EMAROSA (usa) - Emarosa (2010)
Label : Rise Records
Sortie du Scud : 29 juin 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Modern Hardcore alternatif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 38 Mins
Le téléphone a sonné. A l’autre bout du fil, un homme à la voix adolescente affirmait qu’il rêvait d’un autre monde. Comme de vieux démons auteurs d’un canular téléphonique, la sonnerie retentit à nouveau. L’appel vient du Kentucky et le numéro surtaxé est celui d’EMAROSA. 2010, un deuxième album éponyme voit la lumière du jour, une démarche généralement inhérente aux groupes qui sortent un premier effort. Mais ces Américains sont anticonformistes, à l’image de leur Post-Hardcore. Deux opus auront suffi pour que leur nom soit référencé et atteigne même la 69ème position au classement Billboard 200 en 2010, une place hautement symbolique pour cette expérience charnelle, aux limites de l’érotisme. Et il convient d’en profiter une dernière fois, car depuis le départ de l’emblématique Jonny Craig, EMAROSA est placé en quarantaine, en attendant une guérison qui tiendrait du miracle.
Son timbre si particulier, empreint de quiétude, de sagesse, de pureté résonne déjà comme un au revoir sur « A Toast To The Future Kids ! ». Comparativement à « The Past Should Stay Dead », la bombe qui a ouvert le Relativity de 2008, cet avant-propos dispose de moins de puissance mais de plus de spiritualité. Très tôt dans l’album, cette impression qu’EMAROSA s’est pleinement concentré sur la pertinence artistique de son Post-Hardcore voit le jour. Encore plus alternatif, encore plus musical, ce second opus est une ode aux émotions. Ténébreux et conceptuel, il s’affranchit des barrières qui veulent que ce style soit considéré comme intellectuel et difficilement abordable. Mais franchement, il n’y a rien de plus appréciable et d’accessible que des créations épurées et sensibles telles que « Live It. Love It. Lust It », « Broken Vs. The Way We Were Born » ou la terriblement Rock N’ Roll « We Are Life ». Et c’est peut-être aussi ces nuances easy-listening qui dérangent. Heureusement, EMAROSA est un groupe qui sait captiver, qui sait jouer juste, même si son Hardcore n’est pas toujours le plus profond qui soit. La chose principale à savoir si vous êtes désireux de rencontrer la bête, c’est que cet album est enrobé d’un glaçage sucré, très bling-bling dans l’esprit mais pas pour autant péteux. C’est un simple fait de jeu. Ils sont américains et on connaît l’extravagance des artistes de ce continent, qui ont un peu tendance à extrapoler et à théâtraliser leurs œuvres. C’est dans leurs gênes et on n’y peut rien. Une fois cet obstacle franchi, c’est un fabuleux voyage au cœur de cette scène U.S qui est proposé et il convient de se laisser faire. Inutile de se débattre, Emarosa est un opus hypnotique et psychédélique, extrêmement relaxant et beaucoup plus posé que son prédécesseur. Cette évolution, on la doit conjointement aux efforts vocaux de Jonny Craig qui se démène pour apporter sa volupté et sa candeur mais aussi aux instruments qui sont un peu moins expansifs et plus en retrait. Le déséquilibre de Relativity est corrigé et même si ce rejeton est un peu moins foufou, il n’en demeure pas moins pétillant.
Le téléphone a sonné et le répondeur d’EMAROSA est désormais activé. Le groupe se remet discrètement et lentement de cette rupture. Il faudra encore un peu de patience et surtout, beaucoup de prières, pour que ces Américains repartent en croisade. A mi-chemin entre la complicité d’un collectif et la force d’individualités, ce groupe va se relever. Son nom l’impose. Pour quel résultat ? Je ne sais pas. En tout cas, on n’aura jamais eu autant de garanties que sur album, qui est définitivement celui de la maturité.
Ajouté : Mardi 18 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Emarosa Website Hits: 10212
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