Lorsqu'un groupe possède une solide réputation dans le domaine, il est toujours intéressant d'analyser leurs débuts, qui, pour certains groupes, se révèlent aux antipodes de la renommée qu'ils se sont taillés par la suite. Bon, avec le recul, ceux-ci pouvaient se révéler prometteurs, mais de là a dire qu'on pouvait y prédire les aspirations futures du groupe, il y a un gouffre. MISS MAY I, formation américaine fondée en 2009 et originaire de Troy, Ohio, en fait partie. Ce groupe se compose de Levi Benton (chant et paroles), Justin Aufdemkampe (guitare) et B.J. Stead (guitare rythmique), Ryan Neff (basse et chant) (qui part rejoindre ROSE FUNERAL en 2007, remplacé par Josh Gillespie) et Jerod Boyd à la batterie. Néanmoins, Neff revient en 2009 remplacer Josh Gillespie, qui ne supporte pas la vie de tournée. Avant cet album, nos Ricains ont à leur actif un EP, Vows For A Massacre en une démo, tous deux parus en 2008. Apologies Is For The Weak est leur premier album studio. Un opus qui aura suscité chez moi de l'intérêt, mais aussi du mépris, voire de la révolte. Je m'explique.

Dès "A Dance With Aera Cura", le ton est donné : le groupe pratique un Metalcore classique, qui converge vers le Deathcore. Ainsi, on retrouve deux types de chants hurlés, un Screamo et l'autre plutôt growlé, ainsi qu'un chant clair qui se révèle intéressant. La production signée Joey Sturgis (THE DEVIL WEARS PRADA, ASKING ALEXANDRIA, BURIED IN VERONA, WE CAME AS ROMANS entre autres et chargé également de la composition, -une exclusivité pour sa part- et du mixage) est carrée, nette et sans bavure sur l'ensemble de l'album. Chacun des différents membres du groupe s'applique pour ne pas faire d'erreurs, ce qui donne une exécution soignée. Les guitares développent de jolies mélodies, des riffs convaincants et des solos non dénués d'intérêt ("Arms Of The Messiah" ou "Harlots Breath" notamment). La batterie remplit bien son rôle. Les différentes accélérations et passages plus posés sont parfaitement exécutés. Les blasts se révèlent intéressants et ne manquent pas de piquant, comme sur "Blessing With A Curse" ou "Forgive And Forget".

Cependant, on a beau reconnaître que c'est carré, net et sans bavure, la sensation d'une musique ultra formatée, reprenant toutes les recettes d'un Metalcore / Deathcore basique, est présente tout le long de l'album. Les guitares, par exemple. BJ Stead, Justin et Ryan ont beau maîtriser leur sujet sur le bout des doigts, ils ne se sont pas foulés pour chercher de nouvelles compos. En conséquence, celles-ci sonnent ultra-cliché dans le genre, que ce soit du point de vue des breakdowns ou des accords plus mélodiques. Et comme le groupe ne fait même pas l'effort de nous proposer un peu de variété, ce son se révèle, pour une oreille entraînée, carrément barbant à la deuxième ou la troisième écoute qui suivent de très près la première. Voire franchement indigeste à plus long terme. On tombe ici, et j'en suis le premier désolé, dans cet immense bourbier de groupes dont la musique formatée constitue le Metalcore (BULLET FOR MY VALENTINE à partir de Fever (2010), ALL THAT REMAINS, IT DIES TODAY, pour ne citer qu'eux).

Ce premier album de MISS MAY I m'aura donc laissé une impression mitigée. Autant le groupe possède un potentiel indéniable, on le sent à l'écoute de ce premier opus parfaitement exécuté. Mais l'utilisation de compositions qui sonnent clichées et creuses quand on les regarde de plus près ne joue pas vraiment en leur faveur. Néanmoins, les Ricains se rattraperont par la suite en accouchant de cette véritable bombe qu'est Monument, en 2010. Il faut donc considérer ce LP comme celui d'un groupe débutant, qui n'a pas encore compris comment exploiter pleinement ses capacités, mais qui, du coup, saura nous étonner de si belle manière par la suite. Et rien que pour ça, chapeau bas les gars. Vous n'avez nul besoin de vous excuser. Mais ça, vous l'avez déjà compris. Bon vent, et à la prochaine !