ENSHADOWED (gr) - Intensity (2003)
Label : Black Lotus Records
Sortie du Scud : 10 avril 2003
Pays : Grèce
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 37 Mins
ENSHADOWED est grec. J'imagine que ce serait trop facile de dire qu'un album comme Intensity représente le Black Metal du pauvre, non ? Pourtant, au moment de sa sortie en 2003, le mot "crise" ne flottait pas encore dans l'air comme un nuage de particules indésirables. On devrait se faire beaucoup plus de souci pour Magic Chaos Psychedelia par exemple, puisque sa parution vraiment récente (le 28 janvier 2013) rompt avec une période de crise de dix ans, entrecoupée de splits en veux-tu en-voilà. Alors quel est vraiment le problème ? Prétendre faire du Black old-school façon omelette norvégienne quand on vient d'un pays chaud et ensoleillé où poser dans la neige relève de l'onanisme est-il une incohérence ? Ma foi, si le Metal était un héritage géographique, d'autres auraient trépassé avant ENSHADOWED. Non, je pense définitivement, après avoir fait connaissance avec cet album, ce concept, ces paroles, que le problème est humain.
Les Grecs le disent, l'affirment et l'assument. Tout, absolument tout dans leur musique doit se rapporter au Black Metal scandinave, au point de désorienter volontairement un auditeur qui ne s'attend à aucune faiblesse de la part d'un Black Metal estampillé "nordique". On pourrait écouter Intensity les yeux fermés, sans avoir aucune connaissance du concept, quelque chose ne tournerait pas rond. Grèce ou Norvège, peu importe. La réalité, c'est que cet opus est brouillon, mal fagoté et qu'il souffre de l'amateurisme délibéré du quintette de l'époque. Une chanson comme "Purity's Failure", à moitié Death, à moitié Black, nous parlera d'ailleurs de cette incapacité qu'ont les Grecs à combiner les genres. L'émulsion est instable et d'un passage en blast vaguement technique, voix gutturales en soutien, on tombe soudainement dans un grésillement mélodique et misanthropique, bourré de cette haine antichrétienne vraiment stéréotypée. ENSHADOWED, dans sa volonté primitive (et accomplie) de composer et de jouer un Metal brutal, vicieux, hargneux, en oublie un peu le fond de commerce de son concept. Leurs incessants assauts déguisés en attaques-éclair, furieuses, tranchantes, prennent le dessus sur tout le malaise qu'on devrait ressentir en écoutant un tel disque. Il faut qu'on en arrive à une composition extrêmement théâtralisée, arrangée et scénarisée comme "Requiem Of Hatred (Jesus Christ Cage Part II)" pour ressentir cette violente plénitude, distillée par l'utilisation de riffs épiques et l'instauration d'un climat froid et souverain. C'est à la fois réconfortant et malheureux. Réconfortant quant aux aptitudes de ces garçons à pouvoir aussi être un peu crédibles. Malheureux de devoir surjouer pour enfin attirer l'attention. Car ce ne sont pas les expéditives et insipides "Sunya-Bindu" ou "Obvious Inexistence" qui s'en chargeront, ni même l'intro et l'outro, deux courts instants mélancoliques et vaguement orchestraux censés donner un sens à cet album.
Donc oui, j'en reviens à ce que je disais plus haut, ENSHADOWED, c'est jusqu'à preuve du contraire, le Black Metal du pauvre. Pauvre dans l'idée, dans la mise en œuvre, dans l'application, dans l'authenticité. Pâle copie de ce qui se fait de plus moyen au cœur de cette scène scandinave qu'ils envient tant, Intensity, à part une compo vraiment bien foutue, ne marque toujours pas les esprits, même dix ans après. Preuve peut-être qu'ils n'ont pas vraiment joué avec leurs armes.
Ajouté : Mardi 22 Avril 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Enshadowed Website Hits: 6752
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