RICHARD WAGNER (de) - Richard Wagner (Mai-2013)
Le mois de mai 2013 voit fleurir un peu partout des concerts pour fêter le bicentenaire de la naissance de Richard WAGNER (22 mai 1813-13 février 1883).
En marge du festival de Bayreuth, le 22 mai 2013, il a accordé à METAL-IMPACT une interview exclusive qui fera bien des jaloux auprès des médias tournant autour du Metal. De nombreux groupes et d’albums font référence à ce compositeur du XIXème siècle qui passe pour être le plus métalleux de tous et être la quintessence même du courant Metal actuel qu’il soit Heavy, Black, Symphonique, …
Metal-Impact. D’abord un grand merci d’avoir choisi notre webzine pour accorder cette interview exclusive. Je te tutoie, c’est la règle dans le Metal, O.K. ! Tu es mort en 1883, ça fait un bail quand même, qu’est ce qui t’a amené à nous jouer le coup de la résurrection ? Pâques est passé… et cette année en particulier ?
Richard Wagner. C’est le bicentenaire de ma naissance, je suis né le 22 mai 1813 à Leipzig, et je dois t’avouer que je commençais à m’emmerder, comme tu t’en doutes je suis plutôt du côté de l’Enfer, je continue à payer mes dettes, je suis redevable pour l’éternité, j’ai trop péché en ce bas monde… Et là-haut c’est chaud, avec l’actualité du mariage pour tous, on a aussi nos Mélenchon, Frigide Barjot, Boutin et consorts… on se frite pas mal avec ceux du paradis, la tribu des culs bénits, ça me saoule, j’avais besoin de me ressourcer avec ces concerts qui me remettent sur le devant de la scène. Et ce n’est pas sans une certaine émotion que je reviens à Bayreuth où j’ai pu m’accomplir dans le passé sous le Label du Roi Louis II, la célèbre major de Bavière.
MI. Comme tu évoques ce Palais des festivals, le Festspielhaus, ici à Bayreuth, peux-tu nous dire ce qui t’a entrainé dans ce chantier, dans ce projet ?
Richard. Je voulais complétement reconsidérer le rapport entre le groupe et le public. J’ai abandonné le côté poulailler des loges, et revenir à une salle à l’antique, à l’acoustique unique, avec des gradins qui se prolongent sous la scène, et le groupe qui s’efface, on joue d’ailleurs dans l’obscurité, on gomme tout le côté théâtral de notre prestation, le public se focalise sur notre seule musique, c’est cela que l’on veut lui offrir avant tout. METALLICA, aux arènes de Nîmes, bien qu’il ait gardé les projecteurs, avait une démarche assez proche, aussi dépouillée et authentique.
MI. Tu as évoqué le côté théâtral de tes prestations scéniques, et de ta musique, c’est derrière toi aujourd’hui ?
Richard. C’est vrai qu’aujourd’hui je travaille à produire des sons plus clairs, plus fluides, cela demande à chacun des musiciens d’être un peu plus en maitrise, en retenue dans son jeu, ceux qui me reprochaient mon côté pachydermique et martial en seront pour leurs frais ! Entre autres, Woody Allen qui avait dit un truc du genre: « Quand j’entends la musique de Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne ».
MI. Comme tu évoques cet aspect des choses, je voudrais revenir sur la polémique autour ton antisémitisme, et sur la récupération faite par le régime nazi de tes compositions...
Richard. Là, les médias ont vraiment forcé le trait, d’abord, l’un de mes meilleurs amis s’appelle Herman Levi, il est juif, il a joué dans le groupe lors de la tournée promotionnelle du Vaisseau Fantôme. Pour mon pseudo antisémitisme, je tiens à te préciser qu’il n’avait rien d’exceptionnel à l’époque, les intellectuels juifs se crêpaient la kippa à ce sujet entre pogrom ou assimilation. Moi, je leur reprochais plutôt d’être juif avant d’être allemand, que l’on m’accuse d’anti-judaïsme peut être !, mais pas d’antisémitisme. Je me suis d’ailleurs bien accroché là-dessus avec Nietzsche. On n’a plus de contact d’ailleurs. Quant au régime nazi, c’est Winifred, l’épouse de mon fils Siegfried qui est allée trop loin, et qui a voulu jouer son Eva Braun.
