C'est avec un espoir renouvelé que je retrouve les ricains de MISS MAY I. Leur premier LP m'avait laissé une impression mitigée. Le groupe avait su démontrer qu'il maîtrisait son domaine et savait délivrer un son carré, sans bavure, grâce en partie à la production impeccable de Joey Sturgis. Malheureusement, les compos sonnaient clichés et trop classiques dans le monde du Metalcore, ce qui a nui à l'ensemble. Et Dieu sait que ce genre a besoin d'innovation ! Alors, peut-on parler d'évolution avec leur deuxième album, Monument ? Oui assurément, et dans le bon sens qui plus est. Néanmoins, contrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre de ce deuxième disque (chroniqué ici dans sa version "deluxe"), on ne tient pas non plus un chef d'œuvre. Je m'explique.

Tout d'abord, dès "The Hardship", le groupe démarre en trombe avec un son massif et puissant. La production ultra-carrée de Sturgis n'y est évidemment pas pour rien. La qualité de composition qui ressort des arrangements fait plaisir à entendre. De plus, elle reste globalement constante sur l'ensemble du LP. Cela se ressent principalement du point de vue des guitares. Que ce soit sur les parties mélodiques ou plus agressives, Justin Aufdemkampe et B.J. Stead assurent ici un travail remarquable. Le duo a su condenser le meilleur du Metalcore avec brio. Ainsi, on se laisse facilement entraîner par leurs riffs accrocheurs et ingénieux. Le groupe prend également soin de diversifier ses compos d'un titre à l'autre. Une variété qui constitue l'une des grandes forces de cet album. Elle apporte un plaisir sans cesse renouvelé, même après plusieurs écoutes. Au niveau du chant, même constat. La qualité est au rendez-vous. Levi Benton et Ryan Neff savent placer leurs vocaux clairs ou hurlés là où il faut. Derrière les fûts, Jerod Boyd dévoile également de belles capacités, que ce soit sur les parties "blasts", qui témoignent d'une grande maîtrise technique, où celles plus posées.

Puis, comment prétendre chroniquer cet album sans évoquer ses breaks ? Sur ce coup-ci, MISS MAY I a mis le paquet pour nous offrir des breakdowns carrément jouissifs, avec ces riffs percutants et ambitieux soutenus par les blasts de Jerod Boyd et un chant hurlé nickel. C'est l'un des atouts majeurs de cet album, que MISS MAY I utilise d'ailleurs sans modération. Et Dieu sait qu'ils ont raison ! Ils sont cadrés pour des agitations frénétiques de la caboche. En outre, déjà qu'on a grand plaisir à l'écouter, cet opus nous réserve encore quelques bonnes surprises. On retrouve ainsi une belle intro à la KILLSWITCH ENGAGE sur "Masses Of A Dying Breed" ; le tube en puissance avec ses riffs entraînants, son chant clair qui me procure carrément des frissons et sa magnifique conclusion. On peut également citer le début de "Forbidden", avec un break direct, dès le début, et d'autres petits plus, que je vous laisse découvrir de par vous-même.

En revanche, si le groupe s'efforce de varier ses compos, elles restent encore trop imprégnées d'un Metalcore / Deathcore classique. Un classicisme qui persiste tout au long de l'opus. Du coup, à partir de "Gears", l'album se révèle un peu trop homogène et s'essouffle. C'est bien dommage au vu des capacités dévoilées par MISS MAY I. Les titres "Creations" et "Colossal" passent carrément à la trappe, n'apportant rien de nouveau. La parfaite maîtrise du quatuor est même remise en cause sur "We Have Fallen", un peu brouillon sur la fin. D'autre part, le groupe tente d'apporter plus de douceur sur "In Recognition". Cependant, là où THE DEVIL WEARS PRADA avec "Louder Than Thunder" s'était révélé convaincant, MISS MAY I, malgré l'utilisation d'un riff entraînant, s'y casse légèrement les dents. Le résultat reste donc mitigé, d'autant que la voix claire de Benton n'a rien d'exceptionnelle. Heureusement, le combo se rattrape par la suite avec le titre éponyme : "Monument", plus intéressant, qui rassemble ce que le groupe fait de mieux. Enfin, avec "Rust", MISS MAY I s'offre une belle conclusion, forts d'un morceau à l'image de l'album : convaincant, avec ce qu'il faut pour headbanger.

Avec ce deuxième opus, MISS MAY I a su s'imposer à travers un Metalcore / Deathcore massif, puissant, tout en proposant des mélodies convaincantes. Dans l'ensemble, le groupe s'est appliqué pour nous proposer une musique de qualité. Cependant, moi qui les avais suivis sur leur premier opus, j'aurai aimé qu'ils sortent un peu plus des sentiers battus pour trouver une musique originale, novatrice et ainsi, tirer leur épingle du jeu. Malheureusement, l'ensemble, bien que varié dans les compos, reste trop classique et n'apportera rien de nouveau dans le genre. Malgré tout, si vous êtes amateur de musique extrême à la recherche d'un bon son sans prise de tête, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Et prenez la version deluxe tant qu'à faire, qui nous propose trois titres supplémentaires, tous de qualité. Enfin, laissez place au bonheur ! Que demander de plus ? Fin de citation.