HEAVEN SHALL BURN (de) - VETO (2013)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 22 avril 2013
Pays : Allemagne
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 49 Mins
Vous imaginez Valérie Trierweiler traverser nue les rues de Tulle sur un magnifique étalon à la robe neigeuse ? Non, ce n'est pas la première dame de France qui est représentée sur la pochette du dernier HEAVEN SHALL BURN mais Lady Godiva, peinte en 1898 par John Collier. La légende raconte qu'aux alentours de l'an 1000, l'épouse de Leofric (non, pas celui du PSG) l'a sommé de réduire les taxes sur Coventry, ce à quoi il a répondu qu'il s'y engageait si cette dernière parcourait les rues de la ville dénudée sur un cheval. Quel beau symbole finalement en cette période interminable de crise et de taxations que le message véhiculé par Veto. Mais ce n'est en rien surprenant. Les Allemands d'HEAVEN SHALL BURN sont et ont toujours été des petits malins, des tribuns engagés, déterminés, musicalement armés pour mettre en évidence les plaies infectées de la société moderne. Je n'ai d'autre choix que de me réjouir à l'arrivée d'un septième album qui sera à l'évidence une énième diatribe venimeuse, trois ans après un Invictus rageur et cinq après un Iconoclast inoubliable.
HEAVEN SHALL BURN, ce n'est pas du Deathcore, ce n'est pas du Metalcore, c'est pire que ça. CARNIFEX, CHELSEA GRIN, WHITECHAPEL, ASKING ALEXANDRIA, tout ça est aussi hasardeusement que religieusement rangé dans la même boîte mais c'est une simple histoire de torchons et de serviettes. Les Allemands ont depuis toujours une identité musicale, un sens de la composition inoxydable, un grain métallique tout particulier, œuvre d'un Alexander Dietz passé maître dans l'art de la production (Ours Is The Storm de NEAERA ou encore Catalogue Of Carnage de MISERY SPEAKS). Ces nombreux éléments se reflètent au cœur d'un Veto omnipotent, massif, granuleux, inébranlable. En somme, on pourrait dire qu'HEAVEN SHALL BURN fait du HEAVEN SHALL BURN en réutilisant indéfiniment ce riffing casse-cou, ces roulements de batterie qui tambourinent à en assourdir un éléphant, cette voix si dérangeante et pourtant si attachante qui sort du gosier de l'adorable Marcus Bischoff. Mais c'était sans compter sur leur statut de pointure, qui découle automatiquement sur un album forcément différent du précédent, lui-même différent de son prédécesseur et ainsi de suite. Alors en ce qui concerne Veto, s'il fallait relever l'un ou l'autre spasme, on parlerait forcément de "Die Stürme Rufen Dich An", étonnante réinterprétation modernisée d'"Endzeit" ou de "Land Of The Upright Ones", composition la plus représentative de ce qu'est devenu HEAVEN SHALL BURN au cours de toutes ces années. Je n'aime pas spécialement évoquer leurs albums en décortiquant maillon après maillon, comme la carapace d'une crevette. Je suis d'avis que cette formation fait partie des rares qui sortent des disques qui s'apprécient d'un bloc, sans chercher à trancher entre le beurre noble et le petit lait. Effectivement, une chanson comme "Valhalla" ne laisse pas d'autre alternative que d'en parler. Mais quand même, j'ai du mal à mettre cette proposition surprenante sur un strapontin, tant l'"Antagonized" qui lui succède a du mérite, au même titre que les déflagrantes "Fallen", "Like Gods Among Mortals", la conclusion épurée et nostalgique "Beyond Redemption" ou "53 Nations" qui trahit la présence en filigrane de Rob Franssen et de Dominik Stammen, respectivement chanteur et guitariste chez BORN FROM PAIN. Pour ce qui est de l'attraction de Veto, il s'agit d'une reprise du morceau éponyme de BLIND GUARDIAN sorti en 1989 sur Follow The Blind avec en invité d'honneur, le mythique Hansi Kürsch venu soutenir cette initiative audacieuse. Quant au résultat, il vaut simplement le détour. Je n'en dis pas plus.
Enfin, vous pouvez être jaloux des heureux détenteurs de l'édition 2CD qui ont acquis pour quelques deniers de plus un bel objet enrichi de quinze titres live, enregistrés à Saalfeld le 21 décembre 2012. Comme toujours, HEAVEN SHALL BURN a mis les petits plats dans les grands pour régaler sur tous les fronts. Ce septième album n'est surement pas le plus imaginatif ni même le plus transcendant, mais il est de loin le plus complet jamais écrit par un groupe qui grandit en même temps que sa haine du pouvoir. Cette haine qu'on devrait tous avoir et qui explique d'une façon ou d'une autre pourquoi l'Homme est une créature aussi repoussante qu'immorale.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Heaven Shall Burn Website Hits: 6598
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