BURZUM (no) - Sol Austan, Mani Vestan (2013)
Label : Byelobog Productions
Sortie du Scud : 27 Mai 2013
Pays : Norvège
Genre : Ambiant
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 58 Mins
"And now, let the boring controversy begins…"
C’est en ces termes qu’un journaliste abordait la critique du nouvel album des BEATLES en 1968. Et si l’accroche peut paraître péremptoire, elle est sans doute la plus adaptée pour aborder le cas du nouveau BURZUM. Et ce, à double titre. D’une part, à cause de la réputation assez sulfureuse du musicien, d’autre part, à cause de l’orientation prise sur ce nouvel opus, faisant suite à Fallen, sorti il y a deux ans. Car si depuis sa sortie des geôles norvégiennes Varg nous avait habitués à un retour aux sources du Black Metal – genre qu’il a grandement contribué à faire évoluer – il opte aujourd’hui pour une rupture totale. A l’image de la musique qu’il a pu produire en prison, Sol Austan, Mani Vestan est un LP d’atmosphères, d’ambiances, qu’il développe tout au long de cette petite heure, alternant les passages contemplatifs et les honneurs posés au pied d’un style de vie passé/présent qu’il vénère. Et sous cette pochette inspirée d’une peinture de Ulpiano Checa, Le viol de Proserpine, se cachent onze morceaux, qui forment une bande son continue, dont l’origine mérite d’être expliquée.
En effet, ce travail était à l’origine l’OST d’un film réalisé avec Marie Cachet, sa femme, abordé sous l’angle du voyage dans le temps et dans la pensée, ramenant le spectateur en introspection jusqu’à la préhistoire, et abordant le thème des vies antérieures et des rites païens, qui selon Varg, ont toujours une influence considérable sur les courants de pensée modernes. N’ayant vu le film en question, je ne saurais bien sur dire si la musique proposée ici est en parfaite adéquation avec les images, mais ayant lu quelques articles sur le sujet, je suis prêt à parier que oui.
Comme je le disais, Sol Austan, Mani Vestan se rapproche considérablement des travaux de Varg lors de son incarcération, et les sons de Dauði Baldrs et Hliðskjálf reviennent très vite à l’esprit dès que la musique laisse défiler ses humeurs. A ceci près que ce petit dernier est beaucoup plus riche et créatif que ces deux essais uniquement composés sur des synthétiseurs.
Bien sur, la majorité de Sol Austan a aussi été créée sur des synthés, c’est un fait. Mais la recherche d’ambiances est beaucoup plus accomplie ici que sur n’importe lequel des opus enregistrés derrière les barreaux, et une fois le thème assimilé, « la chute dans les ténèbres avant la remontée vers la lumière », on aborde l’œuvre avec le regard adéquat, et on arrive sans problème à s’immerger dans la pensée de son auteur, qui fait ici preuve d’un apaisement total, sans jamais rien renier de ses convictions. Bien sur, il est indispensable d’avoir une inclinaison naturelle envers les albums qui reposent entièrement sur des atmosphères la plupart du temps éthérées, ou tout du moins paisibles, pour pourvoir apprécier la musique proposée ici, et les fans du BURZUM le plus véhément auront bien du mal à s’y intéresser.
Car il n’est aucunement question d’agressivité primaire, juste de tonalités presque zen parfois, des accords plaqués qui occupent tout le volume sonore, et relativement peu de digressions.
Il faut d’ailleurs attendre « Solargudi » (« Sun God »), la sixième piste pour avoir droit à un minimum d’arrangements de cordes, qui sont d’ailleurs les bienvenus, et que l’on retrouve sur « Mani Vestan » (« West Of The Moon », un des hauts faits de l’album, avec sa contrebasse en support.
Le voyage se termine au coucher du soleil (« Solbjorg »), morceau lumineux et pur, qui achève ce voyage introspectif de la plus belle des manières, tout en collant à la thématique mélodique principale du projet.
Alors, il est évident que sans les images censées être illustrées par cet album, il est difficile de juger de la pertinence de la démarche de Varg. Les néophytes aux efforts les plus synthétiques de l’homme auront sans doute du mal à accrocher, mais il serait dommage d’occulter (sic) un pan de musique riche et apaisante sous de fallacieux prétextes de divergences d’opinion musicale. Sol Austan, Mani Vestan n’est bien sur pas le meilleur album de BURZUM, mais en prenant pour postulat que derrière ce nom se cache un seul homme, responsable de ses actes et de ses choix, il convient d’adopter chacune de ses tentatives comme une description fidèle d’un état d’esprit à un moment T de son existence.
Et il suffit alors, même si notre propre expérience n’a rien à voir avec la sienne, de s’allonger, de fermer les yeux, et de se laisser porter par les notes, pour effectuer notre propre introspection, et de remonter le temps, aussi loin que bon nous semble.
La musique est un voyage ne l’oublions pas. Et Varg une fois de plus, nous entraîne dans son monde, qui pourrait bien, sous certains aspects, être aussi le notre.
Ajouté : Mercredi 19 Juin 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Burzum Website Hits: 10162
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