LOUDBLAST (FRA) - Burial Ground (2014)
Label : Listenable Records
Sortie du Scud : 28 avril 2014
Pays : France
Genre : Heavy / Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 48 Mins
C'est l'histoire d'un éternel recommencement. Combien rêvaient d'en avoir enfin fini avec les filous de LOUDBLAST après le très médiocre Planet Pandemonium de 2004, mettant en lumière un retour triomphalement raté ? Combien se gargarisaient du temps qu'il aura fallu attendre (cinq ans) avant de pouvoir tailler le bout de gras avec le très peu médiocre Frozen Moments Between Life And Death ?
LOUDBLAST pas inspiré, LOUDBLAST fatigué, LOUDBLAST ceci et LOUDBLAST cela.
C'est tellement toujours la même rengaine que c'en devient de moins en moins périlleux d'évoquer leur cas, et donc de moins en moins excitant. D'une ébullition, on tombe en simple frémissement. Oui, LOUDBLAST répand toujours derrière lui une odeur de sang qui aiguise l'appétit des charognards. Oui, le public qui a été foudroyé en plein cœur par Sublime Dementia est toujours au front pour suivre avec un semblant d'intéressement un parcours aussi chaotique qu'atypique. Mais non, leur Death Metal ne vaut plus vraiment le détour, car terriblement amoché, considérablement rattrapé par l'évolution de cette scène durant leur absence.
On peut leur reconnaître ce besoin instinctif d'évolution d'un album à l'autre, et effectivement, aucun opus de LOUDBLAST ne ressemble au précédent. C'est, comme toujours je pense, ce qui va sauver du naufrage le dernier venu, Burial Ground. D'ailleurs, il en faut peu pour ne pas lire Buriez Ground (et c'est loin d'être un hasard, tant le divin chauve au crâne fumant va marquer de son emprunte le septième full-lenght de la meute). Néanmoins, par correction envers l'institution GRAVE qui a ainsi nommé son neuvième disque, les BLAST (ne pouvant ignorer ce détail) auraient pu se rabattre sur un autre choix. Mais c'est un débat annexe, peut-être porté vers la psychose par "A Bloody Oath", un premier titre dont le nom évoque étrangement un autre très bon album de Death Metal signé SUFFOCATION. Heureusement, le déroulement patibulaire de cette composition et son final remuant vont lancer les pistes de réflexion autour de Burial Ground sur un tout autre terrain que celui de la paranoïa. Disposant d'un son absolument excellent, ce morceau alterne les ambiances. Lourdeur, accélération puis virtuosité intégrale sur ces dernières secondes Heavy as fuck, LOUDBLAST vient de redistribuer pas mal de cartes et laisse planer un doute quant à une éventuelle rédemption. Espoirs trop vite ruinés. Car qu'il s'agisse de la ténébreuse "Darkness Will Abide", de l'ésotérique "Ascending Straight In Circle" ou de l'imperturbable "Soothing Torments", aucune des pistes suivantes ne vient prolonger l'engouement suscité par "A Bloody Oath". C'est tout au plus un Death Metal honnête dont les guitares lorgnent sur le Heavy. Sans transcendance, sans panache mais avec force, ce qui, vous en conviendrez, n'a rien d'une nouvelle fraîche. Il me faudra attendre le faux-rythme instauré par "From Dried Bones" pour leur renouveler mon intérêt. Mais il y a plus alarmant. Je réalise au fil des minutes que Burial Ground, qui n'est "que" le sixième album de LOUDBLAST en 25 ans d'activité (donc un moment forcément intense et particulier de leur carrière), est un disque totalement recroquevillé sur lui-même, qui laisse paraître très peu d'émotions, si ce n'est une austérité assez complexe quand intervient une chanson pénible comme "The Void". A l'image de sa pochette, cette sortie est sombre. On le ressent dans l'écriture, qui laisse peu de place à l'expression d'une luminosité faisant pourtant grand bien quand elle surgit. J'en veux pour symbole "The Path", une conclusion heureuse et progressive rendant honneur à leur personnalité évolutive.
LOUDBLAST ne s'est jamais contenté du minimum. Ca lui a souvent souri dans le passé. Ce sera un verdict plus hasardeux en ce qui concerne Burial Ground, très difficile à cerner. Tout en préservant de l'évolution certains paramètres "marqueurs" (intensité, coffre, technique, noirceur...) – un choix qui plaira assurément à ceux dont la veste patchée sent autant la naphtaline que la sueur – ce nouvel album est d'une imperméabilité inquiétante. C'est vrai qu'on n'a jamais vraiment pu lire dans l'esprit de LOUBLAST comme dans un livre ouvert, mais de là à ne plus vouloir sonder cette âme de peur d'y trouver une trop grande quantité de plaies sanglantes, il n'y a qu'un pas que certains franchiront peut-être pour la première fois en 25 ans...
Ajouté : Vendredi 09 Mai 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Loudblast Website Hits: 11684
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