SLATSHER (FRA) - Human Light Leakage (2013)
Label : Spheres Records
Sortie du Scud : 3 mai 2013
Pays : France
Genre : Death Metal atmosphérique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 64 Mins
Pourquoi les Lorrains ont-ils de grandes oreilles ? Parce qu'à la naissance, leurs parents les ont pris par les feuilles de chou pour leur montrer a quel point l'Alsace est belle. C'est sur cette petite pointe d'ironie régionaliste que je voulais commencer ma chronique. Non pas pour instaurer un climat d'hostilité à ce papier, mais parce qu'entre Lorrains et Alsaciens, c'est souvent à celui qui a la plus grosse. SLATSHER sera un adversaire difficile à terrasser. Eux ont une chose que je n'ai pas ; cette capacité à se montrer persuasifs sans même dire un mot. Originaire de Jarny en Meurthe-et-Moselle, ce groupe du Nord-Est français formé en 2007 déboule avec un premier album fort à propos et qui provoquera assurément les premières vagues de chaleur de l'avant-été 2013. Parce que leur Death Metal est d'un genre très particulier, à la fois décent et incandescent, suffoquant et terrassant. Les gériatres de la région peuvent s'équiper, leurs lits médicalisés ne vont pas désemplir.
Je le disais plus haut, c'est sans dire un seul mot que SLATSHER part au front. Dans le genre ouverture qui te fout un sacré coup de grisou, "Human Error" est plutôt pas mal. On commence par une progression à tâtons dans un univers saturé de bruissements et de lignes mélodiques puis on enchaîne sur un Death Metal cyclique avant de retomber sur une plate-forme chaotique intemporelle. En 6 minutes et 40 secondes, les Lorrains ont déjà frappé très fort puisque l'auditeur n'aura d'autre alternative que de se montrer curieux quant à la suite des évènements. Cette suite, c'est "Vorarephilia (Mosaic Of Flesh And Blood"), un nom qui ne doit rien au hasard puisque cette pratique à caractère sexuel se distingue du cannibalisme par l'absence d'entrave ou de liens. C'est donc en hommes libres que les SLATSHER dévorent tout sur leur passage. Le moindre espace, la moindre respiration est mise à profit pour faire exploser ce Death Metal aux structures fracturées. Alors que "Luci", un poil plus technique (entre NECROPHAGIST et WITHIN THE RUINS) succède à l'interminable "The Faceless Man" (peut-être un clin d'œil à THE FACELESS ?), c'est tout l'album qui change de dimension. De fil en aiguille, SLATSHER pose les fondations de son empire, à grands renforts de passages planants, d'ambiances atmosphériques, d'un riffing haché-menu et de lentes chutes rythmiques qui s'achèvent dans le fracas d'os brisés. Légèrement trop torturé à mon goût, Human Light Leakage joue avec les codes et les habitudes pour en extraire un Death Metal 2.0 digne d'un gang-bang impie entre MESHUGGAH, ARSIS, CYNIC et ATHEIST au cœur duquel DREAM THEATER jouerait le rôle de la trousse à bites. Ainsi, si les neuf minutes de "The Adamant" peuvent sembler excessives (quoique, le final épique et syncopé fait bon effet !), d'autres morceaux plus terre-à-terre s'avèreront séduisants avant d'être magistralement ponctués d'un "Great Loop" tout en finesse et en volupté.
Si effectivement SLATSHER surfe cheveux au vent sur la vague Death moderne, sorte de gloubi-boulga incohérent qui veut marier de force Death Metal et autres expérimentations, ce Human Light Leakage n'est pas encore assez jusqu'au-boutiste pour en devenir écœurant. Au contraire, ce premier effort est résolument prometteur pour une formation qui semble déjà avoir trouvé son identité musicale. Et sachant que cette dernière lui offre une source de possibilités intarissable, SLATSHER aura le devoir de dépasser les limites de la création au prochain coup. Croyez-moi, ils ont beau être lorrains, ils en ont les moyens.
Ajouté : Samedi 08 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Slatsher Website Hits: 6466
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