Les Succubes, ces êtres légendaires qui prenaient l'apparence des femmes pour mieux séduire les hommes et asseoir leur autorité, ont de tout temps alimenté l'imaginaire collectif, nous captivant ainsi par leur aura mystérieuse et nous effrayant par leurs noirs desseins... Avec ce nouveau cycle de la collection « Secrets du Vatican », c'est en plein cœur de la Révolution Française que nous retrouvons les charmes sulfureux des disciples de Lilith.
Après la perte irrémédiable d'Olympe de Gouges, écrivaine des « Droits de la Femme et de la citoyenne » et guillotinée en 1793 pour s'être cru l'égale des hommes, la mystérieuse confrérie des Filles de Lilith voit de nouveau s'évanouir leurs espoirs. Renforcées par leur influence croissante, ses adeptes féminines profitent alors de l'avantageuse position de Robespierre au sein de la Convention pour refermer les mailles d'un filet annonciateur d'une machination vengeresse...
Le scénario de Thomas Mosdi ( « Korrigans », « Les Passants du Clair de Lune », entre autres ) est entièrement ficelé autour de faits historiques réels. Cet ouvrage pince donc la curiosité et donne envie de se plonger dans des livres spécialisés ! Ainsi, après quelques recherches, on apprend que l'Incorruptible, de son pseudonyme très évocateur, a effectivement instauré le culte de l'Etre Suprême, qu'il a connu une certaine prophétesse répondant au nom de Catherine Théot (ici Supérieure des Filles de Lilith), et que certains personnages évoqués tels que Barras, le royaliste Henri Admirat, et quelques autres, ont bel et bien croisé la vie du « tyran »... Une telle étude des faits historiques force l'admiration car c'est une période de l'Histoire instable et prolixe en évènements divers. Mosdi a réussi un sacré tour de force en intégrant à cette époque une société secrète basée sur la légende des Succubes. Il met à l'honneur la Femme et, sans se vouloir pour autant féministe, nous entraîne dans une intrigue politico-historique intemporelle grâce à un rythme soutenu, sans aucuns temps morts et une narration quasiment absente mais parfaitement superflue dans le cas contraire.
Quant à Laurent Paturaud, il n'est pas en reste. Dessinateur des « Passants du Clair de Lune », où il signait alors sa première collaboration avec Mosdi, il illustre ce scénario d'un trait simple et réaliste, renforçant ainsi le côté historique de l'album. La preuve en est : la scène de l'instauration de l'Etre Suprême présentée dans ces pages est directement inspirée d'un tableau de Pierre-Antoine Demachy et frappe par sa ressemblance, à quelques détails près (visualiser l’image). Par ailleurs, le soucis du détail est totalement présent dans ses planches où il nous plonge littéralement dans l'époque révolutionnaire par des décors et des costumes appropriés.
Alors, forts de ces quelques précisions, je vous laisse découvrir ce premier tome d'une série qui, je l'espère, sera longue et tout aussi riche en références historiques ! A bon entendeur... Bonne lecture !