LESLIE WEST, le géant au pied d'argile qui nous entraîne à nouveau vers de nouvelles cimes, avec dénivelés, toujours positifs, à l'image de l'incontournable MOUNTAIN, et ne cessant de multiplier les cairns tout au long de sa route, longue de ses, presque, 70 ans.
En 1970, vaillants nous étions, on s'élançait sur l'invitation de Leslie : Climbing ! découvrant les Flowers Of Evil, cousinant, sur les versants, avec les edelweiss. En 1974, en hors-piste, nous sortions indemnes de l'Avalanche. Nous trouvions également refuge avec le groupe WEST, BRUCE and LAING, reprenant en cœur le titre "Why Dontcha" et un peu plus tard, dans la nuit, "Shake ma Thing" qui annonçait un excès de génépi.
Alors, en octobre 2013, quand on nous annonce la sortie de Still Climbing, on répond à nouveau présent, avec la même niaque, la même envie de réentendre la marque de fabrique de Leslie, jeu de guitare reconnaissable entre mille, et son chant de Yéti à terroriser, par monts et par vaux, les petits enfants qui écouteraient encore du Henri Dès.
L'illustration de la pochette est déjà une invitation à un voyage intersidéral, une fusée au décollage, brulant son kérosène, défiant les plus hauts sommets, se jouant des astres. Le cockpit est exigu, certes, mais suffisant pour permettre à LESLIE WEST d'inviter ses amis Mark Tremonti (CREED/ALTER BRIDGE), Johnny Winter, Dee Snider (TWISTED SISTER), Jonny Lang, Dylan Rose.
Mike Fraser (AC/DC, METALLICA, AEROSMITH,...) est quant à lui, aux manettes, en aiguilleur du ciel averti, qui ne nous fera pas le coup du vol MH370 de la Malaysia Airlines.
Dès les premières notes de "Dying Since The Day I Was Born", titre à rallonge s'il en est, à l'image d'une longue carrière, Leslie appose sa signature, une guitare au jeu incisif, au son lourd et gras comme un sachet de donuts, une voix rocailleuse, grave et chaude, frottée à l'émeri. C'est bien lui, c'est bien LESLIE WEST.
"Busted, Discusted or Dead" se veut plus bluesy, avec un chant qui se traîne sur un jeu plaintif de guitare, "Fade Into You" est dans la même veine. Un rythme intemporel qui porte, sur quelques accords simples, l'histoire de tout à chacun, musique vecteur de nos états d'âme au quotidien.
LESLIE WEST fait rencontrer le Rock avec le Blues, la brume électrique avec le parfum de la Louisiane, et les effluves du bayou. Brassage de culture, de styles entre MUDDY WATERS, JEFF BECK, THE ALLMAN BROTHERS BAND. C'est ainsi, et dans ce décor, que l'on écoute "Not Over You At All". Quant à "Tales Of Woe", ce titre se veut plus minimaliste, LESLIE WEST posant sa voix sur des accords de guitare acoustique avec quelques incursions plaintives électriques.
"Feeling Good" est aux couleurs de la Nouvelle-Orléans avec ses notes de piano bastringue relayées par une rythmique crasseuse à l'image des bas-fonds et des arrières salles.
La quintessence de cet album est illustrée par le morceau "Hatfield Or Mc Coy" marqué par un rock sudiste à la ZZ TOP, avec un chant renforcé par des chœurs qui donnent un air tribal à l'ensemble du morceau, qui fera, j'en suis sûr, l'unanimité.
Le metalleux que vous êtes, tout de black vêtu, trainant son spleen beaudelérien dans un jardin parsemé de fleurs du mal, jonché de mal être, saura trouver sa fleur bleue avec une reprise de "When a Man Loves a Women", succès interplanétaire, terreau de nombreuses idylles inavouées ou assumées. La greffe tient ses promesses, interprétation fidèle à l'original véhiculant émotions, et dans la lignée des nombreuses reprises par, entre autres, JOE COCKER, JOHNNY RIVERS,...
"Long Red", et "Don't Ever Let Me Go" nous délivrent des riffs et des refrains à nous entêter, ils reviennent comme des ritournelles, nous embarquent dans leur carrousel.
Et vient le temps de se quitter. LESLIE WEST, sur un mode très intimiste et minimaliste, gratte, seul, quelques notes sur sa guitare, sa façon à lui de nous dire au revoir...mission accomplie, chargée de nostalgie, auprès de fans que nous sommes, ravis et conquis par cet album till Climbing.