CHELSEA GRIN (usa) - Evolve (2012)
Label : Artery Recordings
Sortie du Scud : 19 juin 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 21 Mins
Ça me fait plaisir de voir qu’enfin, CHELSEA GRIN assume l’origine de son nom. Ce n’était encore jamais arrivé, ni sur le Desolation Of Eden de 2010, ni sur le My Damnation de 2011. Pire que ça. Il aura fallu attendre cinq longues années, depuis leur formation en 2007, pour voir un sourire ensanglanté barrer le visage de cette putain de Lilith. Bien que cette pochette soit encore un peu chagrine puisque livrée dans une version graphique (j’aurais préféré un truc authentique à la Euronymous-style), elle réconforte. A chaque minute, a chaque seconde, CHELSEA GRIN, c’est la violence dans sa version la plus moderne et donc, la plus imaginative. Ce Deathcore provoquant, peut-être choquant, la faute à un Alex Koehler repoussant sans arrêt les limites de la fixa… oups, de l’extrême quand il s’agit de beugler comme un phoque, est trop bien parti pour s’arrêter en si bon chemin. Et l’arrivée récente de Jason Richardson (ex-BORN OF OSIRIS) pour combler le vide laissé par le guitariste Michael Stafford ne va certainement pas faire empirer la situation.
Oui, Evolve est une évolution et malgré son statut de parenthèse, il faut prendre en compte l’enseignement que cet EP nous livre. Il n’y aura pas d’abandon, pas d’oreilles orphelines, pas de retournement de situation abracadabrantesque. CHELSEA GRIN reste CHELSEA GRIN, le poids de l’expérience en plus. Après deux albums compacts et granuleux, les Américains ont voulu s’essayer à des choses plus travaillées, plus mélodiques, peut-être plus musicales. L’entrée en matière très arrangée de « The Second Coming », avec sa harpe et son violoncelle mélancolique est déjà en elle-même un pas de franchi vers une ouverture artistique. Les premiers riffs explosent, doublés par des roulements de batterie très instinctifs. Mais la grande nouveauté, c’est que ce schéma très classique est nuancé d’orchestrations épiques qui donnent à cette composition de faux-airs de Deathcore symphonique à la MAKE THEM SUFFER. « Lilith », la fameuse, possède également son lot d’exclusivité avec son refrain entêtant et limpide, principalement fait de… chant clair. Alex Koehler, ce petit génie, a donc des envies d’ailleurs. Et son chant polymorphe ne lui fera pas défaut sur cet exercice périlleux. « S.H.O.T. » et « Confession » reviennent à des structures plus traditionnelles, et ce, malgré que la première citée concentre un taux de technicité fort élevé. CHELSEA GRIN balance jusqu’alors entre des créations très habituelles et d’autres, qui révèlent à certains endroits des bribes de nouveautés. Mais que serait un opus du nom d’Evolve sans la confirmation nette et unanime de ce prétendu changement ? Selon les points de vue, on pourra dire que ces lascars ont gardé le meilleur pour la fin, ou le pire, c’est selon. « Don’t Ask, Don’t Tell » clôture cette expérience de manière très solennelle. Koehler fait preuve de sensibilité dans des vocaux nets et murmurés avant d’être accompagné sur le refrain par des chœurs totalement envolés et un lead de guitare larmoyant. C’est surement très beau, complètement poignant, bouleversant même pour ce groupe de tueurs nés, mais ça ne leur ressemble plus vraiment. Le breakdown « so br00tal » à 2’40 n’a rien à faire là. Soit ces mecs vont jusqu’au bout de leurs idées et ils oublient tout ce qui peut nous rappeler à leur bon souvenir, soit ils ne vont pas aussi loin dans l’expérimentation. L’un dans l’autre, il y a une incohérence regrettable, malgré l’excellente tenue artistique d’un tel titre.
La couleur était annoncée. Cet EP sera différent ou ne sera pas. Et ils ont bien fait. Après deux premiers essais de bonne facture mais relativement homogènes, il était temps de sortir un peu de sa carapace. CHELSEA GRIN a trouvé le moyen idéal de se risquer dans des contrées périlleuses, sans aucunes garanties pour eux : l’innovation à pas de loups. Sans faire de bruit, Evolve torture, humilie, lynche et lapide. Mais surtout, il achève sa mission première : attiser la curiosité quant à un éventuel virage musical. Et finalement, c’est dans le doute qu’ils sont vraiment géniaux.
Ajouté : Vendredi 21 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Chelsea Grin Website Hits: 11368
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