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INHUMAN HATE (de) - Twilight Of A Lost Soul (2010)






Label : Eisenwald Tonschmiede
Sortie du Scud : 15 mai 2010
Pays : Allemagne
Genre : Black Metal Dépressif
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 42 Mins





Après Propagation Of Chaos en 2007 et Merciless Misanthropic l’année suivante, les allemands d’ INHUMAN HATE revinrent en 2010 nous narrer leurs vues sur l’humanité, la condition humaine et son lot de solitude, le monde, et la perte après laquelle court l’homme depuis des siècles.
Adeptes d’un Black aux accents Doom du meilleur effet, il faut admettre que le trio infernal (I., H., Hangman) a frappé très fort avec ce nouvel effort, construit en suite logique, mais aussi en poupée gigogne, perdant l’auditeur sur des chemins désolés, et estompant le paysage cataclysmique original pour le fondre dans un univers trouble, nuancé et pour le moins amer.
Décomposé en cinq mouvements, Twilight Of A Lost Soul est plus ou moins le constat de la perte d’absolu, de la concentration sur la futilité de l’existence et de ses aspects les plus superficiels. Ressuscitant l’esprit du BATHORY période Pagan, en enfonçant un peu plus le clou de l’emphase et en bénéficiant d’un son considérablement plus puissant, INHUMAN HATE joue juste et lucide, et brise les codes tout en en respectant certains dogmes.

Tout commence par une longue réflexion de quinze minutes, propice à tous les débordements Black/Doom classiques. Après une longue intro sur fond d’arpèges répétés à l’envi déchirant l’orage, la bourrasque pesante se déchaîne sur fond d’incriminations gutturales, et le ciel se couvre. Supportés dans leur quête extrême par un son gigantesque, les allemands dès le départ placent les hostilités sur le terrain de la puissance et de la désolation, et nous entraînent dans un cauchemar sonore inextricable.
C’est classique, parfaitement en place, et savamment dosé. Un cocktail fatal et irrésistible.
Mais la tempête, loin de se calmer, s’intensifie lors du deuxième acte, qui s’oriente vers des climats plus foncièrement Black, comme en résonnaient les forêts nordiques lors de la première moitié des années 90. Rapide, concis, furieux, le propos de INHUMAN HATE se radicalise, et se rapproche du discours des grands anciens, BURZUM, MAYHEM, IMMORTAL, BEHERIT, tout en gardant cette distanciation mélodique qui leur assure une personnalité propre.
Ces échos de guitare lointains, ces cordes qui s’évaporent dans la nuit, ces breaks atmosphériques oniriques sont l’identité indéniable d’un groupe qui a su au travers des années se forger une apparence propre, au rythme tribal de percutions hantées et de riffs amples et traumatiques.

Et tout à coup, tout dérive. Le mélange de ténèbres et de lumière se dissipe, pour laisser place à une claustrophobie suffocante. Un peu à la manière de HELLHAMMER et son « Trimph Of Death » de sinistre mémoire, INHUMAN HATE justifie en quelques minutes le choix de son nom, et recentre son propos sur la misanthropie et la douleur avec force cris et hurlements déchirant le silence. Emprunt de Dark ambient véritablement glauque, ce troisième segment se justifie par son utilisation frontalière entre une première partie aux contours noirs bien définis et une seconde partie plus nuancée et mélancolique.
Tissu bruitiste à la Black Seas Of Infinity, exhortations vocales dignes d’ABRUPTUM, c’est une cassure, nette et précise.

Puis le chaos s’éloigne, pour que le piano et les cordes nous ramènent vers des rivages plus délicats… Le chant s’éclaircit, mais les riffs restent épais, élargis à l’extrême par une production ample. L’affaire prend des airs de valse entre OPETH et NEUROSIS, avec une légère touche de MY DYING BRIDE. On pourrait même parler du CELTIC FROST de Monotheist, avec cette légère teinte nostalgique en plus.
En tout cas, à l’abord de ces deux derniers morceaux, Twilight Of A Lost Soul bascule, change radicalement de physionomie, et rend son écoute encore plus passionnante.
Le cinquième mouvement, lent, oppressant vient achever l’album avec son spectre d’enterrement de première classe sous la pluie, Heavy lugubre et sans espoir qui casse encore plus le décalage opéré à la piste précédente, comme un coin de ciel bleu soudain obscurci par les nuages…

Twilight Of A Lost Soul est une histoire musicale construite comme un songe dont on ne contrôle aucune des composantes.
En suivant un schéma narratif aussi bien que musical, INHUMAN HATE offre cohérence et solidité à une œuvre foncièrement déroutante, construite comme un faux miroir aux alouettes. Avec son mélange d’ambiances, de styles (la palette va du Black le plus torride au Post Doom le plus mélancolique et doux), le trio nous invite à un parcours hors norme, sur lequel on marche patiemment, de peur de tomber dans un piège, qui s’avèrera finalement être ce chemin lui-même.
Un travail intelligent, avec une utilisation des arrangements envoûtante (les effets sonores font partie intégrante de la musique, pluie, orage, vent) qui renforce cet aspect de « conte sombre en musique », pour aboutir à quarante minutes de cauchemar éveillé.

Un peu comme ces matins glauques, lorsqu’on se réveille après une nuit pénible passée à lutter contre des images fortes, qui continuent de s’imprégner lorsque la lumière est allumée.
L’impression d’avoir rêvé quelque chose de vrai. Un déjà-vu.



Ajouté :  Mercredi 12 Décembre 2012
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Inhuman Hate Website
Hits: 9852
  
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