MI. Revenons à la musique. Joey DeMaio de MANOWAR, le 23 juillet 2005, lors du Earthshaker Fest, t’a rendu hommage et te considère comme le précurseur du Heavy Metal…
Richard. Eh ! bien qu’il se la garde sa considération. Quelqu’un qui n’a que l’ambition de jouer plus fort qu’un boeing 747 au décollage, je préfère qu’il m’oublie…
MI. Bon d’accord, alors je vais embrayer sur DIMMU BORGIR…
Richard. Ils ont su en effet faire une première alchimie entre le Black et le Heavy 80’s pour y ajouter la musique classique que je véhicule, pour en faire un Black atmosphérique qui n’est pas fait pour me déplaire. Le plus bel exemple est certainement l’album Puritanical Euphoric Misanthropia enregistré avec l’orchestre symphonique de Göteborg. Du bon boulot.
MI. Dans un autre genre, BLIND GUARDIAN t’a également rendu hommage.
Richard. Exact, cela m’était sorti de la tête… si je me souviens bien l’album, tu me corriges, s’intitule Nightfall In Middle Earth, nous ne sommes pas dans une véritable dualité Metal/Classique mais on s’en approche plutôt par la forme conceptuelle de l’opéra. J’ai remarqué aussi, il n’y a pas longtemps, une autre initiative finlandaise intéressante avec la troupe d’APOCALYPTICA qui a remis au goût du jour les violoncelles, j’ai un faible pour cet instrument, la contrebasse aussi, pour ses vibrations et ses accords sombres. Je te fais remarquer que souvent les jeunes musiciens avant d’arriver au Metal ont débuté par des cours de musique classique, et cela se retrouve dans ces divers combos. C’est une bonne chose cette ouverture d’esprit. Bon parfois, le résultat n’est pas terrible, il n’y a qu’à voir la reprise de « Purple Haze » de JIMI HENDRIX par le violoniste britannique Nigel Kennedy.
MI. Il y a même des sociologues, comme Fabien Hein, qui décernent le label « wagnérien », c’est le cas pour le groupe THERION.
Richard. C’est marrant que tu me parles de ça, car j’ai lu un article là-dessus il n’y a pas si longtemps, le musicologue Serge Lacasse illustrait ce rapprochement wagnérien tout particulièrement au niveau du titre « Schwarzalbenheim » de l’album Secret Of The Runes de 2001. Il faudra que je l’écoute un de ces jours. Il ne faut pas non plus oublier mes compatriotes de GRAVE DIGGER, ils ont fait un sacré clin d’œil à mon opéra L’anneau du Nibelung à travers leur album Rheingold. Tu aurais pu aussi citer Christian Vander de MAGMA, sa trilogie Theusz Hamtaahk mérite bien aussi le label « wagnérien ».
MI. FREEDOM CALL a également enregistré et mis en lumière ta période Ludwig II.
Richard. Période de folie en effet avec Louis II de Bavière qui m’a permis de concrétiser et d’enregistrer les compositions que j’avais sous le manteau, c’était la période de concrétisation de mes projets les plus osés. Les largesses et les facilités offertes par Louis II m’ont permis de lever de nombreux obstacles. L’album Legend Of The Shadowkins rend hommage à ce souverain qui a su se battre pour faire reconnaître ma musique, vous avez eu également à votre Assemblée Nationale un député, Patrick Roy qui a bien agité sa veste rouge dans l’hémicycle, son arène, pour défendre le Metal, pour ce que ce dernier ait droit de cité, à Clisson notamment.
