J’ai parfois du mal à comprendre certaines de mes absences. Toujours en première ligne quand il s’agit de promouvoir un Deathcore bouseux sorti du trou du cul du monde (plus communément appelé « Creuse »), certaines grandes formations qui performent et innovent dans d’autres registres passent à la trappe. Bien entendu, c’est le cas de VREID et il aura fallu que les Norvégiens sortent leur sixième album pour qu’enfin, leur sort fasse l’objet d’un papier. VREID, ce n’est ni un fantôme, ni un mystère. C’est une valeur sûre qui n’a jamais pu bronzer à cause de l’ombre faite par leurs compatriotes, notamment les maisons TAAKE, TSJUDER ou HELHEIM. Il faut dire que de par sa relative jeunesse, le quatuor n’a jamais pu acquérir ce statut de maître à penser, propre aux formations soudées dans la dernière décennie du précédent millénaire. WINDIR est certes devenu VREID suite au décès de Valfar en 2004, mais sans qu’une réelle connectivité ne s’impose entre ces deux entités. Comme pour mieux se défaire de la douleur d’un tel évènement, le Black / Folk magistral est devenu Black mélodique un peu Rock N’ Roll. Et en pleine fashion-week parisienne, ce nouveau costume n’est pas le plus seyant.

Aujourd’hui, l’actualité concerne donc Welcome Farewell, une sixième œuvre qui succède au très abouti V de 2011. Abouti mais pas inoubliable, comme ça a toujours été le cas les concernant. Le nostalgique et triste Milorg de 2009 est passé comme une lettre à la poste, idem pour I Krig (2007). Quant aux deux précédents, ils n’étaient que tâtonnements. On était donc soucieux de leur avenir, qui s’avère être définitivement plus mâtiné que brillant. VREID est un second couteau et le restera, pour la simple et bonne raison que Welcome Farewell manque de tout et surtout de profondeur. Vous voyez, je me considère comme relativement sensible en matière de Black mélodique et joueur. La moindre harmonie pourrait me faire chialer comme une truie boutonneuse devant les ONE DIRECTION et ce n’est pas ce qui manque à cette œuvre. Le problème, c’est que ce Black Metal stagne en surface, qu’il n’accroche ni l’oreille, ni les tripes et qu’il verse même dans la facilité, notamment sur « Sights Of Old », impardonnable de nonchalance. VREID déroule pépère ses riffs glacés, ses compositions rustiques et granuleuses, ses rythmiques oxygénées sans qu’on n’y décèle la moindre parcelle de bonne volonté. Les moments les plus réussis sont finalement ceux qui rockent et qui, par conséquent, s’éloignent d’un Black Metal plutôt authentique sur d’autres morceaux. Je pense à « Black Waves », à « The Reap », entrainante à défaut d’être épique et à « The Devil’s Hand » qui pour le coup, est un vrai succès avec ses faux airs de SATYRICON perfusé au Heavy. « Way Of The Serpent » fait également une discrète révérence à Valfar et peut être considérée comme « sauvable ». Les autres me laissent perplexe. Bien sûr, Welcome Farewell ne mérite sa place dans aucun autodafé, mais le niveau est définitivement trop faible pour qu’on s’en souvienne encore dans un an. Surtout qu’avant lui, V avait ouvert une voie royale et que pour VREID, l’heure était désormais au kick n’ rush. Au lieu de ça, on est contraint d’en parler avec des mots d’une grande banalité parce qu’il ne mérite pas forcément mieux.

Peut-être qu’en ce début d’année 2013, nous sommes enfin fixés. Peut-être qu’après cette sortie, la question de leur avènement à retardement ne se posera plus. VREID avait tous les atouts dans son jeu pour sortir la perle qui aurait consacré leur abnégation. C’est un constat douloureux, triste à dresser parce qu’au fond, ces garçons me sont sympathiques et que leur Black Metal ne démérite pas. Mais cette fâcheuse tendance à se gargariser dans l’ombre des plus grands m’agace. Et dans leur situation, on peut désormais confirmer que le mieux est l’ennemi du bien.