Sixième album pour le "Peuple Silencieux" à la fibre Metal incontestable. Bien qu'officiant dans un registre purement Folk, l'affiliation entre STILLE VOLK et les combos les plus acérés du Metal lourd n'a jamais paru usurpée (la dernière piste sur cet album le prouve mais nous y reviendrons). Et la présence – à plusieurs reprises – de STILLE VOLK à un festival comme le Cernunnos Pagan Fest semble bien naturelle. Pour votre serviteur, le logo du groupe de Patrick Lafforgue et Patrice Roques est historiquement lié à l'arrivée du catalogue Holy Records dans sa boîte à lettres. Oui, oui, une vraie boîte à lettres, pas une "mailbox". Car mine de rien, c'est depuis 1994 que STILLE VOLK pratique son Folk à forte tendance occitane.

Et pourtant, au bout du sixième opus très attendu et intitulé La Pèira Negra, il demeure toujours très difficile de s'immiscer dans l'univers atypique de STILLE VOLK. L'écoute se doit d'être profonde, intense, passionnée. Et parfois, les mots manquent pour écrire noir sur blanc le voyage que l'on vient d'accomplir. Et puis soudain, au détour d'une conversation avec un autre amoureux du genre, tout apparaît plus clair. Alors permettez à votre chroniqueur de lui emprunter ses mots...

"Bon, j'ai enfin mis la main sur La Pèira Negra... et je le trouve vraiment bien. Est-ce que tu t'es arrêté à la première, ou as-tu essayé d'autres chansons ? Parce que c'est vrai que "Dementis Maudiçon" peut être déroutante. Il y en a d'ailleurs deux ou trois dans l'album dont la mélodie peut être un peu difficile au premier abord. Après, le sujet traité dans cet album – le monde des pierres et des roches – se prête pas mal à une musique à l'ambiance assez lourde, dans le bon sens du terme. A contrario, si tu écoutes l'album précédent, Nueit De Sabbat (2009), les morceaux sont beaucoup plus "légers", étant donné que la thématique tournait autour d'orgies pleines d'êtres de la forêt...
Personnellement, il y a deux morceaux sur cet album qui sortent vraiment du lot : "La Pèira Negra", et "La Forêt Gorgone". Pour ce dernier, un clip est sorti, il est vraiment bien foutu et bien malsain. Pourtant la musique de cette chanson ne me fait pas ressentir cet effet : pendant l'intro je vois plutôt un groupe de rochers (qui seraient un peu l'équivalent des "ents" dans Le Seigneur Des Anneaux) tentant vainement de se déplacer (les cris "ah, ho, ah, ho" du début), et donc une forêt où même ce qui semble immobile est en fait vivant...

Globalement, les voix sur La Pèira Negra sont beaucoup plus diversifiées que sur Nueit De Sabbat, ce qui est une excellente chose, même si il y a aussi ces voix de vieux Métalleux des années 80, et là, je ne sais pas ce qui leur a pris ! A noter aussi l'utilisation de trompettes sur "Sous L'œil de La Lune", qui rend vraiment bien !

Par contre, une chanson me laisse encore perplexe : "Heaume De Lichen". Toute la première partie de la chanson me semble déroutante, avec des voix typiques du Heavy Metal français des années 80... Donc bof. Mais au bout d'un moment, une flûte arrive pour créer une ambiance vraiment chouette, très épique, renforcée par les cris en fond. Et puis le chant me semble alors beaucoup plus supportable.

Sinon, si tu n'es pas allé jusqu'à la fin de l'album, tu n'as pas écouté la piste cachée : une reprise de "Come To The Sabbath" de MERCYFUL FATE ! Bon, ça reste anecdotique, je trouve que l'atmosphère du titre original n'y est pas... Par contre, cette reprise indique bien une partie des inspirations du groupes pour l'album : ces mélodies un peu torturées, où l'on aimerait bien que les notes soient parfois un demi ton au dessus ou en dessous de ce qu'elles sont, mais en même temps on trouve l'atmosphère que ça donne délicieusement malsaine.

Voilà en vrac mon ressenti sur cet album. Vraiment je ne sais pas si ce groupe pourra me décevoir un jour... Sur album c'est toujours bon, et en concert (je les ai vus deux fois), c'est vraiment une tuerie."

Alors forcément, après un tel hommage, difficile de ne pas saisir le fond de La Pèira Negra. A grands coups d'instruments à cordes, de vielle à roue, de cornemuses, de percussions, STILLE VOLK nous gratifie d'une musique d'hommes, au verbe rugueux mais poétique, et où la sorcellerie occupe toujours une place essentielle (reprendre du MERCYFUL FATE est toujours lourd de sous-entendus ...). Merci à mon ami Mathieu de m'en avoir appris un peu plus sur ce groupe décidemment unique.