EXTOL (no) - Extol (2013)
Label : Indie Recordings
Sortie du Scud : 24 juin 2013
Pays : Norvège
Genre : Death Black progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 48 Mins
Certains groupent ne peuvent accepter la morosité ambiante, le conformisme. Ils refusent les petites cases dans lesquelles les journalistes et les fans veulent les placer, et ainsi, s’ouvrent des horizons quasiment illimités. Les premiers à avoir refusé de se conformer à une image/style furent les BEATLES, qui devinrent de fait des sorciers de studio, mélangeant leurs racines Rock/R N’B aux courants qu’ils inventaient la plupart du temps eux-mêmes. On pourrait aussi parler de LED ZEP, qui mixait Blues de tradition, Rock ténu, et influences celtiques. Mais aussi de ZAPPA, KING CRIMSON, les RESIDENTS, et dans un registre plus familier, RAGE AGAINST THE MACHINE, Devin Townsend, OPETH, KORN, et tant d’autres.
“Extol is the album that was planned all the way, but never materialized. Partly due to changes in the line up, but also because of the band´s urge to always reach for something new. The album is the recap of 20 years of Extol-history, both musically and lyrically.”
C’est en ces termes que parle David Husvik, le batteur d’EXTOL, justifiant de fait l’existence de ce sixième album longue durée du groupe. Car ce groupe, né dans le marasme des années 90, a en effet toujours cherché à repousser ses propres limites, quoiqu’il lui en coûte en terme d’exposition.
Alors EXTOL a choisi de retenir la puissance et les rythmiques alambiquées du Death, l’essence basique et sauvage du Black, mais aussi les mélodies pures du Folk moderne, et les arrangements nappés des 70’s. Drôle de mélange ? Certes, mais en parvenant à un équilibre parfait, EXTOL a donné naissance à une musique intemporelle, sublime, profonde et toujours surprenante.
En évoquant OPETH, je pourrais souligner les parallèles entre les deux groupes. Même attirance pour les climats en demie teinte, même amour des chemins de traverse. Mais là où OPETH privilégie la substance onirique, EXTOL appuie sur la thématique agressive, et s’aménage ainsi de véritables passages traumatiques/cathartiques, mis en exergue par de longs segments planants et envoûtants.
Et ce nouvel album éponyme ne fait pas exception à la règle. David parlait de résumé, de condensé du parcours de son groupe, et je valide ses propos. Si vous ne connaissez pas encore l’univers des Norvégiens, il est temps de corriger votre erreur. Sous peine de manquer une tranche de quasi perfection musicale ET aventureuse.
Sur des bases quasi Black contemporaines, EXTOL brode des thèmes qu’on pensait impossibles à juxtaposer avec la furie et la puissance venue de Norvège. Un peu comme si EMPEROR croisait le chemin de Nick Drake, sur fond de vieille carte postale illustrée d’un paysage désolé, mais riche en émotions. Je vais bien sur aborder le cas de certains morceaux essentiels, mais convenez d’abord du fait que cet album s’écoute d’une traite. Qu’il s’écoute comme on regarde une peinture, en appréciant d’abord sa beauté globale, puis en se concentrant sur des détails sublimes.
Globalement justement, le nom de CYNIC brûle plus d’une fois les lèvres. Même implication instrumentale, même choix de rythmes heurtés, même opposition entre accélérations sauvages et breaks étirés et planants. A l’exception près qu’EXTOL n’abuse pas des effets, et surtout, de ce vocoder dont Paul Masvidal semble inséparable.
Le morceau « Behold The Sun » est la parfaite illustration de cette comparaison qui semblera hasardeuse. Alternance étouffante de cavalcades rythmiques échevelées, contrebalancées par de courts intermèdes sobres et apaisants, c’est la passerelle la plus directe entre les mondes percussifs de David Husvik et Sean Reinert.
Mais pour être convaincus de la pertinence de la démarche des Norvégiens, soyez attentifs à des titres comme « Wastelands », alternant à outrance contretemps nerveux et imprévisibles, chœurs évaporés et climax atmosphérique doucereux, « Faltering Moves » et son hallucinant break central, mixant percussions martiales et nappes vocales sorties du néant, avant d’y apposer un solo de toute beauté, « Unveiling The Obscure » qui juxtapose des segments flirtant avec la Pop et des accélérations impromptues déstabilisantes, ou encore « Dawn Of Redemption » et sa longue intro/introspection qui vous replonge directement dans l’ambiance acide des 70’s.
EXTOL sait aussi laisser du champ à la puissance brute, comme le prouvent le tendu « Ministers » ou l’explosif et introductif « Betrayal ». Mais même en ce cas, leur créativité déborde pour transcender l’agression la plus primaire et la transformer en choc frontal condensé.
Mais il est certain que c’est dans les incartades les plus expérimentales que le combo est le plus à l’aise, comme je l’ai précisé auparavant, postulat confirmé par le stellaire « Extol », qui flirte de très près avec la désincarnation d’un Townsend des jours d’éclipse.
Après quinze ans de carrière, EXTOL arrive encore à nous faire écarquiller les oreilles, et prendre plaisir à nous introduire dans leur univers si personnel et particulier.
Le Metal peut s’enorgueillir de compter dans ses rangs de telles formations, qui bousculent l’évidence, tordent le cou aux idées préconçues et ne s’embarrassent pas du principe de respect des codes.
La transgression, lorsqu’elle atteint un tel degré de perfection n’est rien d’autre qu’admirable, et suscite l’adhésion massive.
Si jusque là, vous étiez étranger à cet univers, où que vous l’aviez délibérément ou non occulté, réparez votre erreur.
Les vrais créateurs sont rares.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Extol Website Hits: 9032
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