UNSOUL (de) - Magnetic Mountain (2008)
Label : Setalight Records
Sortie du Scud : 19 décembre 2008
Pays : Allemagne
Genre : Death Metal progressif
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 43 Mins
On savait Paul Masvidal visionnaire, on connaissait moins les oracles d’UNSOUL. Ce que j’avance n’est pas très difficile à comprendre. Le Djent fait aujourd’hui partie du quotidien, de même que le Death Metal progressif. Vous seriez pourtant étonnés d’apprendre que Seed Of Rage, le premier album des Allemands d’UNSOUL évoluait déjà en 1999 dans un style Death un peu barré, un peu instrumental et loin d’être sain d’esprit. Leur destin est exceptionnel. Formation précoce en 1995, fœtus avorté le 29 mai 2012. Entre ces deux dates, deux albums distants de neuf années, trois EP et un split avec TORN TO PIECES, sans parler des démos. Autant dire qu’UNSOUL a mené une existence chaotique et n’a jamais réussi à vraiment percer. La sortie de Magnetic Mountain aurait pourtant du être un déclic. Elle n’aura été qu’une étoile filante au-dessus d’un ciel couvert de nuages bas. Qui aujourd’hui déclarerait que l’absence d’UNSOUL laisse un grand vide dans le paysage Death progressif ? Personne. Le soldat inconnu n’a pas de nom, pas de visage, mais il existe. Alors que ces Allemands, de leur vivant, étaient à peine considérés comme des fantômes.
Ex-voto. Merci, cependant, d’avoir existé. Parce que Magnetic Mountain est loin d’être une peccadille et que Masvidal se serait probablement bien amusé à l’écoute de ces structures bizarroïdes, presque extraterrestres. Des saccades, des secousses, des redondances et un gramme de génie. Si cet album n’est pas le pendant Death du Jazz, le verso basique d’un recto Acid, une tringle kitsch qui supporte un rideau en macramé, coupez-moi les bajoues pour les manger à la sauce barbecue d’Ottis Toole. Magnetic Mountain rend complètement dingue parce que ses structures sont sinueuses, torturées, foirées et qu’elles défilent avec tant d’insistance qu’on en vient forcément à un moment ou à un autre à tenir des propos extravagants. C’est le cas un peu plus haut. Quelques pistes instrumentales (« Contratto Senza Pietà », « Pre- ») viennent semer encore plus de doute parce que si elles sont censées apporter quiétude et soulagement, l’atmosphère poisseuse et viciée qui s’en dégage est loin d’être tranquillisante. Surtout, ces deux créations encerclent un « Dance Your Legs Off » totalement déjanté, presque plus proche de la parodie que du Death Metal. Alors que parfois, UNSOUL se laisse aller à d’étonnants moments de lucidité (« Way Less Space »), ce genre de compo vient rappeler que des cerveaux malades se cachent derrière cette œuvre. Je regrette seulement l’incroyable malléabilité d’un tel CD, dont on ne sait pas trop s’il faut le prendre au sérieux ou au second degré. Le Death progressif développe rarement ce genre d’ambigüité et là, fait rarissime, on peut légitimement se demander si entre vrai génie artistique et déni de schizophrénie, la distance est réellement importante. Mon avis personnel est que le corps de ces quelques morceaux est finalement trop carré et subtil pour découler d’un processus de composition aléatoire et freestyle. Mais à cause de ce « Dance Your Legs Off » ou de l’hypnotique « Breaking The Frames », il y aura toujours un doute qui subsiste.
La mort de ce groupe est, avec le recul, un mal pour un mal. Il n’y a rien de positif dans leur silence, tant leurs apparitions apportaient fraicheur et ingéniosité. Découvert cinq ans après sa sortie, Magnetic Mountain est l’album de Death progressif énigmatique par excellence. D’un côté, on y verra des signes précurseurs de ce qui se fait actuellement et de ce qui se fera probablement encore pendant quelques années. Et de l’autre, une réelle insouciance, presque de l’innocence et des excuses d’avoir été créatif. Magnétique, comme son nom l’indique. Mais surtout troublant.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Unsoul Website Hits: 7702
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