Il est parfois plus qu'intéressant de voir à quel point la musique peut-être un outil diablement efficace pour s'exprimer. MEKAORA, un jeune groupe français, a décidé en 2009 d'insuffler à ses revendications un son bien massif et rentre-dedans. Avec cette première démo nommée Quelques Milliards d'Atomes sortie en 2013, ils tentent une percée sur une scène déjà bien garnie. Cependant, ce n'est pas sans une certaine expérience que la troupe se lance, les membres ayant déjà effectué quelques premières parties bien burnées avant de se former (ETHS, HEAVEN SHALL BURN, GOJIRA...). Ces gaillards n'ont visiblement pas l'intention d'œuvrer dans la demi-mesure. Et pour cause ! Du Metalcore, ce n'est certainement pas le style le plus fin de toute la sphère du Metal. Mais bon, pour ce coup-ci, nous allons éviter de rappeler la magnifique réputation qu'a le "Core" au sein de notre belle communauté.

En tout cas, on peut dire que la démo démarre fort ! Des samples électros, un petit riff grassouillet et un bon gros bourre-pif en guise de chant. Autant vous dire qu'avec une telle entrée, mieux vaut être prudent ! Même si avec seulement trois titres, le voyage ne semble pas bien mouvementé, les p'tits gars savent éviter la plupart des pièges. Comment ? En variant, tout simplement ! Evidemment, ça peut paraître simple comme bonjour, mais si vous saviez le nombre de formations qui n'ont jamais pris en compte ce petit détail qui fait tout, vous prendriez peur. En tout cas, on a ici droit à un fond de Metalcore teinté d'une atmosphère Death mélodique discrète avec un chant oscillant entre growls granuleux et chant Hardcore made in France. Un mélange bien délicieux d'autant plus que les instruments sont pertinents et ne frappent pas à l'aveuglette. Ça fait mal par là où ça passe. Et puisque la langue utilisée est celle de Molière, autant en profiter et se délecter du songwriting qui est très intéressant à écouter sous ses airs moralisateur et finalement représentatif de notre bonne vieille société de consommation sur laquelle on se plaît tant à vomir notre haine. Pour le reste ? Pas grand-chose à signaler. Les morceaux défilent à une telle vitesse que l'on ne voit pas passer le petit quart d'heure qui compose la démo. Et pour un style aussi lourd et redondant, je peux vous assurer que c'est bon signe ! Il ne reste plus qu'à étoffer un peu la production afin de rendre le tout plus explosif, et après cela, plus rien ne pourra les arrêter. En tout cas, même s'il est bien difficile de juger le talent d'un artiste avec un temps d'écoute aussi restreint, cet échantillon qui nous est livré ici, en plus d'être de bonne facture, nous prouve que la scène française en a tout de même sous le pied. D'ailleurs, vu l'ampleur de la chose, il serait peut-être temps pour les contrées voisines de se méfier un peu. Les coups de pieds au derrière, ça fait rarement du bien.

Vous l'aurez compris, cette démo est une réussite bourrée de bonnes idées. Si sur la forme, elles peuvent paraitre un peu désordonnées, elles sont bel et bien présentes et concrètes sur le fond. Pour une fois, le manque d'originalité contraste avec une sincérité qui m'a sérieusement bluffé. Mais une question existentielle demeure : quand est-ce que la suite va se présenter ? Non pas que je sois impatient, mais quand même les gars... Trois titres en hors-d'œuvre, ce n'est certainement pas ça qui va calmer notre faim !