OCTOBER FALLS appartient à la race de ces groupes à forte personnalité, dont la musique et les caractéristiques atypiques marquent les esprits au plus haut point. Du prometteur The Womb Of Primorial Nature (2008) à A Collapse Of Faith (2010), OCTOBER FALLS s’est toujours efforcé de proposer un Metal mélodique voire mélancolique, aux frontières du culte Pagan, au rythme de morceaux approfondis et développés au possible. A la grande surprise de votre serviteur, Mikko Lehto (leader, guitares, chants) vient de tourner le dos à sa remarquable marque de fabrique.

En bien des points, The Plague Of A Coming Age ressemble à un tournant pour OCTOBER FALLS. Finis les titres sous forme de chapitre, finis les morceaux qui pouvaient atteindre les 10 et même 20 minutes. A bien y réfléchir, une infidélité a même été faite d’un point de vue visuel : oublié le côté « nature sombre » des opus précédents, cette fois ci c’est bien une illustration, à la fois macabre, déprimante et obscure, qui orne The Plague Of A Coming Age. Comprenons-nous bien, en aucun cas OCTOBER FALLS n’a délaissé le côté tragique et finlandais de la chose, ce qui rend cet album autant séduisant que le reste de sa discographie : il n’y a qu’à écouter ces guitares désespérées et magnifiques qui subliment les « Mouth Of A Nation’s Harlot » ou autres « The Weight Of The Fallen ».

Mais il lui manque ce charme épique qui nous plongeait autrefois au cœur de la forêt obscure et hantée par les loups. Lehto aime toujours introduire ses chansons par des passages acoustiques (« Snakes Of The Old World »), mais ce qui constituait auparavant un pont récurrent se retrouve réduit à l’état de prélude minimaliste, à de trop rares exceptions près (« Bloodlines »). Et en voulant proposer trop de nouvelles compositions, la tête pensante d’OCTOBER FALLS est tombée dans le piège de la répétition : difficile de discerner clairement tel ou tel titre, et difficile d’en encenser un en particulier, The Plague Of A Coming Age semble être constitué de neuf plages quasi-identiques, avec le même thème, les mêmes rythmes et les mêmes schémas.

On pourra reprocher à Lehto d’avoir voulu populariser sa créature, la rendre plus accessible, au gré de concessions qui trahissent quelque peu ce qui avait rendu OCTOBER FALLS si énigmatique. D’autant que même la fraternelle connexion avec le Black Metal a été mise de côté, à part ces quelques riffs proches d’un IMMORTAL new look (« The Weight Of The Fallen », « The Verge Of Oblivion »). Mais les frénétiques et foudroyantes accélérations ont bel et bien disparu … La voix claire utilisée sur le titre éponyme en dit long sur les intentions de son géniteur. Sûr qu’avec The Plague Of A Coming Age, OCTOBER FALLS touchera de nouveaux fans. Mais ceux de la première heure risquent de ne pas suivre.