme tourmentée de Ghost Empire.
Ajouté : Dimanche 24 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Caliban Website Hits: 8426
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