THYRFING (se) - De Ödeslösa (2013)
Label : NoiseArt Records
Sortie du Scud : 1er mars 2013
Pays : Suède
Genre : Viking Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 46 Mins
Répondez-moi franchement. THYRFING n’est-il pas le groupe le plus excitant de cette foutue scène Viking Metal ? Je n’ai pas dit le meilleur. Je n’ai pas dit le plus extraordinaire. Simplement le plus excitant. J’ai encore en tête Hels Vite et ses compositions écrasantes. Il est à mon sens l’un des trois meilleurs albums de 2008, une époque où ma pseudo-carrière de pseudo-chroniqueur commençait à peine. Vous n’imaginez pas ce que représentent ces cinq années de silence. Ce n’est pas une absence difficile à surmonter, quotidiennement parlant. C’est juste un vide qu’on oublie, une douleur qu’on aimerait vivre plus souvent. Boire du Mjodr dans une défense de morse n’a jamais été chez moi une passion digne de faire l’objet d’un épisode de « Tellement Vrai ». Mais c’est vrai qu’avec THYRFING, plus qu’avec n’importe quel autre groupe, on se prend d’affection, l’espace de quelques heures, pour les us et coutumes de ces barbares. De Ödeslösa, septième album d’une discographie qui se remplit aussi lentement que surement, ne surprendra personne. Il n’est pas l’album bâtard qu’on a peur d’envisager, bien au contraire.
Et dans cette logique, il s’avance déjà vers nous avec sérénité. Il y a une sorte de conscience professionnelle qui ronge chaque morceau de cet opus, le devoir d’être écrasant, auguste, solennel. « Mot Helgrind » est l’incarnation du THYRFING nouveau, très orchestral au début, presque un peu théâtral. Des claviers sonnants et trébuchants introduisent les guerriers dans la bataille, avant qu’un premier tir ne résonne peu avant la trentième seconde. Ce qui est extrêmement plaisant dans ce démarrage canon, c’est qu’il nous permet de faire immédiatement le rapprochement d’avec les derniers moments d’Hels Vite. Comme si le temps s’était suspendu. Grandes orchestrations, gros riffs, tempos militaires, tout y est belliqueux mais également passionné, enflammé. Les Suédois ne rigolent pas avec la notion de discipline, mais ce sera « Fordom » qui, déjà, portera le coup fatal. Savant mélange de « Griftefrid », d’« En Sista Litania » nappé de la sombre violence d’« Isolation », elle résume l’entité THYRFING à elle seule. Entre poésie, rythmiques martiales qui retombent toujours sur leurs pattes, voix torturées signées Jens Rydén et ce petit leitmotiv atmosphérique tout droit issu des claviers de Peter Löf, « Fordom » est le tube qui nous rappelle que les Scandinaves mettent de l’efficacité au service de leur créativité. L’intensité redescend d’un cran avec « Veners Forfall » qui fait un détour remarqué parmi leurs premiers travaux, vers Vansinnesvison pour ne pas le citer, notamment à cause de ce chant de tête folklo et de ces pianos envoutants. Même topo sur la déconcertante « Kamp » qui invite Toni Kocmut (WYVERN et ex-SINS OF OMISSION) sur une première partie décomplexée, épico-manouche, foutrement inespérée. Dans son ensemble, De Ödeslösa se révèle être moins homogène que son prédécesseur. On y retrouve davantage de références à leur culture profonde, des moments vraiment folkloriques, des arrangements très nordiques, presque cinématographiques (« Relik ») qui tranchent d’avec l’ultra-granulosité d’Hels Vite. Ça n’a rien d’handicapant, d’autant que le côté grandiloquent est toujours solidement enraciné dans l’ossature de ces différentes compositions. Enfin, sachez qu’après avoir tenu la batterie pendant 17 ans au sein du groupe, Jocke a pris le poste de bassiste et que Dennis Ekdahl l’a remplacé aux baguettes, boostant considérablement les cadences grâce à ses frappes rigoureuses et saccadées.
Allez, je ne vais pas faire de mystères plus longtemps. Si THYRFING reste THYRFING et ce, jusqu’à la moelle, on ne peut fermer les yeux sur la légère ouverture opérée au sein de De Ödeslösa. Ce septième album franc et généreux marque inévitablement une évolution musicale dans leur parcours, tant dans les nuances vocales qu’il propose que dans des structures qui se basent ouvertement sur les instructions de claviers omniprésents. Je reste à ce jour profondément convaincu qu’Hels Vite lui est supérieur, mais ce n’est rien à côté du plaisir que d’avoir de leurs nouvelles.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Thyrfing Website Hits: 7544
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