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KIX (usa) - Cool Kids (1983)






Label : Atlantic Records
Sortie du Scud : 7 mars 1983
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 36 Mins





"La première chanson qu'on a joué, c'était "Atomic Bombs". Au début, avec Donnie, on jouait avec deux mecs de Pittsburg. Mais ils habitaient trop loin, alors on a commencé à répéter avec Brian Forsythe, un des meilleurs guitaristes du coin"

Ainsi commence l'histoire de KIX, un des groupes les plus sous estimés de son époque. C'est un fait. Lorsqu'on écrit à la craie sur le tableau d'honneur de la vague Heavy Glam US des années 80, les mêmes noms reviennent immanquablement en haut à gauche. Pas forcément à tort, Ok. Mais toujours les mêmes quand même. MÖTLEY, CINDERELLA, RATT, POISON, DOKKEN, Y&T, parfois QUIET RIOT, FASTER PUSSYCAT, mais très rarement, voire jamais BLACK 'N BLUE ou... KIX.

Quelle injustice...

Si les ténors précités méritent amplement leur place dans les livres d'histoire de la musique, pour ce qu'ils lui ont apporté en terme de rayonnement, de retentissement, certains oubliés auraient mérité un peu plus de reconnaissance de la part des fans et des médias. Mais quand bien même l'effort de mémoire fait parfois son travail, on se souvient surtout de KIX pour des choses très précises, et rien d'autre.
Un premier LP éponyme et explosif. Un classique, Midnite Dynamite, et un album fracassant, Blow My Fuse. Et encore une fois, si seuls sont abordés ces chapitres, il y a sans doute une raison. Ce sont sans conteste les plus efficaces, les plus emblématiques du style du quintette, ceux que le public a choisi en guise de témoignage indélébile d'une histoire particulière.
Et il n'est pas un hasard qu'ils soient aussi les plus proches des albums majeurs des groupes abordés plus tôt. Même application, même efficacité, même abandon total...d'originalité. Des riffs certes, du binaire efficace soit, mais pas une once d'audace, pas un souffle de magie, aucune prise de risque.

Pour cela, il faut aller chercher plus loin, dans un coffre où l'on range les disques les plus mésestimés, les moins appréciés, ceux passés au travers de la postérité par un mauvais timing, de mauvais choix. Et dans le cas de KIX, on trouve dans ce coffre le LP le plus foutraque de sa discographie, un épouvantail qui part dans tous les sens, bancal, improbable, opportuniste, le genre de truc que même KISS n'a pas tenté, et qui fait passer Dynasty pour un disque cohérent et logique.

Son nom? Cool Kids. Ce qu'étaient les mecs de KIX, sans conteste.

Cool Kids, c'est une affaire complexe et pourtant si simple. Parce qu'elle est justement sans complexe. Simple non ? Se sentant pousser des ailes après le succès de leur premier LP, Bryan et ses potes osent tout, tentent tout, et réussissent (presque) tout. Sur l'intégralité du vinyle, mais aussi parfois au sein d'un seul et unique morceau.

Prenez "Burning Love". C'est du binaire tranquille, sur lequel se pose un riff classique, efficace. Chant nasillard mais convaincant, basse gironde et souple, imparable. Les couplets défilent, peinards, et puis soudain les mecs nous sortent un arrangement de clavier sur le refrain digne des SFX audio de Star Wars. Un arrangement tout pourri, presque sous marin, piqué à un "Yellow Submarine" qui aurait voyagé dans le temps. Temps X, les frères Bogda en goguette, et le pire, c'est que ça passe. On se demande comment...

Mais ça passe. Surtout qu'après, ils nous servent sur un plateau le morceau éponyme qui aurait fait les beaux jours d'un DEF LEPPARD époque High'n'Dry. Un Hard Pop de première bourre, pré refrain digne d'un générique de série pour un refrain explosif, reprenant sensiblement les thèmes chers à Pete Townsend quinze ans plus tôt. "Cool Kids are allright ?"

Evidemment.

Et je connais deux frangins australiens qui ont du écouter plus d'une fois "Love Pollution" dans leur prime jeunesse. Même tempo d'acier, même riff tendu mais cool. Même slogan scandé d'une voix d'airain. Ben oui, si les mecs d'AIRBOURNE vous disent que leur principale influence est KIX, c'est pas gratuit. Ecoutez pour vérifier.

