DYSPHORIA (ua) - To The Perfect Form Of Modern Species (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 13 septembre 2012
Pays : Ukraine
Genre : Brutal Death Metal / Grind
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 35 Mins
« La dysphorie désigne une perturbation de l'humeur caractérisée par un sentiment déplaisant et dérangeant de tristesse, d'anxiété, de tension, d'irritabilité ». Et la lumière fut. Pourtant, ce n’est pas l’état premier dans lequel nous plongent les Ukrainiens de DYSPHORIA. Bien sur, il y a un côté dégénérescent à l’intérieur même de ce Brutal Death ultra-violent, ultra-barré et nuancé de Grind, mais il n’est pas aussi primitif qu’il en a l’air. La première émotion ressentie en écoutant leur EP de 2010, le charmant Satyriasis XXI était, si j’ai bonne mémoire, une envie irrépressible de refaire la tapisserie avec des bobines d’entrailles. Mais cette lubie s’est éteinte aussi vite qu’elle s’est allumée parce qu’en la matière, ce projet est irréalisable. N’a pas la déco intérieure de Jeffrey Dahmer qui veut ! Du coup, il a fallu faire avec d’autres sentiments, parmi lesquels on retrouvait effectivement ce mélange dérangeant d’irritabilité et de tension.
Et il va sans dire que la sortie récente de To The Perfect Form Of Modern Species n’a pas arrangé les choses. Hélas, je n’ai pas la possibilité de vous la faire bref, parce qu’on nous impose un certain nombre de caractères (sans les espaces) pour qu’une chronique soit validée. Alors je vais synthétiser un peu. Plus expansif, plus destructeur, plus volumineux mais aussi plus perfide et plus sournois, ce Death / Grind a gagné en bouteille dans chaque compartiment du jeu. DYSPHORIA proposait jadis un alignement très bête, très méchant mais aussi très impressionnant de riffs en béton, de grosses voix à-faire-flipper-mémé, de structures un peu foldingues, le tout gonflé à bloc par une autorité de fer. Si ces différents éléments sont tous perceptibles sur ce premier album, on remarquera très rapidement un effort consenti sur les voix (l’une d’elles rappelle étrangement le jusqu’au-boutisme d’un Alex Koehler) et les arrangements. Sur les deux guitares, il y en a une qui est constamment à l’écart, jouant ses petites notes dans son coin, en marge de toute cohésion. Ainsi, on redécouvre sans déplaisir ces passages sweepés, qui évoquent des coutures Mathcore solides et qui sont suffisamment habiles et épisodiques pour que cette nuance ne prenne pas le dessus. On serait de toute façon franchement débile de retenir ces quelques crises d’épilepsie qui œuvrent par intermittence au cœur même d’un corps tuméfié. Tuméfié par la brutalité des blasts, par la lourdeur d’un riffing intermittent, par le coffre vocal d’un Slash (oui, ça ne s’invente pas) qui ferait pour le coup un bon slasher. Et pourtant, en dépit de ses humeurs acariâtres et bougonnes, To The Perfect Form Of Modern Species possède aussi son lot de volupté. Cet album est un sex-friend, le compromis parfait entre la romance d’une flûte de Moët & Chandon partagée sur une plage de sable fin et le soulagement d’une branlette dans les toilettes d’un KFC. On passe dessus de temps en temps et ça fait du bien, mais ça n’aboutira certainement pas sur une intimité durable, la faute peut-être à un trop plein d’engagement qui finit par être effrayant.
C’est un fait, DYSPHORIA est un groupe dont la violence dérange et bloque. A priori, l’Europe occidentale n’a pas grand-chose à craindre de ces illuminés qui vont certainement mettre beaucoup de temps avant de débarquer dans nos contrées civilisées. Mais une fois le mal implanté, il sera également difficile de s’en défaire. Parce qu’il faut bien comprendre que désormais, ces Ukrainiens, porteurs d’une saloperie grosse comme la peste, n’ont plus l’intention de faire joujou. Vous voilà avertis.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Dysphoria Website Hits: 7586
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