ONSLAUGHT (uk) - VI (2013)
Label : AFM Records
Sortie du Scud : 20 septembre 2013
Pays : Angleterre
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 39 Mins
Certains comeback puent la réunion capitalisant sur le passé à plein nez, d'autres au contraire respirent la sincérité et la passion. Lorsqu'en 2007 sortit Killing Peace des anglais d'ONSLAUGHT, il n'y avait pas à tergiverser, à verser dans le débat de la crédibilité, tant l'album exhalait un parfum de santé virile et d'authenticité indéniable. Et si le quintette n'avait jamais brillé de son vivant dans les années 80 (même si The Force reste un très bel effort de Thrash glauque et poisseux), sa résurrection avait transfiguré ses qualités et son inspiration au point de le transformer en acteur de premier plan de la scène extrême mondiale.
2011 et Sounds Of Violence n'avaient fait qu'entériner ce postulat, et si quatre années avaient été nécessaires pour établir définitivement le retour de la bête, deux auront suffit pour apprécier une fois de plus l'agressivité et la créativité du combo.
Me voici donc en plein été 2013, coincé entre les touristes découvrant Paris et un climat capricieux, à devoir jauger les efforts fournis par ONSLAUGHT pour proposer un nouvel album plein d'allant justifiant les quelques heures indispensables à la préparation de ce laïus. Et bien les gars, bravo, je ne regrette aucune minute passée devant mon PC pour laisser les effluves de votre Thrash défoncé m'emmener aux limites d'un AVC !
Calembour oblige, je dois reconnaître que VI est un brûlot, de ceux qui vous agitent les neurones quarante minutes durant, comme à la grande époque des années 80, lorsque chaque semaine drainait son flux de LPs riches en vitamines et en accélérations à la nitroglycérine.
J'avais déjà employé ce mot à l'occasion de la review de Killing Peace, et je persiste ! Car quelle autre matière hautement explosive convient mieux à la description de la musique des Anglais, qui ont une fois de plus soigné leurs compositions au point de nous livrer neuf hymnes sur un même disque ? Mais au-delà de l'essence même de cet album, à savoir les chansons, ONSLAUGHT a accompli un véritable travail d'orfèvre, au point de ciseler chaque intro pour la rendre mémorable et initiatrice d'une boucherie à venir. Et sous une production léchée, mettant tant en relief les graves de la rythmique que les médiums des guitares et du chant, se cache l'album Thrash du deuxième semestre, sans aucun complexe car pratiquement imperfectible.
Si "Chaos Is King" place d'emblée les débats sous le signe de la vélocité, il faut le voir comme un signal de départ ferme, un coup de sifflet fatal qui prévient les conduits auditifs de la sauvagerie à suivre. Qui elle, sera maîtrisée ou ne sera pas. Car ONSLAUGHT a toujours dosé la puissance pour la rendre plus compacte et efficace. Tous les ingrédient sont là, les riffs francs, les vocaux véhéments, les refrains guerriers, les rythmiques élastiques et versatiles. Une version bien personnelle de la guerre contre la monotonie ambiante, la platitude harmonique et la tiédeur décibellique. "Fuel For My Fire", aux doux relents d'EXODUS enfonce le clou, avec ses couplets écrasants et son refrain fédérateur, et comme le brame Sy, "There's nowhere to run, there's nowhere to hide !". Mais si Mic, le nouveau batteur s'amuse sur un final ad lib à crasher ses cymbales délicatement tout en appuyant sur sa double pédale, c'est aussi pour révéler une des facettes les plus méconnues du gang, à savoir sa finesse au niveau des arrangements.
"Children Of The Sand" et ses accents orientaux est un must, ne le cachons pas. Une tuerie Heavy pesante, durant laquelle Sy se lâche et accède aux inflexions les plus rauques de son interprétation, tandis que le duo basse/batterie s'en donne à cœur joie et pilonne à tout va. Break lourd comme le soleil du désert, guitares alternant l'aridité et la moiteur acide, tout fonctionne, et dessine au loin dans l'horizon des réminiscences de MORTAL SIN teintés d'un MEGADETH le plus créatif.
Si "Slaughterize" reprend plus ou moins les mêmes recettes que "Chaos Is King", "66 Fuckin' 6" est le genre de parpaing directement envoyé à la face des éternels ados que nous sommes, et se pose en haut fait de l'album, avec sa syncope diabolique et son refrain aussi simple qu'entêtant. A ranger aux côtés des "Toxic Waltz", "Mad Butcher", et autres "Caught In A Mosh" au rayon des saillies Thrash éternelles. Et surtout, sur la même rangée mémorielle que le malin "Tested To Destruction" qui agitait avec panache Killing Peace.
"Cruci-Fiction" n'altère en rien la progression, et creuse encore plus la tombe des griefs à formuler, tandis que "Dead Man Walking" flirte dangereusement avec le proverbial "Verbal Razor" qu'on retrouvait sur le séminal Fabulous Disaster d'EXODUS, encore eux ! Après tout, quel mal y'a il a reconnaître l'influence de ses contemporains ? Aucune, je vous l'accorde, surtout lorsque celle-ci est de qualité !
"Enemy Of My Enemy" n'a plus qu'a refermer violemment la porte, ce qu'il fait avec une poigne indéniable, le temps d'un vers aussi fatal qu'évident, "The enemy, of my enemy, becomes my friend !".
D'ennemis ici, ONSLAUGHT n'a point. Nous sommes tous d'accord pour affirmer que d'outsiders à l'époque, ils sont passés au statut enviable de figure incontournable dont chaque sortie nous enthousiasme. En continuant de pratiquer un Thrash efficace et traditionnel tout en s'adaptant aux exigences de leur époque, les cinq anglais relèvent défi sur défi, et s'imposent sur la durée, loin du feu de paille possible que représentait leur reformation en 2005.
VI, dont la sobriété du titre n'a d'égal que la pertinence du propos, n'autorisera pas leurs détracteurs à aiguiser avec rancœur la lame de l'exécution, tant il n'offre que peu de place au hasard et à l'approximation. Bien des jeunes combos peuvent en effet rêver un jour d'atteindre le niveau de leurs aînés, tant en efficacité qu'en franchise.
En 2013, même si l'été se veut terne et propice à l'ennui, il nous restera toujours des âmes bienveillantes pour venir nous sortir de notre torpeur. Et nous ramener dare-dare vers notre jeunesse, sans nous faire passer pour des vieillards.
ONSLAUGHT en fait partie.
Ajouté : Lundi 23 Septembre 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Onslaught Website Hits: 7846
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