DISMAL FAITH (it) - Morph (2013)
Label : Nadir Music
Sortie du Scud : 15 avril 2013
Pays : Italie
Genre : Metalcore alternatif
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 35 Mins
Il y a dans le mot métamorphose une partie de Morph. Une grande partie même et c'est peu dire que cette révélation de l'ordre de l'Ultime se démarque de la simple coïncidence. DISMAL FAITH est ce genre de corbeille à fruits qui orne une table, qui la rend accueillante. Parfois, c'est du fake, une imitation plastique, une vulgaire tripotée de bananes cirées. Et parfois, c'est du pur, de l'authentique, une invitation à croquer dedans. Les papayes se mêlent aux ananas dans une symphonie acidulée et de ce fourre-tout, on retiendra surtout le mariage des saveurs. Si j'ai choisi d'imager ainsi cette présentation, c'est parce que DISMAL FAITH revendique et assume son côté pluriculturel (certains feront rimer le mot avec "poubelle" et ils n'auront pas forcément tort). Il y a dans ce premier album à boire et à manger, dans des proportions déraisonnées, gargantuesques. Une formule à volonté bien racoleuse qui te ferait presque oublier qu'en dépit de toute la bonne volonté et l'appétit du monde, on ne peut jamais faire plus que manger.
Pourtant, les Italiens ont ce truc en plus qui s'appelle une bonne paire de couilles. Incapables de décrire sobrement leur musique, ils préfèrent évoquer un mélange-bouillasse de Groove, Neo, Crossover, Thrash, Death et Hardcore et semblent plutôt fiers de cette sombre purée. Ce n'est pas un secret, j'aime les preux chevaliers. Hélas, vous aurez peut-être déjà compris que Morph est un disque très limité, le plus majestueux et interloquant des problèmes étant ce manque total d'identité. Pléthore de voix, panachage improbable d'ambiances mais harmonie inexistante, il y a dans cet album un amateurisme qui rebute. Je ne dis pas que DISMAL FAITH s'est mis au Metal sans rien y connaître, mais inévitablement, en écoutant des compositions bancales comme "Skizotypal", "Tears" ou "After The Earthquake", il y a quelque chose de cet ordre-là. Les Transalpins estompent épisodiquement ces déséquilibres en donnant une belle couleur à certaines chansons (je pense à une "Serenity" presque Metalcore ou à "Not For Me", pas mal dans le genre single), mais ces flashs lumineux sont définitivement trop anecdotiques pour qu'on se remémore durablement Morph. Quand ce n'est pas une voix claire nasillarde à l'accent à couper au couteau (Phil Collins, sors de ce corps !), c'est un passage blasté totalement cafouillé qui vient rompre un semblant de magie naissante. DISMAL FAITH veut bien faire mais souffre terriblement de ses propres errances, combinées à une production un peu frugale. Il demeure cependant un espoir, et en vérité, il ressemble à l'énergie vaine qu'un chroniquer désespéré mettrait en œuvre pour sauver les apparences. Peut-être que fort de sa cacophonie inoffensive, DISMAL FAITH vient de créer un style, une marque de fabrique, un courant et qu'on comprendra la pertinence de ce chef d'œuvre absolu dans quelques années, quand mélanger Zumba et Folk Metal, Dubstep et Neo Metal (comment ça, c'est déjà fait ?) n'aura plus rien d'une chimère.
En attendant ce jour béni des dieux, on se souviendra surtout de Morph comme d'une sortie excessivement malhabile, poussive et déséquilibrée. D'ailleurs, s'en souvenir tout court serait déjà une bonne chose. Car d'un groupe actif depuis 2004, qui a testé sa solidité sur deux démos, qui s'est frotté à la dure loi de la scène, on attendait simplement plus que des hommages éparpillés, qu'un puzzle aux pièces manquantes. Et si à défaut de faire son outing, DISMAL FAITH trouvait son chemin, ça nous ferait déjà plaisir pour eux.
Ajouté : Samedi 08 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Dismal Faith Website Hits: 6578
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