Mais alors qu'on croit que la machine est lancée pour de bon, les mecs balancent "Body Talk". La gaffe. Enfin, pour la plupart, personnellement, j'adore, et c'est une des raisons qui m'ont amené à parler de ce disque. Hybride complètement barge d'INXS et DEF LEPPARD, aux sonorités vaguement Wave, un peu asiat sur les bords, arrangements bizarres, c'est le premier indice que quelque chose ne tourne pas rond chez les mecs. En 1983, le public Hard (et bien des années après, le postulat sera toujours viable) n'est pas spécialement réputé pour son ouverture d'esprit, et la guerre Hard Rock vs New Wave commence à faire rage. Alors tenter un truc pareil sur un disque aux atours "classiques", c'est de la provocation pure.
Qui plus est lorsqu'on enchaîne ça avec "Loco-Emotion"... Parce que là, l'invocation d'une éventuelle "erreur de parcours" n'est plus plausible du tout.
Bah oui les gars. Vous l'aviez fait exprès. Pourquoi ? J'en sais rien, mais j'adore.

Honnêtement, je pense que même pour cent mille dollars, Simmons et Stanley n'auraient jamais osé. Des couplets complètement New Wave, avec un clavier au doux son de palmipède neurasthénique, un saxo qui sort de nulle part, le tout à peine rehaussé d'un refrain fédérateur et un tant soit peu électrique. Je ne sais pas, peut être que si les mecs de RATT fin bourrés étaient tombés au bar sur "Mongoloïd" de DEVO sortant du juke-box, ils auraient pu pondre un truc pareil. Mais de là à le sortir. Mystère. Mystère génial en tout cas !

Face B, une autre histoire commence. Et elle débute avec un burner que Joel O'Keeffe a bien du écouter une centaine de fois quand il était ado. Le genre d'hystérie auditive qu'on reprend avec une raquette de tennis devant sa glace, les cheveux tournoyant et chatouillant le plafond. Du Hard Rock sans retenue, qu'on croirait passé en accéléré tellement l'énergie dispensée est énorme. "Mighty Mouth" ? Au moins oui.
"Nice On Ice", c'est le fils spirituel d'AC/DC qui aurait fricoté avec la nièce de Joe Eliott. Pas joli-joli non, mais efficace. Refrain à reprendre en choeur en live ou bien ailleurs, qui restera bien incrusté dans la mémoire de JOHNNY CRASH, à tel point qu'ils en reprendront la recette telle quelle.

Ceux qui ont du apprendre "Get Your Monkeys Out" par coeur, ce sont bien Brett, C.C, Bobby et Ricky; Même Hard bubble gum, hyper vitaminé, le genre de délire instantané qu'auraient pu pondre les HANOI ROCKS s'ils aveint été un peu plus relâchés et moins à cheval sur l'éthique Rock. Savoir lâcher un morceau pareil aux deux tiers de l'album en dit long sur le potentiel créatif de KIX. Et lorsqu'ils décidaient de se prendre un peu au sérieux, ce qui arrivait rarement sur Cool Kids, ça donnait "For Shame", ballade bluesy intime que les puristes semblent avoir oublié, au privilège de "Still Loving You", "Every Rose Has It's Thorn", ou "Love Bites". Quelle honte. Arpèges acoustiques purs et sensibles, voix apaisée, peu de groupes peuvent se vanter dans le monde du Hard Rock de donner à un disque son point d'orgue avec une blue song. Et ne me parlez pas de SCORPIONS s'il vous plaît, ou je deviendrai malpoli.

Et pour finir le gâteau, une grosse cuillère de "Restless Blood" n'était pas de trop. Certes, nous avions déjà la bouche bien pleine, mais cette démonstration de force Rock en guise de final n'était pas de trop.

Ok, c'est vrai. Les membres de KIX avaient du faire des concessions à leur label. Comme d'habitude, les requins voulaient du hit, alors on a laissé des participants extérieur ramener des chansons. "Body Talk" fut choisi comme single au détriment des titres les plus costauds, et donna lieu à une vidéo particulièrement stupide qui ne servit sans doute pas les intérêts du groupe ni sa crédibilité. On sait tous que Midnite Dynamite est leur album préféré. Ils ont le droit.
Comme j'ai le droit de préférer ce truc qui ne ressemble à aucun autre dans leur discographie. Et puis j'aime bien la prod de Pete Solley, cette façon qu'il a eu de tempérer la fièvre Hard par des connotations Pop Wave, ces arrangements sortis de nulle part, ces batteries électroniques incongrues.

Que voulez vous, j'ai toujours été l'ardent défenseur des causes perdues. Mais même si je dois passer pour un imbécile, je continuerai d'affirmer qu'avec Cool Kids, KIX a donné naissance au Pop Metal, qui fera des ravages par la suite. Du Hard chewing-gum qu'on écoute à fond dans sa bagnole, l'air con à la fenêtre, avec une bande de potes aussi crétins que vous dans ces moments là. Pas le truc débile non, le disque parfait dans des circonstances légères. Mais qui s'incruste, qui reste, et qu'on écoute encore trente ans après comme s'il avait été enregistré hier.
Mais comme tu le chantais si bien Steve, "But when he opened up his mouth ya heard the biggest trap".

Et toi, t'avais une sacrée grande gueule.



Ajouté :  Lundi 28 Juillet 2014
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Kix Website
Hits: 10982
  
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