COLOSSUS (FRA) - Fragments (2010)
Label : Don't Trust The Hype Recordz
Sortie du Scud : Juin 2010
Pays : France
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 33 Mins
Au cœur de ce milieu prétendument Deathcore qui a besoin d'énergie pour qu'on y survive, COLOSSUS ne serait-il pas un colosse aux pieds d'argiles ? Il faut dire que le premier album de ces Nordistes, paru en 2010, il y'a de ça deux ans, était intéressant à tous les niveaux, son seul défaut étant finalement l'exigüité des brèches qui fissurent sa solide carapace. Trop ceci pour qu'on s'y attarde, trop cela pour qu'on l'abrège, Fragments avait en fin de compte plus ou moins réussi son pari : introduire avec fracas COLOSSUS dans cette sphère hautement perméable. Assez pour colmater les fuites ? Peut-être pas. Je mentirais si je disais que son successeur est l'album le plus attendu de 2013. Et d'un autre côté, après cet effort dont on ne sait que penser, il apparaît aujourd'hui comme une preuve vitale ou fatale de leur bon vouloir. Une sorte de marche ou crève qui pourrait bien donner à cette formation tricolore la dimension qu'elle mérite.
De nombreux disques de Deathcore "à l'américaine" sont passés à la moulinette sur Metal-Impact ces derniers temps. Autant dire que pour moi, entendre une sortie si franche qui représente fièrement les couleurs de notre pays est une délicieuse revanche. Je ne vais pas être chauvin et abuser de superlatifs pour vous décrire cette entité comme la meilleure, la plus talentueuse, etc. Parce qu'indéniablement, Fragments possède beaucoup de faiblesse. Mais c'est un fait, le dynamisme et les bourrelets de ce Deathcore frenchy sont suffisants pour maquiller quelques inévitables redondances. On pourrait déjà argoter pendant des heures sur la doublette vocale Jordan / Fabien, surtout que généralement, un seul chanteur s'occupe de la transition entre voix caverneuse et screams. Mais franchement, c'est la dernière de mes préoccupations. Le son gras et dégoulinant des guitares, qui mériterait presque le label Brutal Death, ça c'est pertinent ! A l'instar de formations brutales comme ALL SHALL PERISH, DESPISED ICON, THE RED SHORE, COLOSSUS se fait un malin plaisir à être le plus écrasant possible, sans pour autant mettre de côté toute la technicité nécessaire pour qu'un skeud de Deathcore soit apprécié à sa juste valeur. Le dosage effectué par ces messieurs-dames (oui, le guitariste est en fait une guitariste) est aussi juste que cohérent. A de nombreuses reprises, on se dit qu'ils vont partir en sucette dans des délires technico-rythmiques insalubres, mais on se trompe lourdement. COLOSSUS est un groupe qui a déjà pas mal de plomb dans la cervelle. Assez en tout cas pour qu'on évite de décrocher au bout de deux breakdowns mal sentis. La voix principale y est pour beaucoup dans ce sentiment de lourdeur. Son registre guttural, nuancé de pig-squeals, accompagne avec toute l'indélicatesse du monde un riffing transpirant et éléphantesque. Rien à voir avec les rares interventions poussives de la voix criée, qui n'a pas une répartie aux coudées assez franches pour être efficace. Les accélérations sont tranchantes, parfois maladives ("No Signal Cellphone") mais ça ne flirte jamais avec l'indigence de cette scène U.S, qui sur ce coup, est très en retard sur nous.
Alors qu'est ce qui cloche avec eux ? Trop de bonne volonté ? Trop d'efforts ? Trop de facilités ? Je n'en sais rien. Ce Deathcore teinté de Grind n'est pas le plus alambiqué qui existe et dans une version aussi épurée, je dirais même qu'il est finalement assez facile d'accès. Ceux qui ne supportent pas la pression seront forcément contrariés par ce premier album qu'on pourrait poursuivre au pénal pour harcèlement moral. Mais le mieux est peut-être de souffrir en silence et de ne surtout pas s'emballer. Parce que les belles paroles, les grandes promesses, ce n'est plus du domaine de la musique mais de la politique.
Ajouté : Mardi 18 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Colossus Website Hits: 12296
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