Il faut d’abord que je vous touche un mot de GUT-SCRAPERS qui rime avec Nîmes et avec Pierre Mercier (batterie) pour pierre angulaire, qui concrétisa cette synergie musicale en 2008, entre lui Fred (guitare), Florent à la basse ainsi que Thierry au chant. Une deuxième guitare, avec William, s’imposa vite pour nous asséner de riffs comme autant de scuds sur un champ de bataille, ou de canettes dans une concentration de bikers. GUT-SCRAPERS a pu s’attirer les lumières des projecteurs en assurant la première partie des FATALS PICARDS, de CRUCIFIED BARBARA.
Sur le Net, si certaines chroniques de l’album Gimme Your Soul trouvent au groupe des influences du côté du rock sudiste à la LYNYRD SKYNYRD, je constate sur la première écoute la vitalité des groupes made in Australia, au rock dépouillé mais bigrement efficace à l’image des KORITNI, AIBOURNE, et pourquoi pas ROSE TATOO pour les vétérans. GUT-SRAPERS, quelle énergie! Quel ressort ! A croire que chacun porte un slip kangourou ! Les conditions d’enregistrement sont très proches du rendu Live, le mix est toutefois un poil en retrait pour le chant.
Les Gut’s sont faits pour les planches et n’entendent pas se laisser enfermer de sitôt entre quatre planches. Belle entrée en matière avec « Cheers Motherfuckers » qui s’annonce comme l’hymne des aficionados du Rock’n’Loud. Un refrain vite mémorisable, même les soli guitares ne manquent pas à l’appel, les six cordes ont la part belle dans cet album. Les membres du groupe ne s’épargnent pas, ils s’investissent à fond et ça s’entend, ils font même bosser les enfants, Melissa et Marie, les voix sur l’outro du premier morceau, en témoignent. Ni foi, ni loi pour ces brigands des grands chemins, ils vont là où le vent les pousse, les chœurs à l’unisson, les riffs bien rock old school pour le bonheur des vieux routiers poussiéreux qui savent ce qu’ils veulent, un rien épicurien.
Au passage, il convient de noter, un art-work réussi de Claude Pelet avec un visuel qui révèle un prédicateur, au chapeau haut de forme, vous haranguant pour offrir votre âme au capitalisme de la bannière étoilée sous la menace de la faucille rouge sang du communisme.
Si les prestations se veulent très collégiales, avec les chœurs de chacun des membres, le titre « Angry » va être la vitrine d’une belle maîtrise technique, avec un relief marqué par les soli de Manu et Christophe, en invités. Des titres comme celui-ci évitent un jeu trop linéaire, peu contrasté. Il faut toujours faire attention au fait que l’énergie puisse dispenser tout groupe d’une écriture ou d’arrangements plus soignés, plus approfondis. Les Gut’s ne tombent pas dans le piège. C’est surprenant mais « Angry » offre quelques réminiscences de Prog’ de par le jeu plus technique des guitaristes et la grande part réservée aux soli.
La rythmique se fait parfois plus lourde, plus ronflante comme sur le titre éponyme de l’album « Gimme Your Soul ». Côté chant, Thierry s’en tire pas mal sur « Be On The Ball » avec une voix qui se module, dans plusieurs registres, au fil du jeu de la guitare, pour enchaîner sur un refrain à nouveau fédérateur.
La composition, au fil des morceaux, imprime des passages moderato/allegro donnant du relief aux arrangements. « Take Them Off » ne vous épargnera pas ses riffs imparables. Moment de grâce pour Florent et sa basse dans « Burden », avec un chant plus feutré, un texte peut être plus personnel, Thierry étant crédité de l’écriture.
Un morceau retient notre attention, « Got No Life », pour sa rythmique jumpy, et pour son chant à la voix plus éraillée, plus chaude en phase avec l’atmosphère du bush des papous.
« Thumbs Up » et « You Suck », avec leurs refrains, vont vous vriller la tête pour ne pas en sortir surtout que la rythmique se charge d’enfoncer le clou. Sur la croix, crucifié vous êtes… All I wanna give you is that rock’n’roll sound.
A l’écoute du premier album de GUT-SCRAPERS, on se dit que leur devise doit être : « Jouir maintenant ou périr ». Un rock’n’roll de bonne facture et on accepte de payer l’addition.