MADONAGUN (FRA) - Resurrect On The Razor Edge (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 15 janvier 2010
Pays : France
Genre : Metal extrême progressif
Type : EP
Playtime : 4 Titres - 21 Mins
Tout le monde à le droit de porter un gun, même la Madone. Il ne faut pas chercher plus loin l'origine du nom MADONAGUN. Excusez-moi, on me signale dans mon oreillette que la NRA est sur les dents pour proposer un sponsoring aux Parisiens. Il faut dire que le sujet était moins d'actualité au moment de la sortie de Resurrect On The Razor Edge en janvier 2010 mais que depuis, les fusillades s'enfilent à la une des médias comme des perles et que si c'est nécessaire, la Sainte Vierge a aussi besoin d'avoir son propre Beretta. Quant à ce projet musical, s'il n'est pas nécessaire de le plomber, il convient de s'en méfier. MADONAGUN, ce sont deux frangins qui officient dans ETERNAL MAJESTY et ANTAEUS, une doublette de Black Metal assez furieuse ainsi qu'un ancien de la maison SILENCE. Pour peu qu'on fasse le raccourci, on pourrait facilement s'imaginer que cet EP est un disque fratricide et détestable, rassemblant les meilleurs idées de la scène Black tricolore. Sauf que Resurrect On The Razor Edge s'adresse ouvertement aux fans de MESHUGGAH, NEVERMORE, PANTERA, TEXTURES et SCAR SYMMETRY et que ça n'a rien de vraiment iveule.
MADONAGUN ne s'en cache pas. L'idée était clairement d'écrire un EP à l'identité forte et aux idées précises. S'il fallait s'en tenir à ça, j'aurais dit que cet essai est transformé. Hélas, ce n'est pas aussi simple et il y a tout un tas de paramètres qui entrent en jeu. Oui, Resurrect On The Razor Edge est un effort percutant, un truc qui te choppe la jugulaire et qui te la sectionne aussi sec. L'expérience de ces musiciens se fait sentir dans le maniement des guitares qui déversent un flot de notes complexes, hachées, déroutantes. On passe d'une syncope meshuggienne à une polyphonie mélo-technique en trente secondes sur l'éponyme pendant que "Fallen Angels" revisite un groove jazzy avant d'enchaîner sur des éléments plus Hardcore, de proposer des arrangements un peu symphoniques et de s'achever sur une décadence épico-mélodique. Rythmiquement, c'est très au-dessus du lot et franchement palpitant. On ne sait jamais à quoi s'attendre et MADONAGUN prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Après, il y a aussi de quoi relativiser un engouement qui semblait promis aux Parisiens dès "In The Middle Of Nowhere". Le camaïeu vocal par exemple, qui traverse différentes tonalités, n'est pas franchement toujours harmonieux. Rien à dire sur le chant gutturo-crié, Mattjö tient la baraque. Pour ce qui est des murmures nasillards, c'est plus difficile d'en apprécier la justesse, pour peu que justesse il y ait. Enregistré au studio Sainte-Marthe, Resurrect On The Razor Edge bénéficie de toute l'agressivité nécessaire pour tamponner l'auditeur et lui faire passer un sale quart d'heure. Et inversement, on a parfois tendance à trouver ce Metal extrême et progressif un peu convenu, un peu couru d'avance à l'image de ces gémissements de femme suppliciée qui implore qu'on ne lui tire pas une balle dans la tête avant de céder sous le bruit de la détonation. Le clin d'œil aux flingues se fait donc dans les derniers instants de "The Willows Of Sorrow" sans qu'on s'en souvienne comme d'un élément franchement marquant.
En définitive, ce groupe audacieux est bourré d'idées exploitables et ne s'est pas privé de les travailler sur leur premier album, Grovel At Her Feet, paru en 2012. Déjà à l'époque, Resurrect On The Razor Edge laissait entrevoir un potentiel qui ne demandait qu'à s'émanciper. C'est toujours une satisfaction très bleu-blanc-rouge de voir un représentant français prendre du galon après des débuts contrastés, mais c'est aussi la preuve que le travail et l'abnégation peuvent vite faire oublier la banalité d'un style dont les ficelles sont désormais connues comme le loup blanc.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Madonagun Website Hits: 5626
|