TOMBSTONE HIGHWAY (it) - Ruralizer (2013)
Label : Agonia Records
Sortie du Scud : 12 mars 2013
Pays : Italie
Genre : Doom Metal / Southern Rock
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 47 Mins
Le petit citadin bobo qui va rendre hommage à la campagne profonde. Voilà le fil rouge choisi pour conduire cette chronique. C’est bien la première fois en quelques 700 papiers qu’un groupe est fier de sa salopette en jean, de son chapeau de paille et de l’épi de blé qu’il chique grossièrement. Tout ça inspire un peu la ruée vers l’or, le texan de base qui a défloré plus de porcs-épics et d’enfants que de femmes, le soleil brulant du Nouveau-Mexique, les crânes de buffles qui sèchent sur la paille et les tumbleweeds qui sillonnent discrètement le bitume tranquille. Pour tordre le cou à ces clichés, il faut assurément se rendre sur place. Mais franchement, avec un groupe de la trempe de TOMBSTONE HIGHWAY en face de soi, comment faire pour passer outre ces différents stéréotypes ? Le duo italien (cherchez l’erreur) joue à fond le jeu de la ruralité bête et méchante, un concept à faire pâlir de jalousie la Creuse entière. Et au-delà de toute appréciation musicale qui sera propre à chacun de vous, je peux déjà annoncer haut et fort que ce « concept » donne le sourire, ce qui n’est en soi pas si mal.
Ruralizer, ce n’est finalement pas qu’un premier album. C’est également un évènement. On connaissait les velléités Rock N’ Roll d’Herr Morbid, le leader incontestable de la formation de Black dépressif FORGOTTEN TOMB. Voilà qu’aujourd’hui, il concrétise ses envies dans un registre beaucoup plus accessible. Car c’est bien lui qui est à la tête de TOMBSTONE HIGHWAY, accompagné officiellement par Emilio Sobacchi à la batterie et officieusement par Simone Feroci (basse) et Daniele Zoncheddu de KALEVALA (guitare). Passée la bonne surprise de redécouvrir un de mes artistes favoris sous une autre couture, l’analyse de ce premier effort me laissera carrément sur le cul. Le duo imprime sa griffe dans un Doom / Stoner teinté de Heavy Metal et de Rock sudiste. Pas trop vite le matin, doucement l’après-midi. C’est ainsi que Ruralizer choisit d’évoquer tour-à-tour LYNYRD SKYNYRD, MOLLY HATCHET, DOWN, ZZ TOP, poussant le vice jusqu’à rappeler l’époque bénite de BACHMAN-TURNER OVERDRIVE. Un soupçon de Zakk Wylde s’invite dans la danse et, si on voulait vraiment être chauvin, on pourrait dire qu’Herr Morbid est un grand amateur de JUMPING JACK. Impensable, et pourtant… « Old Blood » est un démarrage canon, lourd, catchy as fuck et d’autant plus charmant que Morbid y chatouille son banjo. Pour être franc, ça fait vraiment très péquenaud, très lieu-commun, mais cet album est à lui seul un récital de poncifs énormissimes qui font sourire. Herr Morbid est un mec malin. Je pense qu’il manie le second degré avec dextérité et, sous couvert d’expérimentations nigaudes, il sait très bien ce qu’il fait. « Acid Overlord », indispensable ou encore l’éponyme, aux rythmiques affreusement lentes, font office de moments forts pendant que la concise « Hellfire Rodeo » ou l’interminable « Graveyard Blues » sont plus dans l’anecdote. « Bite The Dust (And Bleed) » qui a un petit quelque chose du « Sharped Dressed Man » de ZZ TOP est une autre pierre angulaire de l’œuvre, sans parler de cette reprise pachydermique du « Mississipi Queen » de MOUNTAIN qui vient achever le bestiau. Relativement touffu et malpropre, cet opus a quelque chose de magnétique. Ça fait franchement du bien de se replonger quelques instants dans l’essence même du Rock, interprété par un artiste phare de la scène musicale extrême. Après, je ne suis pas convaincu qu’Herr Morbid aura une carrière aussi fructueuse dans ce registre, mais il se fait plaisir. Je peux comprendre ceux qui trouveront ce concept égoïste, d’autant plus que FORGOTTEN TOMB s’est franchement « déradicalisé » depuis plusieurs sorties. Pour ma part, j’ai juste passé un excellent moment de musique et à l’image de l’artiste remarquable qui tient la baraque TOMBSTONE HIGHWAY, je me fous du qu’en-dira-t-on.
Oui, effectivement, ce duo est le BLACK LABEL SOCIETY du pauvre. Moins de clinquant, moins de bling-bling, moins de m’as-tu-vu. TOMBSTONE HIGHWAY, parti de rien, ou si peu, a mis sa générosité dans sa musique et ne se cache pas derrière une grotesque coiffe de grand manitou. A presque 10.000 kilomètres de la Terre promise pour tout amateur de Southern Rock, les Italiens ont donné aujourd’hui un grand coup de santiag dans la fourmilière. Il y a peu de risque de voir les Américains s’émouvoir de ce Ruralizer sincère, mais sachez qu’il pourrait bien emmerder les plus hermétiques d’entre vous. Assurément le coup de cœur de ces trois premiers mois de 2013.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Tombstone Highway Website Hits: 7720
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