MALMORT (FRA) - Reicheran (Sept-2013)
Gardien de l'Histoire moyenâgeuse française, MALMORT, entité Black Metal venue de Chambéry, était l'un des sept groupes à partager l'affiche du Black Arts Ceremony II en ce 28 septembre 2013. Alors que le groupe sortait juste d'une prestation de très grande qualité, Reicheran (chanteur) a bien voulu m'accorder un entretien, le temps d'une leçon d'Histoire et d'un véritable manifeste de passion.
Line-up : Reicheran (chant), Dalgrïn (guitare et basse), Oldar (batterie)
Discographie : Hollenfurt (demo - 2006), MCDXXXI – MCDXL (EP - 2010), Vox In Excelso (album - 2012)
Metal-Impact. Vous venez de donner votre concert dans le cadre de la deuxième édition du Black Arts Ceremony. C'était comment pour vous ?
Reicheran. Oui, c'était très bien. On a passé un bon moment. Comme d'habitude, on donnait tout. On essaye de retranscrire au mieux ce que nous voulons faire.
MI. C'était également le premier concert avec Sÿskùrr, votre nouveau guitariste...
Reicheran. Bilan très positif également. On est pleinement satisfaits de sa prestation. Il a rejoint le groupe il y a très peu suite au départ de notre ancien guitariste live (Orlock Exsecutor) mais ça n'a pas posé de soucis.
MI. Est-ce que tu pourrais rappeler pour ceux qui l'ignorent, l'histoire de la création de MALMORT ?
Reicheran. Ca a commencé en 2003, lorsque j'ai rencontré Necrowarrior (ndr : ancien guitariste de la formation). Nous avons enregistré une démo quatre titres ensemble, avec Oldar et Dalgrïn, qui sont toujours batteur et guitariste-bassiste de MALMORT. On l'avait produit indépendamment. Elle était limitée à 100 exemplaires et on n'avait quasiment pas fait de promo. Mais ça nous a aidé à nous faire un petit peu connaitre dans le coin, de par chez nous. On est restés dans l'ombre pendant un moment. Et en 2010, on a sorti un EP (ndr : MCDXXXI – MCDXL) et depuis ce disque, nous avons signé sur Hass Weg Productions. Rapidement, Oldar et Dalgrïn, qui étaient tellement impliqués dans le groupe, sont devenus membres permanents de MALMORT. Necrowarrior nous a ensuite quitté, mais sans la moindre animosité.
MI. Est-ce que vous vous revendiquez être inspirés par des groupes en particulier ?
Reicheran. Sans le revendiquer, je pense que notre musique reflète clairement ce que nous ont apporté tous les groupes de la scène norvégienne des années 90 : DARKTHRONE et MAYHEM bien sûr... On compose du plus profond de nous-mêmes, sans chercher à ressembler à quelque chose qui a déjà été fait. On fait simplement du Black Metal. On perpétue la tradition.
MI. La presse vous qualifie de "groupe de Black Metal médiéval". Qu'est-ce que tu en penses ?
Reicheran. C'est faux. Seulement nos paroles traitent de la période médiévale. Notre musique ne comporte pas d'ambiances moyenâgeuses. Les samples avec les chants religieux, à la limite.
MI. D'ailleurs, d'où te vient cette inspiration médiévale pour écrire les paroles des chansons ?
Reicheran. C'est une période qui m'intéresse énormément. La place très importante des religions à cette époque là est quelque chose de fascinant, et de voir ce qu'était l'humain au milieu de tout ça.
MI. Quels sont les périodes et concepts médiévaux qui t'intéressent et t'inspirent le plus ? Si j'ai bien compris, vous vous concentrez plus sur les mythologies médiévales françaises. Quelque chose qui s'apparenterait à du patriotisme ?
Reicheran. Oui, tout naturellement. On est Français, je ne vois pas pourquoi il faudrait aller chercher ailleurs, sachant qu'il y a tellement de choses à raconter et à perpétuer. Notre culture et notre patrimoine historique m'inspirent énormément. Le mysticisme, l'humain, la religion, l'occulte à l'époque également. Pour revenir au début de la question, il n y a pas de période précise qui m'intéresse, mais bien toute l'ère du Moyen Age. Du XIème, XIIème siècle, jusqu'à la Renaissance.
MI. Pour toi, aborder des thèmes comme ceux-ci, peu communs dans le Black Metal en général, c'est une façon de se démarquer ?
Reicheran. Je ne cherche pas forcément à me démarquer en écrivant et en faisant cela. C'est quelque chose qui me tient à cœur, donc je le fais.
MI. Votre EP de 2010 et votre premier album longue durée, Vox In Excelso, sont parus sur le label Français Hass Weg Productions. Pour l'instant, quel est le bilan de la collaboration avec ce petit label qui commence à faire parler de lui ?
Reicheran. C'est que du bénéfique. Roland, le patron du label, est très impliqué dans ce qu'il fait. J'avais fait sa rencontre au moment de la sortie de notre EP, et c'est tout simplement quelqu'un de passionné. On continue de travailler avec lui, car c'est quelqu'un qui se dévoue totalement à la cause de l'Art Sombre.
