Pourquoi j'ai l'impression de connaître Disclosing avant même de l'avoir écouté ? Et pourquoi on n'arrive pas à finir un rêve quand on se réveille en plein milieu ? Autant de questions et autant de réponses apportées par FALLASTER. Ce groupe français dont l'âme est tarifée 150€, soit le prix d'un aller-retour en train entre Lyon et Paris, les deux villes de leur cœur, s'adresse ouvertement dans leur musique "aux fans d'UNDEROATH, SAOSIN et BRING ME THE HORIZON". Et ça, ça tombe foutrement bien parce qu'autant j'adore le Post-Hardcore, autant je n'ai aucunes affinités avec ces trois références, si ce n'est de l'amour vache pour les derniers cités. Ce qui me fait secrètement espérer que ces Français se trompent d'objectif et que je pourrais facilement leur trouver des points d'attache avec EMAROSA, DEVIL SOLD HIS SOUL, BREACH voire même peut-être leurs excellents compatriotes de BIRDS IN ROW. Deuxième album, sorti près de sept ans après Everything Is Alright, Disclosing peut donc être considéré comme une seconde chance à saisir en vol, aucune continuité n'ayant finalement été greffée au premier opus, si ce n'est le discret EP Mystar en 2008.

Alors on repart de zéro. On efface tout et on recommence, comme si FALLASTER était un groupe de débutants sans vraiment en être un. C'est d'ailleurs tout le paradoxe de cette sortie. Un doux parfum de professionnalisme se mêle aux erreurs de jeunesse, le tout enveloppé dans un enrobage pas forcément suranné mais définitivement attendu. Si Disclosing était une couleur, contrairement à la luminosité de cette pochette, il serait un camaïeu de gris. Certaines compositions sont éclairées, comme touchées par la grâce ("In The Long Run" ou l'apaisante "What We Are Here For"), d'autres s'obscurcissent au fur et à mesure que les secondes s'égrènent. C'est le cas pour "Say Goodbye", un brin nostalgique ou pour la rugueuse "Alike In The Distance And Difference" au final épique. Globalement bien pensé, bien écrit, cohérent dans sa logique Post-Hardcore complexe, atmosphérique et parfois mélodique, Disclosing est une œuvre sombre, qui s'efforce de respecter une ligne de conduite. Oui, la musique de FALLASTER est très adolescente, un peu fleur-bleue, pas franchement surprenante, mais elle est par-dessus tout un concentré d'effluves Hardcore et d'ambiances presque théâtrales, dramatiques, à l'image de "Now I Can See Blue Skies", un très gros cliché en guise de sortie. S'il y a bien un parallèle qui tient la route, ce serait celui qui pousse FALLASTER et SILVERSTEIN à regarder dans la même direction. On retrouve ces coïncidences sur "Someday", sur "In The Long Run", qui ne cachent pas leurs ouvertures popisantes, tombants dans un Punk / Rock facile. Pour brancher, ça peut être pas mal. Risqué, mais pas mal. Le groupe a une personnalité vraiment séduisante, un charme dans sa façon de rendre son Post-Hardcore mélodique et touchant. J'ai cependant un gros blocage avec le chant d'Anthony. Cette dualité entre screams et vocaux épurés rappelle un peu la complexité du duo Mike Hranica / Jeremy DePoyster qui sévit au sein de THE DEVIL WEARS PRADA. Sauf qu'ici, rien n'est aussi idyllique. Parfois on n'y voit que du feu ("What We Are Here For", encore). Et parfois, on se frotte les tympans, parce qu'Anthony semble forcer sur certains aigus (par exemple sur "Someday", à 2'45''), ce qui rendrait presque musical le bruit d'une craie qui déraille sur un tableau. A part ça, Disclosing n'a pas de réel défaut. De même qu'il n'a pas d'impressionnantes qualités. Dans ce style qui commence doucement à devenir saturé, FALLASTER a des idées mais encore trop peu de bouteille.

Ce serait surement vache de botter cet essai en touche en espérant qu'ils feront mieux au prochain coup. Disclosing est peut-être un opus fragile, difficile à appréhender et encore plus à apprécier, mais il est aussi et surtout le miroir d'un travail de titan sur les arrangements, sur l'écriture, sur l'exécution, sur l'émotion et quelque part, sur la sincérité. Dans cette optique d'efforts généreux, je ne peux que les encourager à poursuivre leur démarche, en les incitant à aller jusqu'au bout d'eux-mêmes, à peaufiner leur personnalité et à nous offrir leurs tripes, en oubliant de ressembler effectivement d'un peu trop près aux références susnommées.