WINE FROM TEARS (ru) - Glad To Be Dead (2013)
Label : Solitude Productions
Sortie du Scud : 17 juin 2013
Pays : Russie
Genre : Death / Doom Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 50 Mins
Ah, WINE FROM TEARS ! Peu de groupes ont cette capacité de faire transpirer autant de mélancolie et de désespoir par le biais de si belles mélodies ! Nos Russes en font partie. Leur premier opus, Through The Eyes Of The Mad, sorti en 2009, avait su titiller ma petite corde sensible, et demeure selon moi, l'un des albums les plus beaux du genre. J'avais été séduit par leur Doom / Death Metal mélodique d'excellente facture au style inimitable. Aussi, lorsque leur dernier effort, Glad To Be Dead ( joli titre au passage pour un disque de Doom) est arrivé, je me suis littéralement jeté dessus. Alors cet opus est-il à la hauteur de son aîné ? La musique fournie répond-t-elle à nos attentes ? Pour notre grand bonheur, les Russes nous livrent à nouveau un disque très travaillé, avec pour seul mot d'ordre l'émotion, par la mélodie. Malheureusement, de petites imperfections viennent entacher cet opus qui ne parvient pas, à mon grand regret, à égaler son aîné. Je m'explique.
Tout d'abord, je tiens à souligner cet artwork superbe signé Roman Corvinus, déjà auteur du précédent. D'autre part, c'est avec un line-up remanié que la bande livre son deuxième effort. Les guitaristes Alexandr et Alexey Nesterov (qui assure également le chant) sont les deux seuls membres rescapés du premier album. Aux claviers, Evgenia (alias Yevgeniya Nesterova), qui travaille également avec Волчий Острог (traduction : WOLF PRISON), petit groupe russe de Death mélodique, remplace Maria. Denis (alias Denis Khodirev-Velizhanin) a quant à lui pris la place d'Elena à la basse. Voilà pour le line-up. Mais concentrons-nous plutôt sur l'objet principal de cette chronique : le son.
Déjà, dès l'intro, le ton est donné. Le clavier superbe est agrémenté d'une ambiance mélancolique à souhait, où divers sons sont mis à contribution. Puis les riffs mélodiques et le clavier magnifique d' "Allergic Sun" ouvrent le bal. Je tiens d'ailleurs à souligner le travail d'Alexandr et D'Alexey au niveau des guitares. Ils exploitent ici pleinement leur potentiel pour délivrer des accords carrés, propres, superbes et qui ne font jamais défaut. Les mélodies sont magnifiques et variées, sans cesse changeantes sur chaque morceau. On ne s'en lasse jamais, même après plusieurs écoutes. A elles seules, elles font toute la beauté de ce full-lenght. Elles apportent une émotion qui colle parfaitement aux aspirations du groupe. De par leur inspiration, Alexey et Alexandr ont su me donner le frisson. De plus, déjà que niveau riffs on se régale, le clavier vient magnifier le son du groupe. Evgenia dévoile un potentiel qu'elle exploite merveilleusement bien. Le piano classique a la part belle sur cet opus. On pourra ainsi souligner sa beauté sur l'intro, "Allergic Sun", "In Memory Of The Truth" (où il constitue le thème du morceau) ou encore sur le début de "The Light At The End Of This World". Ses différentes apparitions tout au long de l'opus, et notamment sur "What Are You Waiting For ?", sont placées intelligemment. Et comme si ça ne suffisait pas, notre claviériste enrichit les compos de ses différentes atmosphères, toile de fond des morceaux, qui sont en parfaite adéquation avec l'ambiance mélancolique et nostalgique développée par la bande.
D'autre part, au chant, la voix Death d'Alexey, déjà convaincante sur leur première offrande, le reste ici, et avec brio (bien que dénuée de toute variation). Il est également important de noter l'arrivée d'un chant clair, une nouveauté dans les productions du combo. Ses diverses apparitions sur "Allergic Sun", "Let Me In", sur le refrain de "What Are You Waiting For ?" ou un ton plus bas sur "In Memory Of The Truth" agrémentent agréablement ce LP. La qualité vocale atteint même son apogée sur le refrain de "Like A Fallen Leaf", à tel point qu'elle rentre direct dans notre caboche, si bien qu'on prend sans cesse plaisir à y revenir. Derrière les fûts, Igor Andreev fournit une prestation très propre. Sa batterie, globalement assez posée, collant au tempo généralement lent des titres, nous offre parfois un peu de variété avec ses blasts sur les changements de plans de "The Light At The End Of This World" ou sur la fin de "What Are You Waiting For ?", ce qui permet d'apporter un peu d'énergie, comme sur le titre "Let Me In".
