ALESANA (usa) - The Emptiness (2010)
Label : Fearless Records
Sortie du Scud : 26 Janvier 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Screamo
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 50 Mins
"C'est un cauchemar. Ma Annabel est-elle vraiment partie ?". C'est sur ces paroles guillerettes que nous entamons notre descente aux enfers, ou plutôt devrais-je dire, notre descente dans le vide. The Emptiness est sorti en 2009 sous Fearless Records, encore un label qui va s'implanter dans la liste de mes favoris, et à juste titre. Costumes et mèches sont de la partie. Vous l'aurez bien compris, nous parlons aujourd'hui d'ALESANA, qui avec ce disque, en est à son troisième méfait. Ces gars viennent de Caroline du Sud et sont au nombre de 6. Shawn Milke aux vocaux/guitare/claviers, Denis Lee aux vocaux hurlés, Patrick Thompson et Jake Campbell aux guitares, Jeremy Bryan à la batterie et Shane Crump à la basse. Accrochez bien vos ceintures, cette histoire glauque empoisonnera vos rêves ! C'est en tout cas ce qui est dit dans le livret.
Aborder cette œuvre sans même comprendre les paroles serait quelque peu. Pour vous éclairer un peu sur la chose, nous sommes en 1898 et une femme est morte, assassinée, si j'en crois ce qui est écrit. Le mari de la dulcinée, quant à lui, sombre dans la folie au fur et à mesure que l'album défile. Autant vous dire que ça démarre fort ! Pour ce qui est de la musique, notre bande ne s'est privée de rien ! Interludes aux violons, narrateur à la voix peu rassurante, parfois même nous avons le droit à quelques mots de la défunte. En outre, tout est mis en place pour nous permettre de bien nous plonger dans l'ambiance. Vous vous attendiez à un lot de compositions farfelues et complètement hystériques ? Il n'en est rien ! Ici, les ricains sont aux petits soins avec chaque morceau et les ont tous peaufinés afin de les rendre oppressants et mystérieux à souhait. Ils peuvent être nerveux tel un "The Murderer" ou un "The Thespian" et son intro à vous faire repeindre les murs en rouge écarlate ainsi que son clip à la fois morbide et sublime. Mais ALESANA n'est pas un groupe de brutes, oh que non ! Finesse est même le mot d'ordre chez eux. "A Lunatic Lament" en est la preuve vivante sous ses airs mélancoliques. Lorsque l'on arrive sur la deuxième partie de l'album, les morceaux se veulent plus joyeux. Le chant de Shawn est plus glamour que jamais, mais les screams stridents de Denis ne manquent pas de nous replonger dans une noirceur sans précédent. D'ailleurs, les vocaux, parlons-en. Notre criard de service excelle dans le domaine des hurlements aigus, mais il s'essaye également aux growls caverneux et là, ça coince un chouïa. Même s'il n'en fait pas usage à tire-larigot, on aurait aimé qu'il s'abstienne un peu plus. Bizarrement, même si tout cela n'est pas monstrueux de technicité ("Hymn For The Shameless"), tout est mis en œuvre pour que l'on apprécie, un peu trop si vous voulez mon avis. N'étant moi-même pas un mordu de Screamo, ALESANA serait bien placé pour me convertir. Je me surprends à frissonner sur des pistes comme "In Her Tomb By The Sounding Sea". Tantôt anodine, tantôt inquiétante, la musique qu'il faut écouter si l'on veut vibrer sans prise de tête. Mais là où nos mécheux font fort, c'est pour l'outro. Ils nous ont réservé le meilleur pour la fin, comme s'ils effectuaient un sprint final après une longue course effrénée. Enfin, pour en revenir à la fameuse dernière piste, "Annabel", elle nous donne tout ce que l'on veut : complaintes émotives de Shawn sur le début, s'ensuivent des guitares complètements folles. Pour le coup on regretterait presque d'entendre Denis sur ce morceau, même si son acte de présence tombe à pic en plein sur le solo énergique. "And now, the dream is over !" Eh oui, toutes les bonnes choses ont une fin ! Au moins, on ne pourra pas se plaindre que ça se termine brutalement, car on nous le répète un bon paquet de fois. Mais lorsque l'on écoute les violons agonisant une ultime fois, nous ressentons comme une peine. Une peine que cela se termine, une peine de devoir quitter le monde de The Emptiness, qui nous hantera à jamais.
Sur cette galette, l'ALESANA qui jadis était éprit d'une terrible frénésie est mort. Aujourd'hui c'est sous un jour nouveau qu'il se montre. Plus travaillé et plus sombre, The Emptiness n'en reste pas moins un très bon opus, et qui plus est, nous propose une excellente qualité d'écriture pour le peu que l'on ai quelques notions de la langue de Shakespeare. Enfin, je terminerais sur ces quelques mots, n'oubliez jamais la vraie valeur de la musique. Elle n'est pas là pour nous apporter un lot de technicité ou de complexité fade et sans âme, elle nous raconte un sentiment, un vécu, une histoire, une passion.
Ajouté : Vendredi 28 Février 2014 Chroniqueur : Nash Score : Lien en relation: Alesana Website Hits: 6708
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