HORD (FRA) - The Book Of Eliot (2013)
Label : Send The Wood Music
Sortie du Scud : 22 avril 2013
Pays : France
Genre : Metal moderne
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 43 Mins
Chronique jardinage. En ce mois d'avril 2013 plutôt frisquet, léger décalage pour les asperges. Après le cerfeuil et la rhubarbe, il est temps de cultiver le talent. Pour cela, vous pouvez planter HORD directement en pot et asperger ses racines de semence masculine ou de cyprine directement collectés après l'écoute de The Book Of Eliot. Un anti-limace ou un anti-grosse-tête peuvent servir en cas d'expansion subite de l'égo. Parce qu'il est vrai qu'avec ce troisième album, les Nîmois mériteraient bien l'autorisation d'arpenter la scène Metal tricolore en bombant le torse. Cette attitude détestable, ce m'as-tu-vu narcissique, ce dédain ne peut se légitimer qu'au travers des plus grandes œuvres musicales et aujourd'hui, je crois sincèrement que The Book Of Eliot se rapproche de cette catégorie. Et vous savez quoi ? HORD est probablement un groupe trop humble pour se permettre d'avouer qu'ils ont écrit une bête de CD qui va forcer ces grands princes du Metal français à regarder dans le rétro. Les DAGOBA, les ETHS, les GOJIRA verront leur avance fondre comme peau de chagrin à cause de cet opus attachant et construit. Mais ne nous attardons pas sur d'hypothétiques querelles de clocher.
Immédiatement, HORD prend l'auditeur au dépourvu. Le concept reste le même. Une peinture savoureuse des moments qui précèdent l'apocalypse. Plutôt explicite sur The Waste Land en 2010, elle se matérialise ici sous la forme d'un journal intime, tenu par un Eliot dont on ignore finalement l'identité. La cohérence voudrait qu'il s'agisse de l'Elie biblique, prophète annonciateur de la fin des temps mais les faits rappellent que le poète anglais Thomas Stearns Eliot a écrit en 1922 un recueil du nom de... The Waste Land. C'est donc extrêmement incertain, tout comme l'est cet opus. Pour l'avoir écouté et réécouté plus que de raison, je suis arrivé à la conclusion que The Book Of Eliot est la bande-originale d'un film qui n'est pas encore sorti, mais qui sera certainement un gros succès en terme d'image et de cinéma, tout comme ce disque l'est en terme de son et de musique. Il est construit de telle sorte qu'on s'abandonne littéralement à la rêverie, aux visions les plus lunaires. Il déleste notre corps de tout sentiment de pesanteur. Pourquoi ? Pour une raison très simple. Son ossature implique un début, une fin et entre les deux, un récit au scénario époustouflant. "Analepsis" est une passation de pouvoir flagrante entre The Waste Land et The Book Of Eliot qui découle sur un "Confession" tonitruant. Avec ses cadences à la MESHUGGAH et son dédoublement vocal, ce premier vrai titre semble réajuster la personnalité du précédent album à la nouvelle dimension d'HORD. Indiscutablement, les Nîmois ont changé d'univers entre ces deux efforts. Difficile de mettre des mots sur les raisons qui motivent ce changement. Tout part surement de l'extrême énergie qui est mise en œuvre pour rendre le concept post-apocalyptique aussi complexe que passionnant. Le groupe passe le plus clair de son temps à faire bouger les lignes, à rompre les rythmes, à juxtaposer les vocaux, à faire sa petite tambouille d'arrangements planants sans sombrer dans la facilité d'un Djent moderne et gavant. Et même si ce troisième album est le plus progressif de tous, on ne peut que se réjouir de constater que la signature HORD est toujours fièrement apposée au bas du contrat. Alors qu'"At The Gate" marque un premier tournant de par ses aspérités tubesques, on se retrouve nez à nez avec "The Sleepless Journey" qui marque une violente rupture, comme si se refermait une parenthèse que se chargera de rouvrir "Landscape With The Fall Of Icarus", la brutale "The Unwaverings" ou l'épique "On Collision Course". Il en sera ainsi tout au long de ces 43 minutes qui ne cesseront de surprendre comme autant de portes qui claquent sans le moindre courant d'air.
HORD est une présence fantomatique qui tournoie dans l'âme et qui vous fait devenir quelqu'un d'autre. Si vous avez la chance de refléter leur instinct, vous serez assurément métamorphosé en une personne meilleure. N'ayant jamais cessé d'être sur une pente ascendante depuis le début, le combo atteint désormais des hauteurs stratosphériques. Je ne les connais pas personnellement mais j'en meurs d'envie, tout comme je meurs d'envie de dire que ce succès est mérité. Car on ne peut pas être aussi sincère si on est un sale con.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Hord Website Hits: 6744
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