Cependant, si je conçois que le concept même du Doom consiste en un rythme lent, sur cet opus, cette lenteur conduit le groupe vers un son trop linéaire, et ce, avec un effet dévastateur sur la qualité. On sent qu'ils manquent aux morceaux ces breaks qui viennent casser le rythme global, avec des riffs plus incisifs et une batterie plus rapide, comme sait si bien le faire MY DYING BRIDE (pour ne citer qu'eux). Cela est d'autant plus frustrant que le groupe nous avait montré sur le premier full-lenght qu'ils en avaient les capacités. Le groupe s'en sert particulièrement sur "The Light At The End Of This World", à la composition riche et variée et qui reste le morceau le plus travaillé de l'album. En outre, si les guitares, de par leur mélodies et leur variété témoignent d'un travail remarquable sur la composition, malgré tout, les accords ont un peu tendance à évoluer dans le même registre, et ce même si la bande a parfois recours à des mélodies qui proposent autre chose. On pourra ainsi citer le changement de plan intéressant de "What Are You Waiting For ?", le break accompagné de son riff sympa sur "In Memory Of The Truth" ou encore celui sur "Let Me In".
Mais il y a aussi ce titre, "Silence No More", qui continue encore maintenant à me chiffonner. Ici, on se retrouve avec un Metal gothique dans la veine de LACUNA COIL, où Elle Faithova fait une apparition convaincante. Même si le morceau, bien que classique, est carré à tous points de vue, on se pose malgré tout la question suivante : que fout un tel titre sur ce disque ? J'ai beau écouter et réécouter l'album encore et encore, je n'arrive toujours pas à comprendre ce que vient faire un tel titre sur un disque de Doom. Quel en est l'intérêt ? Vendre plus ? Peut-être. Créer la surprise ? Objectif rempli pour le coup. Volonté artistique ? Je ne saurai le dire. Pour ma part, je trouve que, comme le groupe produit déjà un son de qualité, il est inutile d'explorer une voie radicalement différente. Et ici, même si on ne peut pas parler ici de "conclusion ratée", on reste avec le sentiment que le groupe n'assume pas son style jusqu'au bout. Mais cela reste mon avis personnel. A vous de juger librement ce qu'il en est.
Je ne cache pas le plaisir que j'ai pris à chroniquer nos petits Russes. Ils savent produire un Doom de qualité laissant la part belle à des mélodies qui valent à elles seules le détour, et dont la qualité ne s'émousse pas même après plusieurs écoutes. Le clavier d'Evgenia ne fait qu'accentuer le plaisir que l'on éprouve à se plonger dans la musique de WINE FROM TEARS. Néanmoins, sur certains aspects, si ces Russes ont le secret pour nous concocter de superbes compos, l'aspect un peu trop linéaire de la démarche nuit grandement à l'ensemble. Et ce n'est pas le dernier morceau, étonnant à plus d'un titre, qui va changer la donne. Ces petits défauts m'empêchent, à regret, de juger cet album comme un excellent disque, et pourtant Dieu sait qu'ils le mériteraient. C'est aussi ce souci du détail qui distingue les groupes majeurs du genre, comme le sont déjà MY DYING BRIDE, PARADISE LOST ou encore, peut-être pas au même niveau que les précédents, SWALLOW THE SUN, des autres. Le groupe mériterait une plus grande considération. De toute façon, si la bande reste à ce niveau et corrige ses petites imperfections, ses musiciens, un jour, seront récompensés à la hauteur de leurs efforts.
Si avec WINE FROM TEARS à nos côtés, on ne va pas jusqu'à dire que l'on serait heureux d'être morts, en tout cas, celle-ci s'adoucit et revêt même de belles étoffes. Parfois, les larmes sont aussi délicates qu'un bon vin et permettent ainsi de soulager nos doutes, nos craintes et de façon générale, tout ce qui nous pèse. C'est le cas ici. Alors, laissez-vous aller, et du chagrin viendra la paix ! Fin de citation.
Ajouté : Jeudi 08 Mai 2014 Chroniqueur : Resurrected2014 Score : Lien en relation: Wine From Tears Website Hits: 6446
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