MI. Pour rester un peu sur l'album... Il est paru le premier janvier 2012. Etait-ce délibéré de votre part ?
Reicheran. Non, non. Malgré ce que l'on pourrait croire, c'était sans arrière pensée.
MI. Que signifie le nom du premier titre, "XIII October MCCCVII" ?
Reicheran. C'est la date de l'ordre d'arrestation des Templiers en France. Le roi Philippe Le Bel a envoyé une lettre à tous ses officiers, et ils ont fait une arrestation dans toute la France. Dans la mesure où plusieurs confréries étaient disséminées dans tout le pays. C'est durant cette journée très particulière que l'ordre d'arrestation a été donné partout. C'est quelque chose de fort et de symbolique, historiquement parlant. Les Templiers étaient partis en croisade et avaient perdu le royaume de Jérusalem. Ils sont rentrés en France, avec toutes les richesses qu'ils avaient récupérées pendant ce périple. Ils étaient devenus plus riches et plus puissants que le roi Philippe. Ca lui faisait de l'ombre. Il a cependant essayé de négocier avec eux pour partager les richesses, mais les Templiers ont refusé.
MI. Un clip est sorti pour le morceau "Cruciatus". Pourquoi avez-vous choisi ce morceau là, plutôt qu'un autre ?
Reicheran. C'est un morceau intense. Ca nous a paru efficace à retranscrire en images.
MI. Dans le clip, on peut entendre des bruits de torture, voir des images de templiers... De quoi parle ce morceau, et de quelle façon peut-on le rapprocher des extraits vidéos que l'on peut voir ?
Reicheran. "Cruciatus" parle du moment, après l'arrestation des Templiers, durant lequel ils ont été interrogés. Et donc torturés. Ils étaient accusés de blasphème, de reniement du Christ, d'adoration diabolique. Egalement, les rumeurs voulaient que les Templiers aient un rite initiatique, qui consistait à cracher sur la Croix et qu'il fallait baiser l'anus de son frère Templier pour rejoindre l'ordre.
MI. Ce qui était faux ?
Reicheran. Mystère. Impossible de le vérifier. C'est cependant certain que c'est ce qui a servi de prétexte au roi pour les faire arrêter.
MI. Vous avez déjà eu l'occasion de partager la scène avec des groupes de renommée comme INQUISITION, BORGNE... Quels souvenirs gardez-vous de ces concerts ? Ce sont des groupes que tu apprécies particulièrement ?
Reicheran. INQUISITION, j'aime bien, oui. On avait joué avec eux à Saint-Etienne. Ils dégagent vraiment quelque chose d'aussi puissant que démoniaque. C'est minimaliste, mais ça reste réellement intense. C'était vraiment bien de partager l'affiche avec eux. BORGNE aussi, évidemment : c'est martial, c'est glacial... C'est sans répit. En plus, ils utilisent une boîte à rythmes vraiment froide. On est quand même un petit peu plus Rock N' Roll qu'eux.
MI. Vous n'avez pas encore fait de réelle tournée pour promouvoir Vox In Excelso. C'est envisageable pour vous d'en faire une ?
Reicheran. Nous sommes en préparation pour le nouvel album à vrai dire. Et nous n'avons jamais eu l'occasion de faire de tournée tout court. C'est très dur à organiser. Mais j'espère qu'on arrivera à organiser quelque chose. On a fait que des concerts avec des affiches qui nous plaisaient. Il faut que ce soit d'essence Black Metal. Je préfère vraiment intégrer une affiche axée seulement Black Metal qu'un mélange de genres.
MI. Par exemple, tu ne te verrais pas jouer dans un festival comme le Hellfest, réputé pour son éclectisme ?
Reicheran. Non, je ne pense pas. A la limite, je préfère les grands festivals de Black Metal comme il y'en a en Allemagne ou en Belgique dernièrement. Le public Black Metal est composé de personnes passionnées et impliquées. Je ne vois pas l'intérêt de jouer devant d'autres personnes qu'elles.
MI. Dans les mails que nous nous sommes échangés, et sur Internet également, tu appelles les concerts de MALMORT des "Danses Macabres". Pourquoi ? Qu'est-ce que cela veut dire pour toi ?
Reicheran. C'est un terme médiéval. C'était un art, principalement pictural. Le but était de représenter la Mort qui dansait avec plusieurs personnes de chaque catégorie sociales. On trouvait généralement ça dans les églises. Ca parodiait quelque part le statut social. Tout le monde peut se retrouver avec la Mort.
MI. On est déjà à la fin... Un mot à rajouter ?
Reicheran. Rien de spécial. Merci à tous ceux qui nous soutiennent. Merci à toi et à Metal-Impact pour l'interview.
Ajouté : Lundi 24 Mars 2014 Intervieweur : Hizia Lien en relation: Malmort Website Hits: 9858
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