FRACTAL GATES (FRA) - Beyond The Self (2013)
Label : Great Dane Records
Sortie du Scud : 18 février 2013
Pays : France
Genre : Death Metal Mélodique Progressif
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 51 Mins
J'ai, à plusieurs occasions, fait le parallèle entre mes études scientifiques et un album pouvant s'y rapporter lors d'une chronique. Par exemple, il y a quatre ans, j'écrivais un conte interstellaire sur Altered State Of Consciousness alors que je passais mon bac. Et si, cette année, la partie astrophysique de mes études est en suspens, cette nouvelle mouture de FRACTAL GATES m'a sensiblement donné l'envie de m'y replonger, en souvenir de temps bien lointains. Et pourtant, si nous entreprenions un voyage à une vitesse infiniment proche de celle de la lumière, ces presque quatre années qui séparent la sortie du 12 juin 2009 à celle-ci, n'apparaîtraient être qu'une futile poignée de nanosecondes.
Quelques nanosecondes seulement pour passer d'un groupe plein de promesses à une valeur certaine du Death Mélodique français. C'est en effet ce qu'affiche FRACTAL GATES sur Beyond The Self. Si l'ocre et les scènes spatiales contemplatives gouvernaient l'art du premier jet, Sébastien a ici préféré l'indigo et la microscopie pour illustrer des écrits davantage portés sur la condition humaine, mais toujours emprunts de reflets ésotériques ; les textes affichant même quelques connexions entre eux. Une orientation plus subtile, à l'instar des nouvelles compositions. FRACTAL GATES réussit là où de nombreux groupes accusent le coup : ils gardent leur forte personnalité distillée dans des morceaux aux sonorités sensiblement différentes de leurs prédécesseurs.
Les Franciliens offrent ainsi une musique moins colossale de par ses ambiances mystiques, mais plus raffinée. Le fait de confier mix et mastering à Dan Swanö n'est pas anodin à ce changement puisque l'aspect atmosphérique onirique s'éclipse quelque peu au profit d'un son plus clair, plus percutant, et aux nuances bien perceptibles (« On Your Own »). L'on retrouve par contre ces interludes ambiants, les "Visions", au nombre de trois, et jouant cette fois sur un minimalisme léger n'apportant guère à l'album, a contrario des bruitages envahissants et voyageurs des cinq premiers. Cela n'empêche néanmoins pas le groupe de proposer une quantité confortable de pistes qui parviennent à éviter une trop forte homogénéité, malgré le growl constant et les rythmiques fortes. La musique du combo se pare judicieusement d'accroches mélodiques bienséantes, sans succomber à la facilité. Tout d'abord au travers des guitares, dont la tonalité envoûtante que le groupe a su faire sienne continue de procurer cette optique astrale à bon nombre de morceaux. Parfois pleinement affichée et imparable, ou alors insérée dans le fond diffus et agissant sans que l'auditeur n'y prenne garde. Sans jamais trancher le magma céleste en quartiers éparses, les coulées de riffs se confondent au tissu musical et bâtissent d'intenses schémas expressifs qui se dégustent sans satiété, comme en témoignent « We Are All Leaders » et « Glooms Of Cyan ». Titre notable, « Timeless » se voit accompagner du doigté mystique de Sotiris Vayenas qui décuple l'impact du single. Un réel plaisir que cette communion tant il est indéniable que SEPTICFLESH inspire FRACTAL GATES.
Mêlée aux guitares entêtantes, c'est également l'infusion des claviers aux accents spatiaux qui ne manque pas de rehausser une rythmique qu'on aurait aimé plus variée ; écueil de « Beyond The Self » ou « The Experiment », sorte de redite à l'ambiance Doom de « The Encounter ». Pour autant, le travail de ces instruments ressort convenablement, avec une basse moins dominante mais constamment résonnante et qui sait s'imposer sans forcer, ainsi qu'une batterie mieux équilibrée qui enchaîne les cadences avec précision (« The Sign »). Et quitte à avoir Dan Swanö sous la main, pourquoi ne pas lui proposer de participer à deux titres qui s'articulent sans mal entre les morceaux plus bruts ? Même si sa voix claire surprend la première fois, elle procure un contraste inattendu, mais des plus intéressants et confère une richesse autre aux compositions, appuyant leur aspect progressif de son utilisation, à l'image des ponts synthétisés d'« Everblaze ». On retiendra notamment « Mighty Wings », reprise du tube de Top Gun signé CHEAP TRICKS qui agence claviers "Eighties" et vocaux doublés catchy. Autrement, outre quelques chuchotements ambiancés, Sébastien dispose un growl rocailleux, saisissant de justesse dès « Dissonance », mais qui atteint son paroxysme sur le solennel « Reverse Dawn ». Sa voix n'ennuie jamais tant le frontman sait diversifier son emploi en variant son phrasé selon l'intensité des sections, et ainsi nous transporter dans son épopée.
FRACTAL GATES n'a plus grand-chose à prouver. Les Franciliens délivrent onze titres qui se plaisent à satisfaire la création d'une certaine imagerie au travers de leur musique. Les mélodies sont riches et élégantes, et les pistes jouissent d'un puissant apport rythmique qui soutient une présence vocale évocatrice, en parallèle d'invités bénéfiques aux compositions. Sans jamais vraiment tomber dans la redite du premier album acclamé, la formation francilienne, déjà détentrice d'une identité musicale forte, démontre, avec Beyond The Self, qu'elle ne souffre aucunement de s'orienter vers d'autres univers tout en conservant son ossature stellaire.
Ajouté : Mercredi 15 Mai 2013 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Fractal Gates Website Hits: 8372
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