PRISON OF MIRRORS (usa) - Until We Find The Hive (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 10 mai 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Post Black Metal atmosphérique
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 53 Mins
Nick Brandt : Everything
Décidemment, le Black Metal est depuis les origines une sorte d'Eldorado pour les incompris, les misanthropes, les âmes solitaires incapables de s'associer à autrui, ou dont la vision est si précise/personnelle qu'il leur est impossible de la faire comprendre sans perdre un temps précieux. On ne compte plus les one piece band sévissant dans le plus si petit monde du Metal noir, concept jusqu'à il n'y a pas si longtemps réservé à l'Electronica, ou au Dark Ambient. Mais qu'importe si la multiplicité de l'ivresse ne dépend que de l'unicité du flacon, car après tout, lorsque la rigueur individuelle produit de grandes oeuvres (après tout, Bach, Mozart, Schubert n'ont jamais eu besoin de personne), il devient inutile de souligner son caractère autarcique.
Ainsi nous vient des USA Nick Brandt, et son projet PRISON OF MIRRORS. Depuis 2011, Nick a produit trois longue durée, y compris ce Until We Find The Hive, et il faut admettre que la qualité de sa production ne se dément pas. Si son optique résolument Black Metal résonne d'un écho historique, l'homme à su altérer les sons et les ambiances pour faire sienne une philosophie ancienne, et adapter ses influences à ses exigences pour ne pas répéter les discours du passé déjà entendus un bon millier de fois.
D'aucuns parlent de Post Black pour décrire sa musique, et je ne saurai leur donner totalement tort. Mais il y a plus que ça dans Until We Find The Hive, comme dans ses deux sorties précédentes. Il y a, si j'ose aller un peu loin dans l'analyse, une fusion unique née de la rencontre entre un Black très cru, et un Post Black plus romantique que nihiliste, qui privilégie les harmonies sèches, le tout aboutissant à une entité unique, qui ne relève plus ni de l'un, ni de l'autre courant.
Comme tout album de ce style, Until développe les climats et leur laisse le temps de s'installer. La longueur moyenne des pistes étant de neuf minutes, vous aurez tout le temps d'apprécier (ou non, selon) les digressions étalées par Nick, qui utilisent nombre de stimuli sensoriels aussi complémentaires que parfois contradictoires. Car l'homme n'hésite pas à piocher dans le réservoir de styles à sa disposition pour arriver à ses fins. Ainsi, le morceau éponyme commence comme une thérapie Post Black, construire sur quelques notes éparses et répétées, avant de s'affaler sur une procession Doom "acidharmonique" et funèbre, soudain interrompue par une charge Black aussi impromptue que douloureuse. Les cycles se répètent sur plus de neuf minutes, créant ainsi une spirale sonore qui fascinera autant qu'elle rebutera.
L'intelligence de Nick est d'avoir gardé cette construction par couches, tout en préservant à chaque titre son emprunte intrinsèque. Si aucun morceau ne s'éloigne vraiment de ce schéma, chacun génère son propre écho, ce qui permet à l'album de garder une cohésion indéniable sans pour autant sentir le coup fourré roboratif.
Certes, le son global, très étouffé, avec un chant considérablement en retrait peut gêner à l'occasion, mais je trouve qu'il est parfaitement adapté à l'ensemble et permet même à tous les instruments de respirer, ce qui n'est pas toujours le cas dans le Black, genre propice à la théorie du "bloc incompressible". Car Nick, outre la guitare, basse et batterie d'usage ne crache pas sur l'utilisation d'un piano souvent bienvenu, et d'arrangements de claviers loin d'être déplacés.
Et si le pavé final de dix minutes "Spilled By Savages" n'est pas le parangon des choix de Nick (je citerai plus volontiers une fois encore le majestueux " Until We Find The Hive"), il nous offre une splendide montée en puissance, payant autant son tribu aux anciens de MY DYING BRIDE qu'aux petits nouveaux de HELL. Une fois de plus les mélodies se livrent à un combat sans merci avec les flammes de l'agression ininterrompue, bien loin des sempiternelles divagations inutiles de bon nombre de combos portés au pinacle qui confondent souvent harmonie et mièvrerie, ou sauvagerie et boucherie.
Alors bien sur, le discours est extrême, c'est un fait. Et parfois, il tombe - provisoirement - dans les balbutiements, mais si l'on considère que quatre vingt dix pour cent de l'album est une réussite inspirée et constructive, il convient de le célébrer comme il se doit, et d'essayer de l'apprécier, en tout cas de souligner le travail et les efforts accomplis.
Peut être que Nick continuera son voyage seul, mais je doute qu'il ait besoin de quiconque pour nous dire ce qu'il à a dire.
Car il le dit très bien.
Ajouté : Dimanche 27 Juillet 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Prison Of Mirrors Website Hits: 9916
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