Quand j'écoute Mamie ?, je pense à la mienne. Et ça me fend le cœur. Je me rappelle de ce jour de novembre 2008. Rentrant du lycée, affamé comme un hanneton devant un tas de feuilles tendres, je n'attendais que le marbré au chocolat maison pour sauver ma journée. L'odeur de biscuit fraichement enfourné embaumait la pièce, comme tous les jours. A la seule différence que la maîtresse de maison ne donnait aucun signe de vie. J'ignorais qu'elle n'en donnerait plus aucun.

J'espère que ce récit émouvant, teinté de dramaturgie mais totalement fantaisiste offrira un peu de culpabilité aux petits merdeux de SIDEBURN. Jouissez, abusez de vos grands-mères, tant qu'elles peuvent encore signer des chèques. Après, ce sera trop tard. Les vers s'en chargeront.

Originaire de la grande et belle Bretagne, le quatuor débarque de nulle part en ce milieu d'année 2013 avec sa première démo, enregistrée au Trisk'Hell Studio. Et à vrai dire, il n'a pas pour vocation de devenir un incontournable. SIDEBURN, c'est peut-être la musique au sens le plus "amateur" du terme. Pas de revendications, pas de prétentions. Ce qui prime c'est la complicité, l'éclate, le plaisir de jouer ensemble et le Metal de garage dans ses grandes largeurs. Ne vous étonnez donc pas d'oublier ce nom aussi vite cette page refermée, car je crois malheureusement qu'en dépit de sa jeunesse, de sa bonne volonté et de son talent très relatif, le groupe est cantonné à s'épanouir dans l'anonymat. On ne va pas refaire le débat sur l'industrie Metal en France, son fonctionnement, ses codes, mais à l'écoute de Mamie ?, il est évident que les Rennais seront plus à l'aise dans l'intimité de leur scène locale que dans un Maracana à guichets fermés. Pour l'instant. Après une intro mélodico-tristounette plutôt bien foutue, Mamie ? lâche une première salve de flatulences d'octogénaire avec un "Condemned To Live" qui balance entre un Thrash Metal galopant et un Metalcore bodybuildé. La production minimaliste dessert un petit peu ce morceau très explosif et qui mériterait de faire son effet différemment. Par ailleurs, SIDEBURN (et c'est un bon point pour eux), manie le "hey ! hey ! hey !" à scander poings levés. C'est pas très impressionnant sur l'instant (ma préférence va toujours à TRIVIUM et son "A Gunshot To The Head Of Trepidation") mais l'esprit "live" est là. Je pense que c'est d'ailleurs sur les planches que le quatuor emmené par des techniciens plutôt doués (la paire Pierre / Jack me plaît bien) prendra une toute autre envergure. Jusqu'ici, l'idée de la démo est tout ce qu'il y a de plus légitime, mais le résultat final ne peut pas être autre chose que le reflet des moyens de SIDEBURN. De bonnes idées trahies par un petit budget ou un petit budget minimisé par de bonnes idées. Tout est finalement une histoire de verre à moitié vide ou à moitié plein.

Encore un peu timide mais auréolé des sacro-saints principes d'envie, de percussion, de bonne volonté, d'enthousiasme, SIDEBURN est la réalité piquante d'un Metal qui trouve toujours des ressources pour exister, en dépit d'une identité musicale tâtonnante. D'ailleurs, les mecs ne s'y tromperont pas. En qualifiant leur musique de "Thrash Cocktailcore", ils mettront eux-mêmes le doigt sur leur principal problème. "Metal-pécore" aurait été tout aussi adapté, sans qu'à l'heure où le Made In France est une mode, ça ne sonne comme trop péjoratif.