MI. L’industrie cinématographique a également pompé dans tes compositions, le plus bel exemple c’est cette attaque d’hélicoptères emmenée par la Chevauchée des Walkyries dans Apocalypse Now, que tout le monde connait.
Richard. De trop même, car moi, ce qui m’attriste, et me frustre c’est que cette chevauchée ne dure qu’une dizaine de minutes et que l’on occulte totalement les quatre heures de l’opéra. Ce qui m’amuse par contre c’est de retrouver mon prélude de Lohengrin dans la scène où l’on voit Charlie Chaplin, déguisé en Hitler, jouant avec un globe. Sinon, c’est vrai que je suis cuisiné à toutes les sauces, y compris dans les westerns spaghetti comme dans Mon Nom est Personne. Je trouve que mes compositions sont mieux valorisées dans Nosferatu de Werner Herzog, ou plus récemment dans Le Nouveau Monde de Terrence Malick avec mon Prélude de l’Or du Rhin.
MI. Certains reconnaissent en toi l’initiateur de ce que l’on appelle l’œuvre d’art totale, en mélangeant la musique, le chant, la danse, la poésie, le théâtre, les arts plastiques, ton avis ?
Richard. C’est vrai qu’au début, toujours dans l’esprit XIXéme, nous étions tous dans un véritable carcan, étiquetés. Tu remarqueras que cela n’a guère changé, les médias, les labels ont besoin de te classer dans un genre, et en sortir déroute jusqu’à notre public. Alors oui, mélanger ces différentes expressions a été difficile et mal compris. Il ne faut pas le prendre comme une infidélité mais plutôt comme une complémentarité, autant de cordes à son arc. Actuellement ROB ZOMBIE est dans cette logique, ainsi que KING DIAMOND, ALICE COOPER. Cela se traduit par des incursions dans le cinéma, la littérature, la peinture…
MI. En quoi es-tu considéré comme le précurseur du Metal ?
Richard. Mon approche harmonique avec une progression par demi-ton entre autres, modifie les repères habituels du public, de l’auditeur. Les leitmotivs que vous appelez riffs aujourd’hui martèlent l’esprit et colle une étiquette sonore à la composition. Des phases lancinantes préparent également à une nouvelle découverte mélodique, annoncent de nouveaux accords, il faut sortir des poncifs trop formatés, et convenus dans chacun des genres. Les premières mesures d’un morceau peuvent certes imprimer le style dont on est affublé, mais il faut vite s’en démarquer pour éviter une composition trop redondante et prévisible. Il faut toujours surprendre, c’est comme en amour.
MI. Pour quelqu’un qui a été condamné, mais amnistié, pour sa lutte avec l’anarchiste Bakounine sur les barricades de Dresde en 1849, il est surprenant de te voir arriver aujourd’hui au festival de Bayreuth confortablement installé dans une limousine !
Richard. (Rires) Il me faut bien une limousine pour promener mon sac de vieux os, et j’ai fait des émules tu ne trouves pas ? Regarde IGGY POP, au début des années 70, rebelle par excellence contre l’ordre établi, contre le système… il se joue aujourd’hui de la Jet set avec ironie et un plaisir non dissimulé, et je remercie le philosophe français Alain Badiou pour son plaidoyer en ma faveur: « Wagner n’a pas trahi la révolution, il a seulement changé de combat ». Il a tout compris.
MI. Et tes projets ?
Richard. Mon manager m’a indiqué une nouvelle tournée mondiale pour le bicentenaire de ma mort, pour l’année 2083, j’ai le temps de voir venir. Mais aujourd’hui même, je retourne là-haut, l’ambiance luciférienne me manque, et Dio qui a trouvé ses marques maintenant, prépare une soirée de bizutage pour le petit nouveau, Jeff Hanneman.
Bon, je vais devoir partir, merci et Metal for Ever pour vos lecteurs….
MI. Cette interview me parait tellement improbable que je me demande si je ne l’ai pas rêvée !
Ajouté : Samedi 13 Juillet 2013 Intervieweur : Le Patriarche
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