Evidemment qu’il est tentant de faire un rappel historique de la légende pour vous conter les éloges de ce grand Cheval De Troie, mais c’est également nécessaire voir quasi obligatoire. Préméditée ou non l’intention est de bonne facture quand on se penche d’un peu plus près sur le contenu. Les LAST BARONS nous offrent ici un deuxième effort et non des moindres. Pour ne pas passer inaperçu ils ont misé sur une production peaufinée (Klonosphere), mais là il ne s’agit que de l’emballage, que se cache-t-il vraiment sous ce joli papier doré ?

Et bien comme l’histoire nous le raconte, le Cheval De Troie aussi impressionnant par sa taille que par la noblesse de sa matière s’imposait déjà rien que par sa prestance. Or personne n’est sans savoir qu’en son fort intérieur grondait une force bien plus dévastatrice, une armée d’hommes prêts à tout pour défendre un empire.
Ici bien entendu la horde de soldat n’est pas menée par Ulysse, mais n’en est pas moins combattante. Julien Soler (chant) mène l’armada fièrement et pour ça il a bien compris que rien ne sert de vociférer pour être suivi par ses fidèles. Il choisira plutôt un chant presque hypnotisant (« Shaman’s Warning Song », « Rubber Boots », « Hidden Sun ») comme pour duper l’ennemi et préparer l’attaque insidieusement. Pari tenu on ne voit rien venir, au gré des compositions qui passent comme une lettre à la poste on se laisse surprendre par l’ingéniosité maîtrisée des protagonistes et l’on est dès lors sous l’emprise de l’offensive.

La technique de la fourberie, ni vu ni connu que je t’embrouille va fonctionner à merveille puisque l’on en oublierait presque qu’il s’agit d’un album de Stoner au sens le plus simple du terme. Détrompez-vous immédiatement cet album n’a rien de simple ni de basique. Toutefois, qu’il n’y ait aucune méprise, je ne considère pas le Stoner comme une musique simpliste et n’éprouve aucun dédain pour ce genre que j’affectionne sincèrement or il faut bien admettre que la recette repose sur les fondements d’un Rock’N’Roll de base, mais il n’en est pas moins truffé des meilleures qualités artistiques. Ces dernières étant sans conteste dans le Cheval De Troie elles s’ajoutent tout de même à une technicité et originalité bien particulière.

On s’éloigne des sentiers classiques en poussant la durée des épreuves au-delà des trois minutes trente usuelles pour y développer une exécution intimiste (« Soul Grinder ») où les guitares copulent frénétiquement sur des accords lancinants parfaitement accordés avec le timbre de voix qui se veut grinçant cette fois.

Quand bien même ce canasson intervient comme un bourrin parfois à coup de rythmiques old school il n’en reste pas moins subtil et fin dans la qualité de sa composition.
Doté d’une forte personnalité, il impressionne par son charisme et c’est pantois qu’on arrivera en bout de course, dubitatif en constatant que la bataille est gagnée. Et la guerre ?