SOLEKAHN (FRA) - Nightlights (2013)
Label : Mighty Music
Sortie du Scud : 14 octobre 2013
Pays : France
Genre : Death / Dark Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 44 Mins
D'ombre et de lumière. Ou plutôt : de l'ombre à la lumière. Telle est la trajectoire orbitale empruntée par les Alsaciens de SOLEKAHN. Après neuf longues années de silence, même pas émaillées ne serait-ce que du moindre soubresaut nerveux, le trio qui nous avait laissé en 2004 avec The Great Divider est sur le retour.
De l'ombre à la lumière. C'est le destin qui attend Nightlights. Nouvel album, nouveau logo, signature sur Mighty Music, SOLEKAHN prend par la même occasion un nouvel élan et laissera derrière lui le faste austère de son premier opus. Neuf ans après, la scène Death Metal a évolué, les lignes ont bougé et quelque part, j'ai l'impression que les Alsaciens ont vécu pendant neuf ans avec des boules Quiès, tant leur musique remonte un courant que l'oreille ne saurait percevoir. C'est peut-être celui du cœur, c'est en tout cas celui de l'instinct. Du bleu abyssal de The Great Divider, on passe au jaune lumineux. Je vous l'avais annoncé, cette sortie sera un jeu de textures et de couleurs, avant d'être un bête album de Death Metal.
L'intérêt de Nightlights ne réside pas tant dans le fait qu'il s'agit d'un simple retour. L'intérêt de Nightlights réside dans le fait que neuf années de distance abolissent toute notion d'éloignement. Cette œuvre est à la fois si proche et si loin du précédent album que c'en devient troublant. L'infiniment petit se mêle à l'infiniment grand, l'infiniment pur à l'infiniment crade, et tout ça aboutit à des constructions complexes mais harmonieuses, torturées mais lumineuses. SOLEKAHN a ce don, inextinguible, pour l'arrangement glauque, l'atmosphère macabre qui viendra rehausser un Death Metal somme toute classique, mais beaucoup plus sombre et tourmenté qu'une décennie en arrière. Il y a eu évolution, à la fois thématique et musicale. Ce sont des choses qui se ressentent au travers des compositions les plus longues, comme notamment "Silence Until Chaos" qui, du haut de ses neuf minutes, est une litanie vendant un rêve Death teinté de Rock N' Roll, ou en tout cas de structures qu'on appellerait ici "Post-Death" si ce style existait. Au détour d'un riff parpaing, de voix emmêlées dans un bruissement d'eau incompréhensible, existe une descente émotionnelle violente matérialisée par des rythmes moins brusques ou un chant plus solennel. SOLEKAHN est dans une dynamique presque littéraire, conférant à Nightlights ce côté "livre ouvert" que chacun pourra prendre soin de lire afin de ressentir ou non des émotions dissimulées par la force de l'habitude. On sait à peu près tous comment sonne un bon album de Death Metal, mais je crois sincèrement que dans sa façon de composer, d'exécuter, ce trio est un cran au-dessus, injectant une grosse dose de spiritualité à son art qui met en alerte l'ouïe, la vue et l'imagination. Il n'y aura pas de véritable tube, de morceau phare qui soulignerait, de par sa force, la faiblesse de tous les autres. C'est un roc, parfois extrêmement arrangé (un fantôme passe sur "Underestimate And Fail"), parfois hautement toxique ("Seven More Needles"), mais toujours sûr de sa force et jouant même sur les mots ("Separate Part, Separate Art").
Si votre carapace, endurcie par des années d'écoute intensive de Metal divers et varié, souffre de la moindre brèche, soyez certains que Nightlights s'y engouffrera. Ce n'est pas un album écrit pour se vendre, c'est un album écrit pour se vivre. Et c'est là que réside le génie de SOLEKAHN, qui semble intelligemment se départir de tout schéma prémâché pour taper là où le cœur se fêle. Après des années d'ombre et d'anonymat, enfin, une étoile semble scintiller, au loin.
Ajouté : Lundi 31 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Solekahn Website Hits: 8630
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