FLESHGOD APOCALYPSE (it) - Labyrinth (2013)
Label : Nuclear Blast
Sortie du Scud : 16 août 2013
Pays : Italie
Genre : Death Metal symphonique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 54 Mins
Dans son costume trois pièces flambant neuf, un verre de Lacryma Christi bien charpenté à moitié vide dans la main, le compositeur déchu fulmine. Il aurait aimé écrire ne serait-ce qu'un titre pour le nouvel album des Italiens de FLESHGOD APOCALYPSE, histoire de toucher du bout des doigts la grâce. L'opéra est désormais vide, les planches fument encore et dehors, le spectateur rentre titubant, sous l'effet de Labyrinth. Il faut dire que la partie qui vient de se jouer a tout du grand spectacle et que le silence a quelque chose d'assourdissant, qui rend le compositeur solitaire fou de rage, autant que d'ivresse. Il faut dire aussi que depuis sa formation en 2007, FLESHGOD APOCALYPSE est devenu une sorte de mythe, une anomalie, un furoncle sur le visage marqué de la musique extrême. Quelle idée de jouer du Death Metal vêtu d'une queue-de-pie et d'un nœud papillon ! Et surtout, quelle idée de le faire si bien. Oracles, scintillant. Agony, grandiose. Le Herbert Von Karajan du Death Metal devait célébrer avec Labyrinth son jubilé. Mais tout s'est goupillé de travers.
Nous serons tous plus ou moins unanimes pour dire que ce groupe s'est véritablement sorti les doigts du cul afin de créer un univers qui lui est propre, un style qu'on peut qualifier d'original pour du Death, une combinaison astucieuse qui sied généralement mieux au Black Metal. Forcément, plus le concept prend forme, plus on est demandeur de la formule, et une fois "The Violation" (un des titres phares d'Agony) achevé, plus rien ne pouvait stopper un tel élan. Je pense très sincèrement que Labyrinth est un album loupé, qui ne répond pas à l'intensité qu'on lui demandait. Toujours agencé sous forme de déflagration symphonique, baroque et macabre, le disque combine étrangement mal, et ce dès "Kingborn". L'arrivée précoce de l'excellente "Minotaur (The Wrath Of Poseidon)", avec ses pianos lugubres et son rythme détendu, instaure un climat de confiance bienvenu à ce moment du jeu. Une dynamique jamais confirmée, ni par "Elegy" ni par "Towards The Sun". FLESHGOD APOCALYPSE fait constamment dans la surenchère orchestrale et en deviendrait presque plus soucieux de ses parties de musique classique que de son Death Metal. Là où Agony faisait preuve d'une vraie entente entre ces deux corps antagonistes, Labyrinth s'impose en émulsion instable. Les arrangements raffinés de Cristiano Trionfera (qui pour le coup, porte bien mal son nom), se greffent sur un riffing violent et compulsif, sans que l'un ni l'autre ne cherchent à s'emboiter. Niveau solo, c'est aussi du réchauffé. A part peut-être celui qui illumine "The Fall Of Asterion", il n'y a aucune différence par rapport à ceux qui garnissaient Agony. On retrouve par ailleurs, non sans déplaisir, le chant clair de Paolo Rossi, toujours aussi insupportable quand il ne sonne pas totalement faux. Aussi, l'omniprésence de la soprano Veronica Bordacchini (déjà en place sur "Temptation" et "The Egoism"), apporte son côté lyrique et frôle même l'extrême théâtralité d'un THERION sur "Epilogue", sans que Labyrinth ne gagne au change. Plus pompeux que majestueux, le full-lenght s'achèvera par un "Under Black Sails" en totale roue libre et une instrumentale caricaturale.
On sera certainement ébloui, soufflé, peut-être même bouleversé, par notre première rencontre avec ce troisième opus. Mais une fois l'euphorie passée et les pieds de retour sur Terre, avouons quand même que FLESHGOD APOCALYPSE vient de sortir un disque ultra-puissant sur la forme, très peu organisé sur le fond. Ok, on se prend un mur de son en pleine poire, gonflé par une production explosive et par une tripotée d'orchestrations toutes plus grandiloquentes les unes que les autres. Les Italiens ne renient certainement pas leurs origines avec cette sortie bourrée de tchatche et de classe ténébreuse, mais ont simplement oublié de jouer ensemble, pour un résultat décousu et étrangement perméable.
Ajouté : Mardi 15 Avril 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Fleshgod Apocalypse Website Hits: 6352
|