NOEIN (FRA) - Infection.Erasure.Replacement (2013)
Label : Klonosphere
Sortie du Scud : 3 mai 2013
Pays : France
Genre : Cyber Death Metal industriel
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 57 Mins
Un peu de machisme pour commencer ne fait jamais de mal. NOEIN, c'est le plaisir des yeux, en plus de celui des oreilles. Avec à bord deux gorgones aussi ravissantes qu'avilissantes, Jenni et Cindy, n'importe quel capitaine un peu désorganisé se laisserait désorienter. Seulement voilà. Jenni, ce n'est pas le chant subtil et hypnotique des sirènes. C'est le hurlement déchirant d'un paysage post-apocalyptique qui fige le temps. Cindy, ce n'est pas la basse rondouillarde et chaleureuse qui régale de sa présence narcotique. C'est la lame qui troue la peau dans un bruissement d'horreur proche du glas. Et tout ça, ça fait partie de la personnalité de NOEIN, une drôle de bestiole si vous voulez mon avis. Formé en Normandie en 2007, probablement sous l'effet du bon cidre doux plutôt que de la pluie qui tombe sur les vaches rousses blanches et noires, le projet s'affranchit en ce printemps 2013 pluvieux et froid, fort désormais d'un premier album qui pue le pneu brulé sur une surface d'asphalte étrangement rutilante.
Empruntant un peu de son âme au Death Metal moderne, ultra-groovy et machinal qui séduirait pléthore d'androïdes, Infection.Erasure.Replacement n'était pas un disque censé me faire cracher le morceau aussi facilement. Problème. Au-delà d'un professionnalisme qui mettra tout le monde d'accord (sans parler d'un mixage parfait, œuvre du brillant Thibault Chaumont du Deviant Lab Studio), ce premier effort studio déploie ses ailes en même temps qu'un univers saisissant de réalisme. Ce n'est pas le futurisme plan-plan de SYBREED qui est dépeint, ni même les anachronismes spatio-temporels d'un FEAR FACTORY, mais bel est bien un Death Metal mastoc, aussi mordant et douloureux que de la peau prise au piège d'une fermeture éclair, resitué au 22ème siècle par le biais de samples et d'ambiances industrielles un peu sci-fi sur les bords. Infection.Erasure.Replacement est une œuvre intensément épique, qui brûle les bronches de sa chaleur solaire, qui intercepte le mouvement de va-et-vient de l'air dans vos poumons grâce à une vitesse d'exécution qu'il était difficile de soupçonner. Refusant de se rapprocher du courant Djent malgré des passages extrêmement saccadés, l'album se construit progressivement avec ses temps forts ("Will Live" m'apparaît comme une évidence avec son chant un peu plus aérien, comme si Agnete Kjølsrud avait insisté pour placer son grain de sel dans l'affaire), ses trois interludes qui représentent chaque mot constituant le titre du full-lenght et ce qui ressemble fort à un rappel avec l'oppressante "The End", qui vient triomphalement achever la bête. Le contexte, la mise en œuvre, l'application, tout est très séduisant dans cet album, peut-être même un peu putassier puisque structuré sur une vague Modern Cyber Death Metal qui tourne à plein régime actuellement. Ce n'est pas comme si NOEIN venait de créer quelque chose, mais c'est suffisamment crédible pour s'y méprendre l'espace de 44 minutes, le silence redevenant une lourde claque, difficile à assumer.
Du haut d'un Infection.Erasure.Replacement très pro, très carré mais aussi très policé, NOEIN s'est surement fait pas mal d'amis. Le potentiel est quelque chose qui se lit dans le regard et ma foi, s'y l'on puise suffisament de courage pour fixer ce groupe normand dans les yeux, on y trouvera une paronymie assez flatteuse. Sérénité d'un côté. Sévérité de l'autre. Et un océan de possibilités sous leurs pieds.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Noein Website Hits: 6622
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