Ils ont d'abord exploré les tunnels, puis ils ont accompli la purge. Ils ont purgé l'humanité de ses scories encombrantes à grands coups de sarcasmes masqués, d'ultra violence et d'infra basses assourdissantes.
Il était donc normal qu'ils reviennent purger les tunnels. Ce qu'ils font aujourd'hui. Et une fois de plus, c'est le nettoyage par le vide...

Vide n'est pas le mot idéal pour décrire ce nouvel EP de TERRA TENEBROSA. S'il est évidemment moins complet que ses deux prédécesseurs, il n'est en aucun cas vide de substance, bien au contraire. Et sa substance est la même que celle qui permettait à The Tunnels et The Purge de nous engluer dans un méandre de guitares sourdes, de rythmiques de guingois et de vocaux grinçants. Mais si l'objectif reste le même, la façon de l'atteindre à quelque peu changé. Car si "Draining The Well" et "Apokatastasis", les deux seuls morceaux de cet EP, sont issus des mêmes séances que les deux LP's, ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme de simples leftovers tout juste bons à laisser rougir les braises du chaos.

De part leur nature tout d'abord. Avec ses dix sept minutes, "Draining The Well" est un miroir à deux faces. La première, la plus "naturelle", renvoie un reflet fidèle du visage du Coucou, celle que l'on connaît bien, avec son rictus glaçant et son absence de regard troublante. Six minutes de condensé, d'un ton similaire à celui de The Purging, mid tempo de rigueur et riff qui claque, duo agité par les soubresauts d'un chant vicieux. Puis, six autres longues minutes de bruitages grondants, accentuant la pression progressivement, avant une longue coda finale évoquant tant l'Enfer de Dante que la barbarie sonique d'ISIS. Une fois de plus, le spectre de NEUROSIS se dessine en arrière plan, tant les arrangements rappellent le travail de Simon McIlroy et Noah Landis. Un long et éprouvant voyage presque sans retour puisque...

Silence.

"Apokatastasis" nous replonge ensuite dans les affres des tunnels, sombres, longs, suintant la peur et la suffisance d'une race sur le point de s'éteindre. Le Coucou raréfie son discours, choisit ses mots avec précision, et laisse la plupart du temps la musique et les bruits ambiants faire le travail à sa place. La mélodie sous jacente est maladive, la progression harmonique se transforme en Némésis, pour s'achever dans un fracas terrible et puis.... Plus rien. Comme si le bourreau était retourné sur les lieux pour s'assurer que son travail avait été fait honnêtement, et était reparti une fois rassuré. Mais que va il se passer maintenant ? Quel est l'avenir qui nous attend avec le Coucou en maître d'oeuvre ? Nul ne le sait. Attendons.

V.I.T.R.I.O.L. Purging The Tunnels est tout sauf une pause, un dernier souffle haletant avant l'apoplexie. C'est une terrorisante chanson de geste et d'assainissement se finissant une fois de plus de la manière la plus abrupte qui soit.

Comme cette