WARFIELD (re) - 1848 San Mélé (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2 avril 2010
Pays : France (La Réunion)
Genre : Black / Death Metal
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 29 Mins
Dans le genre actualité qui fait plaisir à lire, l’existence d’un groupe de Black / Death Metal sur l’île de la Réunion est un évènement autrement plus sympathique qu’une attaque mortelle de squale. Et pourtant, ce sont bel et bien les requins qui sont actuellement au centre de toutes les attentions. Alors il est vrai qu’au fond, WARFIELD peut s’apparenter à de redoutables prédateurs en chasse, mais c’est plus pour la beauté de l’image que pour la dangerosité des faits. Et dans les faits, on a quand même tout intérêt à se méfier. Parce que sous-estimer une scène, aussi petite soit-elle, sous prétexte que le Metal n’y est pas une religion, c’est à coup sûr se prendre un mur. Des groupes iraniens, algériens, taïwanais ou néo-calédoniens ont déjà donné du fil à retordre à pas mal de chroniqueurs sur ce présent webzine. Et WARFIELD, avec son premier EP sorti le 2 avril de l’année 2010, est un nom de plus à retenir pour tous ceux qui s’éclatent en présence de Metal exotique.
J’en suis. Et bien que ce Black / Death plutôt technique puise son courage à plus de 9000 kilomètres de la métropole, l’énergie communicative qu’il véhicule abolit toute forme de distance entre lui et l’auditeur. On se sent vraiment très proche de WARFIELD pour la simple et bonne raison qu’en plus d’être une bête de foire de par sa provenance géographique, la bonhomie de cet EP, tant au niveau de la production que des structures, leur vaudra certainement beaucoup de sympathie. Certes, 1848 – San Mélé n’est pas un EP révolutionnaire car il ne fait au final qu’appliquer bêtement et méchamment les préceptes du style. Mais il le fait avec suffisamment de caractère pour qu’on le remarque. S’ouvrant parfois sur le Thrash voire le Hardcore, ce Metal rigoureux et appliqué fait un effort particulier sur la mélodicité. On le remarque dès les premières intonations métalliques de « Warfield » qui combine une voix typiquement Death, faite de solides aboiements et des lignes de guitare assez tordues, nuancées de breaks intimistes et d’accélérations décoiffantes. La fratrie Montauban qui compose WARFIELD à 60% (3 des 5 membres du groupe sont frères, soit les deux guitaristes, Alexandre et Olivier et le batteur, Guillaume) est la véritable rampe de lancement rythmique du projet. Il y a à la fois une indéniable aisance technique dans leur jeu mais aussi une complicité fédératrice qui vient soutenir Thomas Chan Ahlune (basse) dans ses prises d’initiatives. Mon seul regret concerne le manque criant de fluidité et de spontanéité de cette œuvre, qui souffre de structures calculées même si « Ice » offre des tempi un peu plus junkys et que « Fight Death With Death » ainsi que « The Last War » s’ouvrent à des lignes vocales claires carrément Hardcore et vraiment pas dégueulasses. Il y a d’un côté la solidité, la percussion d’un Black / Death religieusement composé et de l’autre, la prévisibilité de compositions qui dégagent davantage de sécurité que d’originalité. Et pour un groupe qui nous vient du Tampon, on regrette forcément que ça ne percute pas plus dans les clitos.
On ne boudera pas notre plaisir, loin de là. Ce groupe est une fierté, un honneur. On oubliera probablement bien rapidement son EP qui n’a pas encore la consistance souhaitée pour percer. Mais on se souviendra longtemps de son nom. 1848, date d’entrée en vigueur du décret de l’abolition de l’esclavage sur l’île de la Réunion et partout en France. Le symbole d’hommes libres qui pratiquent un Metal libre. L’essentiel était certainement ailleurs aujourd’hui.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Warfield Website Hits: 8748
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