BIRDS IN ROW (FRA) - You, Me & The Violence (2012)
Label : Deathwish Inc.
Sortie du Scud : 4 septembre 2012
Pays : France
Genre : Hardcore moderne
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 36 Mins
Cent mille mots qui viennent en tête. Cent mille mots qui viennent en tête, et la possibilité de n’en retenir que sept cents. Ecouter BIRDS IN ROW est un exercice compliqué pour ceux qui ont du mal à mettre de l’ordre dans leurs pensées. Quand on est chroniqueur, force est de constater qu’on n’a pas le choix. Ces Lavallois, à cause de leur Hardcore totalement illisible, insaisissable, sont du genre à donner du fil à retordre aux amateurs de phrases fluides et limpides. Car You, Me & The Violence n’est ni fluide, ni limpide et que généralement, ce genre de postulat a une incidence sérieuse sur la plume la plus innocente. Je ne crois pas qu’il soit possible de ne pas savoir quoi dire de cet album. Au pire, on pourra facilement le détester et exprimer ses griefs de manière véhémente, pour peu que se faire brutalement trainer dans la boue n’est pas une partie de plaisir. Certains découvriront avec BIRDS IN ROW l’aspect le plus morbide de leur personnalité et écouteront le diablotin perché sur leur épaule qui s’amuse à glisser dans leurs oreilles des suggestions provocantes et immorales. D’autres fermeront la porte à la recherche d’un lieu de vie moins souillé. Et cette vie, forcément, continuera d’une manière ou d’une autre.
You, Me & The Violence est un moment de sexe sale, entre boue et coton. Toujours pénétré, parfois en méprisant tout consentement, parfois avec douceur et volupté. Mais pénétré quand même. « Pilori » symbolise le voyeurisme malsain dont font preuve les Français. Cette première composition débute par un larsen violent, moins agréable encore qu’une craie qui déraille sur un tableau. Puis tout fout l’camp. Entre des guitares qui s’acharnent, des lignes rythmiques explosives, un chant qui transpire le mal-être, chaque élément de cette présentation concise envoie un peu de son vice dans l’oreille d’auditeurs désabusés. On ne met pas longtemps à comprendre que BIRDS IN ROW est un de ces VRP venu nous vendre un Hardcore chaotique et nouvelle génération. Vous savez, le truc un peu intello, un peu barré mais qui se cache derrière son inaccessibilité pour masquer sa profonde intelligence. On n’a pas vraiment envie de s’extasier sur la musicalité de cet album (musicalité qui frôle le néant, soit-dit en passant). Par contre, son côté abrasif, rugueux, punky, décomplexé et « in your face » laisse rêveur. Les morceaux s’enchainent rapidement et on surprend même des influences urbaines sur « Cold War Everyday » qui marque un vrai décalage stylistique au cœur de ce concentré de Violencecore. La production simpliste ne souffre d’aucune imperfection. Et pour cause, Amaury Sauvé (qui a déjà travaillé avec TASTE THE VOID, lire par ailleurs) est aux manettes. Je pense sincèrement qu’il a parfaitement compris les désidératas du groupe et que son travail de qualité est une valeur ajoutée à la pertinence de cette sortie. Et alors qu’on ne s’attendait plus vraiment à de grandes effusions de beauté, on se retrouve avec un « Lovers Have Their Say » qui touche un peu au Rock progressif et qui représente plus d’un tiers de la durée de cet opus, soit treize minutes sur un total de trente-six. Le contraste véhiculé par cette conclusion n’a rien d’inédit. Seulement, il atteint des proportions assez démesurées et si, musicalement parlant, il ne se passe pas grand-chose sur cette chanson, on pourra au moins dire que BIRDS IN ROW a eu les couilles de prendre son monde à contre-pied.
Si on ne se souvient pas de You, Me & The Violence pour ses « Guillotine », « Grey Hair » ou « Last Last Chance », on s’en souviendra au moins pour ce coup de bluff, qui imposera ces Lavallois comme étant des mecs culottés et libres. Leur œuvre est à leur image : percutante, volontaire, crade et soulagée de toute barrière. Ils ne sont assurément pas à l’origine de cette nouvelle vie pour le Hardcore. On pourrait même reprocher à ce genre de projet de tuer le style. Mais c’était sans compter sur quelques frissons et cent mille mots.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Birds In Row Website Hits: 8680
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