Après 3 démos (Delusive Eyes (1997), The Face Of Inner Apocalypsa (1999) et The Odeum Of Silence (2001)) et 3 albums (Akhu (2000), Thanalogy (2002) et Symbiotry (2003) ) suivis de 10 années d'un break interminable, INNER FEAR se décide enfin à sortir First Born Fear en 2012.

Nous retrouvons ainsi un line-up remanié avec Sergey Baidikov (chant masculin), Viktorija Anselmo (chant féminin), Libor Khopec Fausek et Ashok (guitares), Sergey Karshev (basse) et Martin Skaroupka dit Marthus (batterie et claviers), l'ex fameux batteur des CRADLE OF FILTH, leader et fondateur du groupe INNER FEAR depuis 1997.

Que nous réserve donc ce quatrième opus ? Selon le groupe, il aurait "laissé l'indus de côté et réorienté le groupe vers de nouvelles compos plus brutales, Metal et mélodiques". Nous verrons si la sauce finit par prendre avec cette nouvelle réorientation musicale. Il est aussi bon de rappeler que l'album est en téléchargement libre et en écoute intégrale sur leur site officiel.

Si côté communication avec ses fans et technologie dernier cri, le groupe est au taquet, cela devient plus difficile lorsqu'il s'agit de se montrer convaincant musicalement. L"'I.N.T.R.O" permet une agréable mise en bouche atmosphérique rapidement éventrée par "Fear Proclaimed" qui annonce une ambiance lourde alimentée par une voix growlée et un chant féminin qui n'apporte aucune légèreté au morceau mais renforce ce sentiment d'oppression. "Imprisoned In Forgotten Dungeon" voit le chant féminin manquer de puissance et ne pas trouver sa place au sein d’un morceau pourtant très bien composé. C'est le chant growlé de Sergey Baidikov qui accapare toute l'attention. Le morceau suivant "Lustmistress" nous plonge dans une saturation maximum pour la batterie qui se fait très Death Metal, le mélange est étonnant et fonctionne plus ou moins bien, nous laissant avec cette impression de fouillis ordonné. "I Watch The Blood Forever" est surement le morceau qui se détache le plus de l'opus avec ses faux-airs de "My Belief" de POSSESSED, sans le chant malsain de Jeff Becerra. La première belle réussite de First Born Fear. L'intro est des plus destructrices, inquiètante à souhait, la suite est une mitraille de riffs violents servis par un chant growlé infatiguable, une fois de plus accompagné de sa partie lyrique avec la voix de Viktorija Anselmo qui ne gache en rien la puissance du morceau (pour une fois ...). Un bel hommage rendu par INNER FEAR aux rois du Death Metal que sont les incontournables POSSESSED. Le reste n'est à mes oreilles que futilités. Les morceaux peinent à se distinguer les uns des autres et le chant à voyelle commence fortement à me lasser et m'agacer de par son inutilité. Seul "Akhu" attire mon attention, une nouvelle fois pour sa composition juste et son ambiance atmosphérique si particulière. La preuve que quand on veut, on peut !

En gros, First Born Fear est un album opaque, lourd à souhait mais offrant tout de même de belles atmosphères. La voix féminine ne devrait pas être aussi présente qu'elle ne l'est sur tout les morceaux. Elle manque de puissance et d'identité mais apporte un peu de clarté dans cet obscurantisme ambiant, notamment sur "I Watch The Blood Forever" et "Akhu". Le vrai chanteur de l'album est bien Sergey Baidikov qui s'impose sur tous les titres de l'opus ainsi que la batterie de Marthus quasi-omniprésente... Normal pour le fondateur et leader des INNER FEAR. Grâce aux nombreux arrangements symphoniques bien utilisés et justement placés, l'album se voit sauvé de la suffocation. Néanmoins, les fans de CRADLE OF FILTH, DIMMU BORGIR et autres sauront s'y retrouver.